Toutelatele

Jean-Marc Morandini

Joseph Agostini
Publié le 29/03/2004 à 00:23 Mis à jour le 31/03/2011 à 16:31

Et pourtant, ils ont failli me tuer... » C’est ainsi que Jean-Marc Morandini conclut son livre, Le bal des faux culs, aux Editions de l’Archipel. L’ex- animateur de Tout est possible tire les leçons de son passé cathodique. Le jeune Marseillais, monté à Paris pour « faire de la télé », a bu les vices du système jusqu’à la lie. « Paratonnerre » d’une industrie sans état d’âme, il s’est vu privé d’antenne, « grillé », selon les mots d’Etienne Mougeotte. Aujourd’hui, tel le Phénix, Morandini se taille une nouvelle cote d’amour auprès du public et des décideurs. N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, l’animateur a de nouveau le vent en poupe. Rendez-vous est pris à Europe 1, où il parle télé tous les matins. C’est un homme régénéré, doté d’une véritable intelligence de cœur, qui m’a reçu ce jour là. Entretien...

Joseph Agostini : Dans votre livre Le bal des faux culs, vous décrivez le monde de la télévision comme un univers cruel et sans pitié, sous les masques de l’apparence et de la flatterie. Pourquoi avoir choisi de dénoncer ce système ?

Jean-Marc Morandini : Parce que je me suis fait avoir par lui ! Si cela n’avait pas été le cas, je ne sais pas si je me serais rendu compte de cette hypocrisie à ce point là. Du temps de Tout est possible, je n’étais pas assez mûr pour comprendre à quel point l’on se servait de moi pour faire de l’audience. Le jour où l’émission s’est arrêtée, je me suis retrouvé grillé, flingué. Personne ne m’a tendu la main. La presse m’a descendu en m’insultant, en m’accusant de cautionner une industrie racoleuse. Le monde des médias est excessif. C’est la règle des trois L ! Il lèche, il lynche, il lâche. On vous encense de tous côtés et on vous détruit sans autre forme de procès. Aujourd’hui, je ne suis plus dupe.

Joseph Agostini : Il a fallu que vous soyez bien innocent pour devenir le « bouc émissaire » de TF1, d’autant plus qu’à vos dires, les arguments de la chaîne n’étaient même pas financiers. La notoriété vous a-t-elle tant aveuglé ?

Jean-Marc Morandini : Faire de la télé était un rêve de gosse. J’étais prêt à tout pour y arriver. Quand Pascale Breugnot m’a appelé pour me proposer une deuxième partie de soirée sur la première chaîne française, comment vouliez-vous que je refuse ? J’étais comme un enfant près d’un sapin de Noël, mais quand on s’approche trop de l’arbre, il finit par nous tomber dessus ! Une fois dans l’engrenage, je ne pouvais plus dire « non ».

Joseph Agostini : Dans votre livre, vous évoquez Daniela Lumbroso en pleurs, dans votre studio d’Europe 1. Derrière les masques, se cache-t-il aussi et surtout un immense désespoir ?

Jean-Marc Morandini : Les personnalités de la télévision font du show en permanence, en excluant systématiquement leurs problèmes personnels, au nom de la promotion et de l’efficacité. C’est aussi ce que j’ai voulu montrer au fil de mon livre. Il faut paraître et encore paraître, sans jamais poser les armes. Toujours la règle des 3 L ! Il y a finalement peu de transparence.

Joseph Agostini : Vous comparez votre histoire à celle des candidats de la télé réalité. Dans votre livre, vous les mettez d’ailleurs en garde...

Jean-Marc Morandini : Nous sommes tous des produits. L’important est de choisir l’étiquette qu’on nous colle sur le front. Je comprends vraiment la situation dans laquelle se retrouvent les candidats de Star Academy ou de la Nouvelle star. Je regarde assidûment ces programmes et me suis humainement attaché à certains gamins. Le système a tendance à créer des caricatures. Je crains fort qu’un jour ou l’autre, la violence des castings et des éliminations mène l’un des candidats à commettre l’irréparable.


Joseph Agostini : TF1 vous a proposé de rentrer dans La ferme célébrités, son nouveau programme de télé réalité. Quelle fut votre réaction ?

Jean-Marc Morandini : J’ai dit non, sans la moindre hésitation.

Joseph Agostini : D’autres animateurs auraient dit « oui » sans se faire prier...

Jean-Marc Morandini : Je n’ai pas envie de les enfoncer. En tirant les leçons de mon passé, j’ai aussi appris à ne pas juger systématiquement les gens. L’important est qu’ils soient contents d’apparaître dans ce type d’émissions.

Joseph Agostini : En écrivant ce livre, vous êtes-vous assagi ?

Jean-Marc Morandini : Je compare cet exercice à une véritable psychanalyse. J’ai écrit ce livre ! Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui a pensé à ma place. J’ai mis six mois pour revenir sur mon histoire en trouvant les mots justes. Au bout du compte, j’ai le sentiment d’être moi-même, loin de la caricature que les médias aimaient mettre en vedette.

Joseph Agostini : Et maintenant, la télévision vous fait à nouveau les yeux doux... Qu’est-ce qui vous correspondrait totalement ?

Jean-Marc Morandini : J’ai envie d’imaginer un concept et de le défendre moi-même. Ce que je désire faire serait un mélange entre Larry King et Letterman. Il s’agirait d’interroger l’invité avec, en orchestre, 150 personnes qui s’exprimeraient librement. Je veux avoir des contradicteurs pour éveiller la curiosité, provoquer le débat.

Joseph Agostini : Un pilote aurait été tourné le 20 mars dernier pour France 2...

Jean-Marc Morandini : Vous êtes bien informé ! (rires) Catherine Barma me produit, mais je n’en dis pas plus.

Joseph Agostini : Jean-Marc Morandini, et si votre avenir était plutôt dans un restaurant français à Miami ?

Jean-Marc Morandini : La mer, le soleil ! Pour un Marseillais comme moi, c’est le bonheur ! Je sais aujourd’hui que le succès à la télévision ne dure pas. C’est un cycle ! Je n’aurai pas de surprises quand les choses s’arrêteront à nouveau. Un restaurant français à Miami ? J’en parle dans mon livre. C’est un autre rêve...