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Intervilles et la Carte au trésor : la déroute de deux jeux cultes

Alexandre Raveleau
Publié le 15/07/2009 à 13:05 Mis à jour le 15/07/2009 à 13:47

Changement de formule, échange de case horaire, nouveaux animateurs : les classiques de France 3 ont fait peau neuve pour leur saison estivale 2009. Si la caravane d’Intervilles a trouvé refuge à Amnéville-les-Thermes, les hélicoptères de la Carte au trésor sillonnent toujours le ciel des régions françaises. Chaque lundi et mercredi, les deux jeux rythment dorénavant la grille des programmes de la chaîne publique, en attendant que la cloche ne sonne les trois coups de septembre. Deux semaines après l’entrée en piste des deux jeux, le premier bilan est sans appel : cette année encore, Intervilles et la Carte au trésor prennent l’eau.

En juillet 2008, suite aux sérieux revers d’audiences qui pilonnaient chaque semaine les espoirs de France 3, Yves Launoy, producteur d’Intervilles, avouait déjà réfléchir au « renouvellement » du concept, imaginé par Guy Lux et Pierre Brive. En attente de modernisation, le jeu, créé en 1962, a finalement connu un lifting quasi complet, à l’image de celui opéré lors de l’édition 2004. Cette année-là, Intervilles avait déjà monté son Mur des champions en dur, au sein de l’Europapark. Aux commandes, Nagui et Juliette Arnaud prenaient alors d’assaut le 19 heures de France 2.

Pour cette version 2009, le cirque Intervilles a préféré installer son chapiteau à Amnéville-les-Thermes. Fini les directs, fini le tour de France des arènes enflammées : plus qu’un choix, l’heure est surtout aux économies pour le rendez-vous des vachettes. La menace de disparition a longtemps plané sur le sort du programme vedette au cours de la saison. Finalement, la direction de France 3 a donc offert un sursis supplémentaire aux festivités sur tapis roulant et plan incliné, mais avec un budget réduit de l’ordre de 30%. L’émission est désormais présentée par le duo Philippe Candeloro / Nelson Monfort, qui succède à Tex et Julien Lepers. Au volant de leur voiture rose, les deux commentateurs sportifs sont accompagnés d’Oliver Alleman, et de la doyenne Nathalie Simon, en place depuis 1995.

Malgré la nouvelle tournette géante et sa piscine circulaire, Intervilles semble déjà bien à la peine. Proposé chaque mercredi en prime time, le rendez-vous a subi son premier échec au soir de son lancement. Ce jour-là, le 1er juillet, Marseille et Lille étaient opposées sur la piste de jeu. Devant la télévision, seulement 2.56 millions de supporters étaient présents, soit 11.8% de part de marché. Huit jours plus tard, le match Pornic / Courchevel convainquait 300 000 téléspectateurs de plus, permettant à France 3 d’atteindre les 13% de part d’audience. Pour mémoire, au plus bas de sa forme, Intervilles 2008 avait enregistré 2.8 millions de téléspectateurs (16.2% du public) lors de sa spéciale VIP au Futuroscope de Poitiers.

Il reste désormais sept semaines à l’émission pour tenter de dépasser les 3 millions de téléspectateurs, et surtout se stabiliser. Même si les scores demeureront de toute façon très éloignés des 10 millions de Français massés devant la victoire de Barre-le-Duc en 1986 sur TF1, cette barre symbolique est la condition sine qua non pour qu’Intervilles puisse envisager rester à l’antenne. Pour le moment, un vent glacial souffle sur le prime time. Le projet Interneiges, éternelle Arlésienne du PAF, semble quant à lui à tout jamais perdu de vue. En guise de lot de consolation, le public peut toujours assister chaque semaine à la course sur glace des « femmes-bulles »... L’un des nouveaux jeux du programme.


En survolant les villages français, la Carte au trésor prend, quant à elle, encore un peu plus ses distances avec son cœur de cible. Course contre la montre et épreuves sportives sont plus que jamais devenues les composantes maîtresses de l’autre classique de France 3. Découverte des régions et apprentissage des rites locaux ancestraux ont été remisés à l’arrière-boutique pour, là aussi, dynamiser le principe de l’émission.

Déjà largement accidentée au cours de l’été 2008, la Carte au trésor a reçu les mêmes directives qu’Intervilles, avant d’entreprendre sa 14e saison. Au final, la modernisation du concept d’Olivier Chiabodo a mené la mécanique du programme sur les rives de la real tv. Voix off, fiches d’identité des candidats - idée par ailleurs développée pour Intervilles - et confessions face caméra sont désormais parsemées au cours des 110 minutes de jeu.

Sur les traces de Pékin Express (M6), la première partie du jeu entraîne même les candidats dans une course en auto-stop, les menant jusqu’aux portes des hélicoptères. Trois binômes - autre nouveauté- pour deux machines volantes : l’élimination est directe. La recherche des éléments de la combinaison du trésor peut alors ensuite démarrer, et les fidèles de retrouver leurs marques.

Au final, la Carte au trésor nouvelle génération ne fait pas mieux que la saison passée, voire pire. Avec une moyenne de 2.1 millions de fidèles, pour 9.2% de part de marché, le rendez-vous du lundi n’atteint même plus les 10% de part de marché. Au cours de son redécollage, l’émission a ainsi perdu 500 000 téléspectateurs, en rapport avec la moyenne de l’été 2008.

En rajeunissant sa mécanique, la Carte au trésor a laissé au bord du chemin un large pan de son public, à savoir les plus de 50 ans et les retraités, les plus fidèles à la chaîne des régions. Quant aux jeunes et ménagères de moins de 50 ans, les amateurs de Plus belle la vie, ils suivent en masse les tâtonnements amoureux des fermiers en goguette de l’Amour est dans le pré (M6). Le succès de la real tv de M6, auquel il faut ajouter les rediffusions de Joséphine, ange gardien (TF1) et FBI : portés disparus (France 2), ne laissent que peu de marge à France 3 pour tenter de retrouver des couleurs.

Au terme de l’été 2009, deux programmes emblématiques pourraient bel et bien quitter l’antenne par la petite porte. Le 26 août prochain, Dax remettra son titre en jeu au cours de la grande finale d’Intervilles. En 1962, la cité basque avait remporté la première édition du jeu. 25 saisons plus tard, les Dacquois ont de fortes chances d’inscrire leurs noms en bas du palmarès.