Toutelatele

La real tv politique : nouvelle tendance ?

Arthur Anthamatten
Publié le 06/10/2003 à 00:07 Mis à jour le 06/10/2003 à 18:48

Non seulement récompensés chacun par un 7 d’or mais aussi par des succès d’audience en 2001, les deux documentaires sur les coulisses de la bataille des municipales à Paris ont donné des idées à d’autres producteurs et directeurs de programmes (Paris à tout prix, réalisé par Yves Jeuland et Pascale Sauvage pour Canal + et La prise de L’Hôtel de Ville, de Serge Moati pour France 3).

Ainsi, la chaîne Arte a atteint l’une de ses meilleures audiences (1.3 million de téléspectateurs) en diffusant, en février 2002, le documentaire de Raymond Depardon. Ce documentaire politique inédit montrait une partie de la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974.

Surfant sur le désir de voir les hommes politiques autrement, Jérôme Caza, de la société de production 2P2L, réalise un docu-réalité diffusée sur France 2 portant sur les coulisses de la campagne de Lionel Jospin. Le réalisateur s’est, en fait, inspiré directement d’un autre docu-réalité, The War Room de D.A. Pennebaker. Portant sur les coulisses de la campagne de Bill Clinton en 1993, ce documentaire politique fut même nommé aux Oscars.

Plus récemment, le projet nommé 36 Heures sur TF1 de la journaliste Ruth Elkrief et du réalisateur Jérôme Caza, présenté officiellement comme une real tv politique sur TF1, a eu quelques soucis et il y a de fortes chances qu’il ne voie jamais le jour sur la grille de la chaîne privée. Du moins pas dans sa forme initiale.

À croire que la politique semble mieux trouver sa place sous forme de docu-réalité comme celui diffusé en septembre dernier sur la télévision publique de Radio-Canada. En racontant les coulisses de la campagne de l’ex-premier ministre, Bernard Landry, le réalisateur Jean-Claude Labrecque aura rassemblé plus de 700 000 téléspectateurs. Suivi par un débat, le documentaire a devancé toutes les autres chaînes. Ce succès n’est pas une réelle surprise car le programme a été au centre des conversations et des différents médias québécois.

Même si 36 Heures ne veut pas montrer les coulisses d’une campagne mais la vie de certains élus à la rencontre de français, le problème reste identique. La real tv possède non seulement une mauvaise image auprès des hommes politiques mais c’est surtout le manque de contrôle sur leur propre image qui les empêche véritablement de prendre le risque de participer au programme de TF1. À noter qu’après des émissions comme L’île de la tentation ou encore Nice People, TF1 n’aurait peut-être pas dû présenter 36 Heures comme un nouveau programme de real tv mais plutôt comme un docu-réalité. Une forme de vocabulaire plus politiquement acceptable.

Toutes ces émissions ont un but commun : renouer le genre de la politique à la télévision. Cette difficulté révèle finalement une cassure palpable entre le langage politique et les citoyens. Pour réaffirmer la politique en force, les directions des chaînes francophones essaient d’opérer le même renouvellement que la real tv a pu réaliser avec les variétés. Encore faut-il que les hommes politiques jouent le jeu... de la réalité ?