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José Garcia : « J’ai besoin de toujours me surprendre. D’oublier tout ce que j’ai fait pour me remettre dans un appétit »

Claire Varin
Publié le 29/06/2014 à 18:23 Mis à jour le 07/07/2014 à 23:20

Passionné de kitesurf, José Garcia use de sa notoriété pour mettre en lumière cette discipline dans un documentaire, généreux et plein d’humour, diffusé sur France Ô. L’acteur évoque ici sa passion pour ce sport, son amour pour La Martinique et ses envies concernant un retour à la télévision.

Claire Varin : Quelle était la démarche de ce documentaire sur le kitesurf en Martinique ?

José Garcia : C’était de mettre le focus sur des champions et de montrer toutes les catégories du kite. L’idée était de venir donner un coup de main à un ami sur place, Yves Maisonneuve, qui a créé deux écoles de kitesurf, et d’essayer de monter une course sur place. C’était aussi très important de souligner La Martinique. Ça fait des années que j’y vais et à chaque fois, on me regarde en disant « Tu vas où ? » Je trouve ça très injuste. L’île a des capacités et regorge d’endroits extraordinaires. C’est une très belle destination.

José Garcia défie les champions montre votre participation au Fise Academy Caraïbes Kite Challenge, aux côtés d’Alex Caizergues ou encore Charlotte Consorti. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Je ne savais pas que j’allais y participer. C’était une surprise. Le travail de mythomane est une discipline qui ne me pose pas de problème (rires). C’est très jubilatoire d’être au milieu d’eux et de laisser la mythomanie agir. On s’oublie complètement. On voit la grâce et ça à l’air tellement facile.

Vous racontez avoir commencé la pratique du kitesurf sur l’impulsion de votre épouse...

Je commence beaucoup de choses sous l’impulsion de ma femme (rires). Ça faisait un moment que je regardais. Mais elle m’en a parlé tellement bien qu’elle m’a donné confiance. En tout cas, dans la possibilité d’aller exercer ce sport. Je pratique le kitesurf depuis sept ans. Mais entre Paris et les tournages, c’est difficile. En tout, j’ai dû pratiquer 25 jours. C’est peut-être cette année où j’ai le plus pratiqué.

Que vous apporte ce sport ?

L’humilité et le partage. C’est un endroit où l’on ne peut pas tricher. Je peux tricher devant la caméra et j’adore ça, mais là, c’est un endroit où l’on est dans les éléments. Et il y a une entraide totale, ce qui n’arrive pas dans tous les sports. Et la liberté. Avancer avec le vent, c’est déjà miraculeux. Par rapport aux gens qui font de la voile, notre avantage, c’est que l’on est le navigateur et le bateau. On est la coque et le mat. Et quand on casse le mat, on a l’air de... (rires) Ça peut être problématique.

« Quand on est acteur, il faut garder une vraie fantaisie »

Jouez-vous avec vos peurs sur un kitesurf ?

J’aime faire ces sports, mais en prenant le maximum de sécurité. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai toujours la bénédiction de ma femme. Elle sait que je suis quelqu’un extrêmement sérieux. Je n’aime pas faire ces sports pour me faire peur. Je veux maîtriser le maximum de dangers. J’ai fait un film qui s’appelle Les Seigneurs où on faisait du foot. Je crois que je n’ai jamais vu autant d’accidents de ma vie au mètre carré en quatre secondes. Si vous voulez jouer au foot un dimanche, vous n’arrivez pas très chaud et vous allez taper dans un ballon à vide, vous allez vous faire mal en quatre secondes. Alors qu’en kite, comme c’est considéré comme un sport dangereux, toutes les précautions sont prises. Il faut juste ne pas faire n’importe quoi, aller voir des professionnels, et être humble.

Dans le film, vous évoquez votre âme d’adolescent. Le sport vous permet-il de la retrouver ?

Quand on est acteur, il faut garder une vraie fantaisie. C’est quelque chose de très enfantin. Il faut être un adulte pour être normal et pas faire des cacas nerveux sur un plateau (rires). Quelques fois, c’est difficile. Mais il faut rester enfantin dans le plaisir, dans le jeu, dans la facétie. Et c’est ce qui me plaît dans ces trucs-là. On s’amuse avec les vagues comme les dauphins. Il y a le principe du jeu. Je crois que c’est hormonal. Dans tous ces sports - je fais aussi du skate électrique - quelque chose se crée chimiquement et me fait retrouver des sensations de 15 ans. C’est le meilleur antidote contre le stress, le flip, le regard sur soi. Je suis en train de rentrer dans l’âge où les acteurs se disent : « Qu’est-ce qui se passe ? Je suis comment ? » Ça pourrait être terrible.

Partie 2 > Acteur « rentable » et un retour à la télévision ?


Pourriez-vous à l’avenir renouveler cette expérience du documentaire ?

J’aime tellement le documentaire. À force d’avoir beaucoup parlé, je pense d’un jour je vais surtout écouter les réponses des autres. Si un jour, je reviens à la télévision, ce sera de cette manière. La télévision m’a tellement apporté et j’apprends tous les jours avec la télévision. Sauf que je ne veux pas me faire lobotomiser dans un truc qui m’avilit ou avilit les personnes.

Vous êtes un acteur populaire depuis un certain nombre d’années. En 2013, vous êtes devenu un acteur « rentable »...

C’est complètement tronqué parce qu’il y a Insaisissables parmi les trois films (rires). Les gens ont découvert que j’étais dans Insaisissables. Tout ça est toujours très relatif. C’est très drôle. Il faut s’en amuser. Le mot « rentable » est toujours très bénéfique pour les acteurs, ça veut dire que les gens considéreront qu’il y a encore peut-être du travail. Ce qui est difficile, c’est la longévité et d’avoir la chance d’être encore sur des sujets, des films qui vous intéressent.

Pensez-vous faire encore les bons choix ?

C’est toujours miraculeux. Le métier d’acteur est un métier très étrange. De temps en temps, quelqu’un écrit un caractère qui vous ressemble ou quelques fois, en pensant à vous. Et trois ans après, ce scénario arrive. Je me méfie aussi de l’embourgeoisement dans lequel je pourrais me retrouver. Je pourrais être « l’acteur le plus rentable » et me retrouver dans un petit circuit. Plein de mes camarades se sont mis dans une recette et la remette à toutes les sauces. J’ai besoin de toujours me surprendre. D’oublier tout ce que j’ai fait pour me remettre dans un appétit. Et généralement, j’essaie de faire un truc que je ne sais pas faire.

« Je ne veux pas me faire lobotomiser dans un truc qui m’avilit ou avilit les personnes »

Votre duo professionnel avec Isabelle Doval, votre épouse, semble important dans l’évolution de votre carrière...

Là [il parle de Fonzy, ndlr.], c’était vraiment un truc que je ne savais pas faire. Ça m’a emmené ailleurs et ça m’a donné beaucoup à réfléchir. Elle est venue à chaque fois à des moments très importants me donner un coup de boost. Elle m’a dit : « Maintenant, il faut ouvrir ce regard et arrêter de faire des trucs plus testostérones. » C’est des étapes. Pour les trois quarts des gens, ce genre de rôle a l’air très facile, mais pour moi, c’est très compliqué. Il faut me maîtriser. Et elle m’a appris que je pouvais aller dans ce dont j’avais envie. Mais il fallait passer par quelqu’un qui me connaissait bien pour me tordre.

Vous avez évoqué un possible retour à la télévision par le documentaire. Avez-vous déjà envisagé jouer dans une série, à l’instar de nombreux de vos camarades ?

La qualité de ce qui se fait à la télévision, maintenant, est vraiment bien. Les séries sont assez incroyables. Mais c’est comme le théâtre. Ça fait des années que je n’ai pas envie de revenir au théâtre parce que l’enfermement me pose un problème. Être à un endroit tous les soirs me pose un problème. Mais le jour où je vais m’y recoller peut-être que je ferais dix pièces d’affilée. On ne peut pas dire tant qu’on n’y est pas. Il faut que les choses s’adaptent au bon moment. Il y a beaucoup de choses exceptionnelles en télévision : en unitaires, les trucs de Canal... Et il y a beaucoup d’histoires politiques qui s’adaptent très bien à ce format. Donc on ne sait jamais. Pour l’instant, tant que je peux faire du cinéma... Déjà au cinéma, on a de moins en moins de temps pour travailler correctement. La télévision, c’est encore plus rapide. C’est ça qui me pose un petit problème.