Toutelatele

Isabelle Alonso

Joseph Agostini
Publié le 08/09/2003 à 00:00 Mis à jour le 31/03/2011 à 14:17

Rendez-vous est pris au Café du Louvre, avec la chienne de garde la plus irrévérencieuse de la télévision : Isabelle Alonso. Son livre, Roman à l’eau de bleu inverse les rapports hommes/femmes, pour faire la lumière sur les injustices dont pâtit le beau sexe. Avec son caractère obstiné et l’humour pour fer de lance, Isabelle Alonso répand les idées fertiles du nouveau féminisme sur les boulevards de notre vieille France...

Joseph Agostini : Votre roman, de plus de trois cent pages, raconte un monde inversé, où les femmes exerceraient le pouvoir. Que souhaitez-vous montrer à travers cette inversion ?

Isabelle Alonso : Après trois essais féministes, j’ai souhaité faire un véritable acte de création, en créant un monde en soi. J’ai choisi d’inverser l’éclairage, de changer la donne habituelle, pour montrer le déséquilibre des forces entre un sexe et un autre. Il suffit de refermer le livre pour revenir dans un monde infiniment moins hostile aux hommes qu’aux femmes.

Parvenez-vous à convaincre les hommes qui vous entourent de cette inégalité des sexes ?

Je fais ce que je peux, dans la mesure de mes moyens. Par mon activité militante à l’association des chiennes de garde, j’estime accomplir mon devoir de citoyenne. Rien de plus. Autour de moi, ça marche ! Mon roman a, par exemple, trouvé de très bons échos parmi les hommes. Ils se posent des questions en le lisant, comprennent mieux le message que je souhaite transmettre à la télévision.

N’est-il pas difficile de défendre la cause des femmes dans des émissions de divertissement, comme celles de Laurent Ruquier (On a tout essayé) ?

Je m’adapte à la tonalité des divertissements auxquels je collabore. La vie est faite de légèreté et de choses plus lourdes. Je sais que je ne pourrais pas aborder certains thèmes très graves, tels le viol ou l’oppression des femmes, dans certains contextes, au risque de plomber l’ambiance ! Je joue le jeu volontiers car je considère que le divertissement n’affadit pas la cause que je défends.

Lorsque vous êtes l’invitée de certaines émissions, vous devenez un peu la cible de certains hommes, ironiques à votre égard. A ceux qui vous rétorquent que les femmes dominent le monde, que répondez-vous ?

Ces hommes-là sont tout simplement insensibles aux injustices hurlantes dont les femmes sont victimes. Ce type de discours ignore la souffrance humaine et transpire la démagogie. Il m’encourage à poursuivre mon combat.

Les femmes à la télévision sont de plus en plus séductrices, aguichantes, le décolleté primant souvent sur le propos. Comment jugez-vous vos consœurs ?

Le système demande aux femmes d’être d’abord des corps. Col roulé ou décolleté, la question ne devrait plus se poser aujourd’hui ! La télévision, c’est quand même le règne de l’apparence, et la plupart des femmes qui y travaillent doivent faire valoir leur capacité à distraire avant tout. C’est un fait : on regarde une femme avant de l’écouter.

Isabelle Alonso, comment vous imaginez-vous dans les prochaines années ?

Je souhaite encore et toujours agir contre ce système de domination qui se tricote, contre ce racisme quotidien... Cela dit, je ne suis pas une femme d’appareil. J’aime jouer avec les genres et avec mon image. A l’avenir, je voudrais gagner mes galons d’écrivain auprès du public.