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Giroud & Stotz (dernière des Années bonheur) : « Patrick Sébastien a été surprenant... »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 11/05/2019 à 15:05

Ce samedi 11 mai, France 2 diffusera la dernière des Années bonheur. Actuellement en tournée dans toute la France, Cécile Giroud, membre du duo Giroud & Stotz, se confie sur les coulisses des adieux de Patrick Sébastien. Elle évoque également la place donnée par la télévision à leur style d’humour.

Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivée dans Les Années bonheur ?

Cécile Giroud : Patrick Sébastien nous a fait venir dans l’émission. Yann était venu en solo et il a regardé ce que l’on proposait en duo. Il a visionné plusieurs fois notre spectacle et a dit : « Ces deux fous, je les veux ».

L’émission a-t-elle joué un rôle précurseur dans votre carrière ?

Sur le plan artistique, cela nous a permis de rencontrer plein de gens qui ne sont pas forcément sur les plateaux de télévision. Patrick Sébastien mélange des artistes de générations différentes. On se retrouve dans une équipe bienveillante qui nous met dans les meilleures conditions pour livrer nos sketchs. L’émission nous donne également la possibilité de nous exprimer face à un public large. Les téléspectateurs qui regardent Patrick Sébastien sont très nombreux ! On a eu énormément de retombées suite à nos passages dans Les années bonheur. Beaucoup nous disent : « On vous a découvert chez Patrick Sébastien ».

Que pensez-vous de la place donnée par la télévision à l’humour ?

C’est très curieux, car il semblerait qu’il y ait une grosse place qui soit donnée à l’humour. On reçoit un grand nombre d’humoristes chroniqueurs, mais la liberté est parallèlement réduite. C’est assez antagoniste comme positionnement. Cela se vérifie aussi par les réactions très vives d’internautes. Sur les réseaux sociaux, la moindre chose vaut une avalanche de manifestations positives ou violentes. C’est difficile de faire de l’humour. Il y a aussi la recherche systématique du buzz...

« Patrick Sébastien ne pensait pas à lui, mais aux retombées pour les artistes »

A-t-on voulu vous fixer des limites ?

On présente un sketch et il est retoqué, car ça ne passera pas. Qui décide de ce qui se passe ou ne passe pas ? Et selon quels critères... C’est très difficile de se positionner là dessus. Il est compliqué aussi de savoir l’humour que va avoir le public. Du coup, on s’oriente vers des humours hésitants ou très méchants (rires).

A l’image de Jeff Panacloc, diriez-vous que seul Patrick Sébastien laisse les humoristes imposer leur humour à la télévision ?

Oui et je dirais même que parfois on était un peu jeune fou avec Yann en proposant des choses. Patrick Sébastien nous disait : « Non, ne faites pas ça. Vous allez avoir telle ou telle image ».

Ces derniers mois, Tex et Jean-Marie Bigard ont fait les frais de « mauvaises blagues ». Que cela vous évoque-t-il ?

Cela m’évoque un monde difficile, dur et impitoyable dans lequel on manque cruellement de nuance et de finesse que ça soit pour faire les blagues ou les recevoir. Dans un monde où l’humour est étriqué, je comprends que si vous êtes face à un humour pour lequel vous n’inspirez pas, il y a un truc qui éclate. C’est un réflexe de sale gosse, mais ce n’est pas bien méchant. J’ai l’impression qu’il y a des nouvelles chapelles de gens qui se mettent à défendre une cause et dès qu’ils entendent la moindre phrase sur le sujet, ils attaquent avant de mettre de connaître le contexte et de savoir si c’est du premier ou second degré.

« On a vraiment vu toute une équipe qui fermait une page de l’histoire... »

Ce samedi 11 mai à 21 heures, vous serez à l’affiche de la dernière des Années bonheur sur France 2. Comment s’est déroulé le tournage ?

Ça s’est très bien passé. On a rencontré Serge Lama donc on était comme des gamins qui venaient de naître en regardant un géant marcher et chanter devant nous. Il y avait aussi Hugues Aufray et des chanteurs avec des carrières immenses. C’était émouvant parce qu’on a vraiment vu toute une équipe qui fermait une page de l’histoire. Peut-être pour en ouvrir une autre plus tard...

Quel mot d’ordre avez-vous reçu de Patrick Sébastien ?

Patrick est assez surprenant. Ce n’est pas forcément l’image grand public qu’il a, mais je le trouve assez philosophe. Il sait faire une hiérarchie dans les événements. J’ai l’impression qu’il regarde les choses et choisit d’y répondre ou non. Pour lui, certains événements sont plus importants que d’autres. Cela a été une manière pour nous de lui dire merci. En nous permettant de rencontrer Serge Lama pour cette dernière émission, il nous a fait un joli cadeau. Il sait que Yann est totalement fan de ce chanteur. Et malgré tout, il nous a rappelés. Il est très fidèle dans le travail.

Comment avez-vous réagi à l’éviction de Patrick Sébastien ?

Je n’ai pas vraiment été étonnée. Il y avait un vent de renouvellement qui soufflait sur les chaînes à travers Tex, Julien Lepers... La seule chose qui me dérange est que ce genre d’émission n’existera plus. Au-delà de la personne, c’est important de se demander s’il va continuer d’y avoir de la variété dans les différentes offres proposées aux téléspectateurs. Dans Les années bonheur, le public pouvait voir cohabiter des artistes en plein boom et d’autres que l’on fait revenir. C’était un message fort !

« Avec Yann, on se permet tout et on ne prend rien au sérieux »

Pensez-vous pouvoir retrouver la même liberté sur un plateau de télévision ?

On a fait La bataille du rire, émission diffusée sur Paris Première. Personne n’a demandé à lire nos textes et on a pas été censurés. Sur les autres plateaux, je ne sais pas vraiment comment ça se passe...

Comment définiriez-vous votre style d’humour ?

L’humour est un sens et ça se ressent. Définir un ressenti, c’est tout de suite le cadrer. Avec Yann, on est dans un décalage. On se permet tout et on ne prend rien au sérieux, mais en même temps, on essaye de ne pas être en attaque frontale. Dès que l’un attaque, l’autre défend. On passe sur les deux postes pendant tout le spectacle. C’est un passage de relais permanent, il n’y a pas de rôle défini. On continue de se produire avec le premier spectacle de notre duo, et on songe déjà au nouveau.