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Grégory Fitoussi, de la fiction Revivre au blockbuster G.I. Joe

Alexandre Freedman
Publié le 23/07/2009 à 13:10 Mis à jour le 14/03/2010 à 17:46

De Cartouche à G.I. Joe, l’acteur français Grégory Fitoussi semble connaître un succès fulgurant depuis son rôle de vice-procureur de la République Pierre Clément dans la série Engrenages de Canal+. Les 23 et 24 juillet prochains, il sera aux côtés de Bernard Campan et Marie-France Pisier dans Revivre, une mini-série historique proposée par Arte autour du périple d’hommes et de femmes qui tentent de rejoindre Israël après la Seconde Guerre Mondiale. Rencontre avec cet acteur aux multiples facettes.

Alexandre Freedman : Vous avez joué dans Revivre, une fresque historique autour de l’exode de Juifs en 1947 vers Israël. Comment êtes-vous arrivé dans ce projet pour Arte ?

Grégory Fitoussi : En fait, j’ai entendu parler de cette fiction par un ami. J’ai appelé mon agent et j’ai demandé à rencontrer le réalisateur (Haim Bouzaglo, ndlr). J’avais envie de travailler avec lui car j’avais vu deux de ses films (Janem Janem et Distortion) que j’avais beaucoup aimé. Revivre porte sur un sujet Historique, ce qui m’a encore plus intéressé. Haim a une façon très particulière de choisir ses acteurs. Il n’a fait d’audition pour personne, ce qui est assez rare en France. Il rencontre des gens, il parle avec eux cinq minutes et il distribue les rôles comme ça. J’ai eu la chance qu’il me choisisse.

A quel point le film est-il proche de la réalité vu son sujet Historique ?

C’est très proche de ce qu’il s’est vraiment passé. Haim Bouzaglo raconte l’histoire de son père, un des chefs de la Haganah (organisation chargée de la protection des Juifs ayant émigrés). Il y a même des gens ayant tournés dans le film qui ont vécu exactement ce qu’il se passe. C’est aussi rempli d’anecdotes et de faits réels. Après, il y a effectivement beaucoup de romanesque, en particulier dans les rapports entre les gens. Mais dans les faits, c’est très réaliste.

Vous êtes vous documenté pour votre rôle ?

Je n’ai pas eu spécialement besoin de me documenter car je connaissais cette histoire plus particulièrement, m’y étant déjà intéressé par le passé. J’ai aussi une éducation religieuse qui fait qu’on m’a appris l’Histoire de ce point de vue-là. En tant qu’acteur, je me documente uniquement sur des choses qui me manquent vis-à-vis de mon travail, comme dans un film d’époque impliquant un comportement différent pour les personnages. Sinon, je me laisse porter par l’histoire et ce qu’elle raconte. Par contre, il y avait un vrai enjeu au niveau de l’interprétation. Elle devait être juste. Il ne fallait pas seulement faire attention à ce que l’on racontait mais comment on le racontait car ces gens ont vécu quelque chose de très fort émotionnellement.

Vous êtes également à l’affiche de Cartouche, un autre téléfilm historique cette fois pour France 2 avec Frédéric Diefenthal. Le programme est-il dans la tradition des films de capes et d’épée ?

Le film s’inscrit pleinement dans le genre de cape et d’épée ludique, romanesque et épique. Il y a des chevaux, des combats, de l’action. Mais nous l’avons tourné de façon très contemporaine, donc c’est moderne. Nous avons beaucoup parlé avec le réalisateur (Henri Helman, ndlr) de ce qu’il se passait à cette époque. Le film s’ancre dans une période charnière de par son aspect prérévolutionnaire. Cartouche a été un des premiers à se soulever contre l’autorité oppressante et dictatoriale. Je joue le « méchant » de l’histoire (La Reynie, ndlr), un personnage que j’ai eu beaucoup de mal à aborder. Je me suis renseigné sur les mœurs et les coutumes de l’époque. Il y avait un rapport très différent à la vie et à la mort, la vie humaine n’était pas aussi importante qu’aujourd’hui.

Vous avez un rôle dans le prochain G.I. Joe (sortie le 5 août 2009). Comment êtes-vous arrivé dans ce film, qui est à mille lieues des fictions françaises ?

Depuis Engrenages, un agent anglais est venu me rencontrer à Paris pour s’occuper de moi à l’international. Il m’a fait rencontrer des gens, ici en l’occurrence une directrice de casting assez importante. Elle s’occupe de gros films américains tournés en Europe, donc dès qu’ils ont besoin d’un acteur européen, elle s’en charge. J’avais fait des essais pour être dans la bande des méchants avec Mathieu Amalric dans le dernier James Bond. Ca n’a pas marché mais elle m’a bien aimé donc elle m’a rappelé pour G.I. Joe, et ils m’ont choisi.

Comment comparez-vous un tournage pour la télévision française par rapport à un blockbuster américain comme G.I. Joe ?

De par l’ampleur des moyens déployés, c’est très impressionnant. Quand on dit « à l’américaine », ce n’est pas pour rien. Là, il se trouve que c’est vraiment un blockbuster, même pour eux, donc pour nous d’autant plus. Chaque plan est très compliqué, et la mise en scène est chirurgicale. J’ai été étonné par ce qu’on me demandait en terme de direction. Le réalisateur, Stephen Sommers (La Momie, Van Helsing...), tournait découpé, c’est-à-dire qu’il savait ce que chaque plan devait contenir et ce dont il avait besoin. Si la réplique doit rentrer dans le plan, il faut donc parler plus vite. C’est tellement cadré que ça ne laisse pas une grande liberté de jeu aux acteurs.


Quelle était l’ambiance sur le tournage ?

Le réalisateur était vraiment sympathique et nous sortait entre chaque prise des blagues alors même qu’il avait 200 personnes derrière lui en train de lui demander ce qu’ils devaient faire. Tout était vraiment démesuré, la cantine faisait des mètres. Le jour où je suis arrivé, j’ai discuté avec le producteur du film, Lorenzo di Bonaventura. Il avait un look à l’américaine avec sa casquette, un t-shirt sale et une boisson à la main. Il m’a dit avec un grand sourire que le jour d’avant ils avaient détruit 32 Porsche Cayenne pour une scène où ils devaient faire sauter une voiture (rires) Il m’a dit ça comme si il jouait avec des voitures miniatures.

Engrenages a remporté un vif succès en Angleterre. La 2e saison a même été coproduite par la BBC. Pensez-vous que la série est mieux accueillie là-bas qu’en France ?

C’est en tout cas très flatteur pour les producteurs et la chaîne de vendre à l’étranger la série en l’état, c’est-à-dire en VOST non doublée. J’ai cru comprendre que c’était très rare. J’ai regardé aussi par curiosité les blogs en Angleterre et c’était vraiment dithyrambique. Les gens qui ont vu la série ont adoré. Il y a un vrai succès d’estime qui semble pour moi être aussi le cas en France où j’ai eu beaucoup de très bon retour. On me dit régulièrement que la série est au moins à la hauteur des séries anglo-saxonnes. Il y a des ambitions autres que celles habituellement visibles dans les programmes français.

Chaque saison d’Engrenages a des auteurs différents. Cela vous a-t-il déstabilisé en tant qu’acteur ?

Pas plus que ça. Ils s’attachent à garder une vraie cohérence aux personnages tout en les faisant évoluer dans d’autres directions. Au niveau des histoires, je trouve cela intéressant qu’elles soient traitées de façon un peu différente. C’est en rien pour comparer avec les autres saisons, puisque j’aime beaucoup la première et deuxième saison, mais je trouve que la troisième est aussi particulièrement bien écrite. Il y a vraiment de bonnes choses. En tout cas, la seule constante est l’exigence envers les auteurs. Étant donné qu’il faut du temps pour écrire correctement, on leur laisse l’espace pour retravailler les choses.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les essais que vous avez fait pour le prochain Robin des Bois de Ridley Scott ?

C’est un peu la loterie pour ces rôles. Je le fais car ça m’amuse. Si ça marche tant mieux, mais je n’y compte pas beaucoup. C’est souvent des auditions très larges car ils cherchent aussi dans d’autres pays d’Europe, donc cela reste très compliqué d’accès. Mais je n’aurais probablement pas de rôle dans le film.

Vous avez en revanche un rôle dans le prochain film de Philippe Garrel, J’ai gardé les anges.

Je ne peux pas en dire beaucoup non plus car ce n’est pas pour tout de suite. Le tournage se déroulera en mars 2010. J’ai un petit rôle mais je suis ravi. J’aime beaucoup Philippe Garrel et son univers. J’aurai en plus comme partenaire Monica Belluci, donc il y a pire. (rires)

Quels sont vos autres projets ?

J’ai tourné un téléfilm pour France 3 qui s’appelle L’Amour Fraternel. J’ai aussi joué récemment dans le 2x90 minutes d’Elisabeth Rappeneau pour France 2 avec Sophie Quinton (Quand vient la peur, ndlr). J’y incarne avec Sophie un flic à la recherche d’un tueur en série. J’ai d’autres projets dont je ne peux pas parler car ils ne sont pas confirmés. En tout cas, Engrenages a fait qu’il y a des gens qui ont envie de travailler avec moi donc je suis plutôt content.