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Karine Le Marchand : « L’Amour est dans le pré n’est pas une émission anodine »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 09/06/2014 à 19:03 Mis à jour le 22/06/2014 à 11:22

Voilà maintenant cinq ans que Karine Le Marchand traverse toute la France à la rencontre d’agriculteurs avec toujours le même enthousiasme. Et entre « L’Amour est dans le pré » et la vie privée de l’animatrice, les chemins s’entrecroisent bien souvent. Rencontre avec la confidente vedette de M6.

Benjamin Lopes : L’Amour est dans le pré est un programme qui repose intégralement sur la personnalité des agriculteurs comme l’expliquait Monica Galer, PDG de Fremantle France. Trouvez-vous le casting de la saison 9 plus fort ?

Karine Le Marchand : On ne peut jamais le savoir à l’avance, car je pense que les agriculteurs seuls ne font pas l’émission. C’est une alchimie et à chaque fois que l’on fait des portraits on se dit que tel participant va marquer les esprits, et finalement ce n’est jamais ceux-là. Il y a des personnalités très fortes qui vont complètement devenir fades en période de séduction alors que d’autres, comme Damien l’année dernière, qui sont des gens neutres, ont recueilli les suffrages des téléspectateurs par leur gentillesse et leur histoire d’amour. Et puis, il y en a aussi qui vont être des stars du début jusqu’à la fin comme Thierry deux ans auparavant. Au final, c’est donc une histoire de prétendantes, de personnages et de vocabulaire.

Vous annonciez dans TV grandes chaînes « Je vais faire preuve d’encore plus d’empathie parce que je sais maintenant ce que ça fait d’être jugée par des inconnus ». L’avez-vous ressenti sur les tournages ?

Je pense que je l’étais encore plus. Ce n’était pas un projet, on ne décide pas d’être plus empathique. L’Amour est dans le pré n’est pas une émission anodine. Ça fait cinq ans que je la présente et nous suivons les agriculteurs pendant plus de deux ans entre le début du casting, l’émission et les « Que sont-ils devenus ? ». Ma présence arrive à des moments amoureux très forts émotionnellement. Quand j’interviens, c’est pour marquer d’une pierre un instant important de leur vie. Je vis aussi un peu à travers eux.

Pensez-vous que le programme a un impact sur la vie de ceux qui la regardent ?

En cinq ans, on a tous changé de vie dans l’équipe par exemple. Tous ceux qui étaient en couple depuis longtemps se sont séparés, et tous ceux qui étaient célibataires endurcis se sont mariés ou ont fait des enfants. On ne peut pas vivre sans conséquence des histoires d’amour, comme celles de cette l’émission, au plus près de nous. On ne peut pas rentrer à la maison et se contenter de quelque chose de fade. Et je pense que l’impact est le même sur les téléspectateurs. J’ai déjà eu des témoignages en ce sens.

Quels exemples pouvez-vous citer ?

Je me souviendrais toujours quand Jean-Michel avait acheté une petite chèvre pour l’offrir à une femme qu’il aimait, mais avec laquelle il n’est pas resté. Quelques semaines après, un jeune homme m’a arrêté dans la rue et m’a dit que l’émission lui avait changé sa façon de voir les choses, car sa compagne avait toujours voulu un petit chien. Quand il a vu Jean-Michel et le plaisir qu’il pouvait donner à quelqu’un qu’il aimait, il le lui a acheté et ça a fait beaucoup de bien à son couple parce que sa femme avait compris qu’il le comprenait lui-même. Je pense que L’Amour est dans le pré est une émission qui peut avoir une influence sur notre façon de penser l’amour.

« Je ne suis que le révélateur de ce qui devait se dire »

Vous êtes très impliquée émotionnellement dans le programme. N’est-ce pas usant sur la longueur ?

C’était la même chose dans Les Maternelles où les gens venaient délivrer des témoignages parfois très lourds à porter en plateau. Je pense que je suis encore plus sensible qu’avant à cause du temps qui passe. Il y a des gens qui s’endurcissent moi je m’autorise à me ramollir, à tout point de vue [rires].

Vous avez été particulièrement touchée par Christophe pendant les portraits. Pour quelle raison ?

J’ai été sensible à la candeur avec laquelle il disait des choses qui étaient taboues. Quand on m’annonce que c’est la première fois qu’on confie quelque chose à quelqu’un, ça me touche. Je pense que les agriculteurs me font confiance. Quand on se livre, la difficulté vient avant. Chez Christophe, ce n’était pas si difficile finalement de dire qu’il était vierge. C’était pour lui plus dur de s’inscrire et de s’autoriser à trouver l’amour. Quelque part, je ne suis que le révélateur de ce qui devait se dire.

Votre rôle va donc au-delà de la simple présentation du programme...

On avoue parfois plus facilement à quelqu’un dans un train des choses intimes qu’à son voisin. Ça semblera plus facile, et c’est le cas dans L’Amour est dans le pré. C’est quelque chose de très libérateur. Moi je viens d’une famille où il y avait de secrets et je pense que ce n’est pas par hasard si je fais ce travail. Je sais que la parole est un onguent et qu’elle facilite tout. J’aime que les gens me parlent et j’apprécie avoir ce rôle. Je pense que les agriculteurs voient dans mon regard que je n’ai jamais de jugement sur un comportement ou sur quoi que ce soit, et je pense que ça aide.

Arrivez-vous à ressentir quand un candidat est faux ?

Oui, et en général, ça se passe très mal. On a eu le cas de quelqu’un qui a été pris à son propre piège et qui a voulu sortir de l’émission avant la fin de la diffusion puisque je lui prouvais qu’il avait menti dès le départ lors du bilan. Il s’est alors acharné contre la production de l’émission et moi-même. C’était il y a trois ans.

Vous avez un rôle d’entremetteuse. Ce statut vous convient-il ?

Effectivement, je le suis aussi dans la vie. Mais j’y arrive plus à la télévision quand même [rires]. Et puis, il y a plein de gens qui disent souffrir de solitude, mais qui finalement ne sont pas prêts à rencontrer l’amour. C’est une question de moment, et finalement pas de personne. Ça arrive dans L’Amour est dans le pré, et quand ils s’en rendent compte, ils vivent mieux le célibat. Car au final, le but est d’être heureux, pas d’être seul.

Partie 2 > Ses projets pour la rentrée 2014


L’Amour est dans le pré demeure la marque la plus puissante de M6. La production a-t-elle procédé à des ajustements cette saison ?

Depuis l’année dernière, on va chez certaines prétendantes et c’était une nouveauté. Cette année, nous l’avons systématisée. Mais nous n’avons pas beaucoup de temps, car nous nous disposons de quatre jours seulement entre le speed dating et le début du séjour à la ferme. Quand les prétendantes habitent dans de grandes villes et qu’elles peuvent nous accorder un peu de temps libre, on fait leur portrait, car c’est vraiment sympa et je pense qu’on s’attache parfois autant à certaines d’entre elles qu’aux agriculteurs.

Ne craignez-vous pas de lasser le public dans cet exercice ?

J’ai effectivement peur parce que la télévision évolue beaucoup et, car tout fait le buzz aussi maintenant. Communiquer sur une émission de télévision, c’est aussi anticiper tout le temps sur ce qui peut faire polémique et ça devient très compliqué, et en plus je parle facilement. Dire des choses intimes sur les autres, sur soi-même et donner matière aux journalistes devient un exercice très compliqué et périlleux.

Redoutez-vous cette exposition ?

Oui, c’est difficile pour moi. La vie privée des animateurs fait vendre maintenant. Maintenant c’est venu de l’intérieur donc je ne peux rien dire.

Avez-vous dû faire face à des aléas pendant les tournages de L’Amour est dans le pré ?

Bien sûr, et en général on les montre. Tout ce qu’on ne montre pas c’est pour protéger l’agriculteur. On préfère effacer les opinions politiques, car elles appartiennent à chacun et personne ne doit se mêler de cela. Tout le monde a droit à l’amour, quels que soient ses engagements.

« Tout ce qu’on ne montre pas c’est pour protéger l’agriculteur »

Vous avez présenté Qu’est-ce que je sais vraiment ? aux côtés de Stéphane Plaza. Quel bilan tirez-vous de cette expérience et de nouveaux épisodes vont-ils être commandés par M6 ?

Je pense que c’est dans les tuyaux et qu’il existe une véritable réflexion positive autour du programme. C’était un bilan très positif sur les cibles et en terme de connexions (à l’application, ndlr), on a battu le record du monde. On a fait vingt fois plus que The Voice... en connexions [rires].

Vous présentiez tous les samedis C’est ma vie. L’émission a disparu des grilles de M6. Va-t-elle revenir ?

Je ne pense pas. Elle a duré cinq ans et a été multidiffusée cinq fois à toute heure. C’est du magazine et ce n’était pas une émission majeure.

Avez-vous été approchée par la concurrence ?

Oui, comme chaque année et heureusement. Mais je pense que je serai sur M6. Je suis pour une élection mutuelle, comme dans un couple. Il faut que les deux aient envie l’un de l’autre.

Avez-vous déjà des projets pour la rentrée que ce soit à la télévision ou à la radio ?

Chaque année, j’ai des offres de radio depuis super longtemps. J’ai toujours refusé, mais j’étudie les propositions à chaque fois.