Toutelatele

Isabelle Giordano

Ariane Grassi
Publié le 07/03/2006 à 01:48 Mis à jour le 04/05/2011 à 15:47

Changer à l’envi de formules et d’animateurs n’aura pas suffi. Comme au cinéma quitte finalement le petit écran et France 2 lance un nouveau rendez-vous au titre prometteur : Jour de fête. Aux commandes de l’émission, on retrouve Isabelle Giordano, plus déterminée que jamais à nous faire partager sa passion pour le 7ème art. Entretien avec une férue du grand écran.

Ariane Grassi : A quoi va ressembler Jour de fête ?

Isabelle Giordano : C’est une émission entièrement nouvelle. Ce que l’on veut, c’est donner envie d’aller au cinéma. Jour de fête abordera toutes les sensations que l’on peut éprouver au cinéma. Cela ira donc de la réflexion au divertissement, en passant par des moments plus intenses, en tête à tête façon Actor’s studio. C’est une émission très touffue, très dense. Et comme son nom l’indique, ce sera l’occasion de célébrer une fois par mois, la fête du cinéma.

Ariane Grassi : Assurerez-vous seule la présentation ?

Isabelle Giordano : Toute seule comme une grande ! Je pense qu’il y a déjà beaucoup d’émissions qui font appel à des chroniqueurs. En revanche, je serai accompagnée d’un orchestre. C’est une des nouveautés. Le Grand Orchestre du Splendid va ponctuer l’émission avec les plus célèbres musiques de films. Pour la première, il y aura Benoit Poolvoerde, Gad Elmaleh et Francis Veber. Ce devrait être plutôt joyeux !

Ariane Grassi : Quelle sera la place réservée à la critique ?

Isabelle Giordano : Cette dimension sera présente tout au long de l’émission, car je l’intègre dans ma façon d’interviewer les gens. Mais c’est vrai que comme c’est émission mensuelle, on n’a pas constitué le traditionnel plateau de critiques, genre Masque et la plume, que l’on retrouve souvent dans des programmes du câble. 90 minutes par mois pour parler cinéma, ce n’est pas beaucoup, alors on s’est plutôt attachés à faire du reportage, de l’interview ou du débat.

Ariane Grassi : 90 minutes par mois justement, n’est-ce pas un peu frustrant ?

Isabelle Giordano : C’est déjà bien... Mais c’est sûr que cela force à faire des choix, à avoir des partis pris...


Ariane Grassi : Laisserez-vous transparaître votre opinion sur les films ?

Isabelle Giordano : A sa juste mesure, je ne pense pas qu’elle passionne la Terre entière, mon opinion ! Je n’ai jamais pensé cela.

Ariane Grassi : Votre dernière émission Cultur’elles offrait un croisement entre toutes les formes d’art, continuerez-vous à observer ce principe dans Jour de fête ?

Isabelle Giordano : Bien sûr, c’est ça qui est intéressant avec le cinéma. Il parle tout autant de société, de politique ou de littérature. Je trouverais dommage de se limiter à l’aspect formel du cinéma, alors qu’il a tant de choses à dire et qu’il offre souvent une belle lecture du monde.

Ariane Grassi : Après avoir été pendant dix ans, la Madame Cinéma de Canal +, êtes-vous heureuse de revenir à vos premières amours ?

Isabelle Giordano : Je suis très contente. Je n’ai pas l’impression de revenir, car je n’ai pas le sentiment d’avoir quitté le cinéma. Ma carrière a évolué, j’ai simplement fait une petite parenthèse que j’ai personnellement beaucoup aimée. Je me suis vraiment amusée en présentant Le fabuleux destin sur France3, mais le cinéma a toujours été présent dans ma vie. Pour moi, c’est indépendant d’une émission de télévision, je vis toujours avec le cinéma.

Ariane Grassi : Votre détour par Le fabuleux destin a-t-il changé votre manière d’aborder la présentation d’une émission ?

Isabelle Giordano : Complètement. A l’époque j’avais d’ailleurs envie de montrer que j’étais capable d’animer autre chose. Ca me faisait vraiment plaisir au bout de dix ans de Canal+ de passer à autre exercice, d’aller dans des émissions plus de divertissement, avec un style plus festif. Pour moi le mélange des deux est effectivement très intéressant.

Ariane Grassi : France 2 vous a-t-elle imposé une audience minimum ?

Isabelle Giordano : Pas de contraintes. On va d’abord se lancer, c’est très difficile d’installer un rendez-vous mensuel. Je pense qu’on va nous laisser quelques mois.


Ariane Grassi : Cela fait déjà quelques années que vous vous êtes installée sur le service public...

Isabelle Giordano : On va dire que ce n’est pas un hasard. Je m’y sens bien, parce que je sais qu’au delà de la fabrication de programmes, il y a l’envie de faire en sorte que les gens aient du plaisir à apprendre en regardant la télévision.

Ariane Grassi : Envisagez-vous d’animer quelques émissions de variétés en prime time, comme cela a déjà été le cas ?

Isabelle Giordano : Il y a en effet un prime qui se prépare pour avril, un spécial Marrakech.

Ariane Grassi : Vous avez étudié les sciences politiques, écrit un livre sur Martine Aubry, aimeriez-vous présenter une émission politique ?

Isabelle Giordano : Oui, mais le problème c’est qu’on ne peut pas tout faire et qu’en France, on a des étiquettes. C’est vrai qu’une fois qu’on est inscrits dans un genre, dans mon cas la culture, c’est très difficile de s’imposer dans un autre domaine. Donc je suis tout à fait consciente de l’impossibilité de la chose, mais en rêve, oui, je pourrais m’imaginer animer de temps en temps des débats politiques.

Ariane Grassi : Vous n’avez jamais caché votre féminisme. Pensez-vous qu’il est toujours aussi difficile en tant que femme de s’imposer à la télévision ?

Isabelle Giordano : Je n’ai pas changé d’avis. A l’approche de la journée de la femme, l’on va avoir droit aux habituels bilans de la situation, et je crois qu’en télévision, c’est un constat qu’il faut faire. Il y a quand même très peu de femmes qui ont leur propre émission. Ce n’est que le reflet de la société où l’on observe partout le même écart de salaire et le manque de responsabilités confiées aux femmes.