Toutelatele

La rentrée chaotique de Christophe Hondelatte

Emilie Lopez
Publié le 08/10/2008 à 11:50

Christophe Hondelatte en rêvait depuis longtemps, France 2 l’a finalement fait. Après avoir présenté le 13 heures, et alors qu’il officie toujours aux commandes de Faites entrer l’accusé, le présentateur s’est finalement vu offrir ce qu’il espérait : une émission hebdomadaire, et, surtout, un prime time de divertissement. Mais parfois, après un rêve, le réveil peut s’avérer brutal, et c’est donc avec une certaine gueule de bois que l’homme dresse son premier bilan...

Lever de rideau le 5 septembre dernier à 18h55. Après quatre fins de journées passées aux côtés de Julien Courbet, pour un Service Maximum en deçà des espérances en terme d’audience, les téléspectateurs découvrent Vendredi, si ça me dit, « magazine culturel et populaire » ayant pour vocation de « guider les choix des téléspectateurs dans tous les domaines traditionnels de la culture ». Pour l‘occasion, Christophe Hondelatte accueille sur son plateau la « marraine » de l’émission, Amélie Nothomb.

Mais à l’instar de nombreuses nouveautés de France Télévisions, Vendredi si ça me dit connaît un (premier) revers, puisqu’à peine plus d’un million de curieux sont au rendez-vous, soit 7.2% du public présent devant son écran de télévision. Si une semaine plus tard, 120.000 téléspectateurs supplémentaires s’intéressent au nouveau spectacle d’Anne Roumanoff, invitée sur le plateau, la part d’audience, elle, reste faible : 7.8%.

De quoi irriter quelque peu l’animateur, déjà connu pour son caractère « chatouilleux ». Invité le samedi 13 septembre sur le plateau de + Clair, Christophe Hondelatte, suite à une intervention ambiguë de Frédéric Taddéï sur les chroniqueurs (définis comme les « plaies » des émissions culturelles) explose : « Vous voulez que je me montre solidaire de Taddeï alors qu’il travaille sur le même groupe que moi et qu’il dit que ce que je fais c’est de la merde ? N’y comptez pas ! (...) Je ne ferai pas d’autres commentaires sur l’émission de Frédéric Taddéï, pardonnez-moi. Je trouve ça peu solidaire, peu compatible avec les exigences de la direction de France Télévisions et je pense qu’il en entendra parler ».

Dès lors, malgré ses explications et déclarations, mettant en cause l’émission de Canal+, qui l’aurait « manipulé », l’animateur devient un véritable bouc émissaire, et son programme avec. Laurent Ruquier, ancien « occupant » de cette case avec On n’a pas tout dit, est l’un des premiers à lancer l’artillerie lourde : « Hondelatte a pété les plombs. Il faut qu’il comprenne que ce n’est pas le meilleur du monde, et qu’il ne connaît pas tout sur tout. Il devrait aussi écouter les conseils de la chaîne et prendre un bon producteur. Son émission, c’est une catastrophe. Avant la première, il était trop prétentieux, en disant que j’avais laissé la case dans un mauvais état, alors qu’il aurait dû faire profil bas ! ».


De son côté, Frédéric Beigbeder, dans les colonnes de Paris Match, use également de sa verve assassine, mais à l’encontre de l’émission, qu’il crédite d’un malheureux 3/20... « Vendredi, si ça me dit ! (quel titre pourri !) prétend passer en revue toute la culture en moins d’une heure : livres, disques, films, expos... Comme ce n’est pas possible, l’émission ne nous a rien appris. Des chroniqueurs gentiment incompétents alignent des banalités sur leurs choix « accessibles à tous » (...). C’est atrocement ringard, mais peut-être est-ce un problème d’horaire. Diffusé à 5 heures du matin, ce naufrage pourrait nous faire rire au 8è degré, sous Stilnox ». Seul « soutien » : Julien Courbet, qui n’avouera que du bout des lèvres être d’accord pour reprendre, si besoin était, la case du vendredi, à la suite de son collègue...

Les téléspectateurs, pour leur part, semblent fuir le navire : avec à peine plus de 800 000 téléspectateurs (5.9%) le 19 septembre et 56 000 de moins une semaine plus tard (5.3%), ce premier mois se clôt sur un bilan plutôt alarmant. Qu’importe, pour l’animateur, le vrai test à ne pas rater a en réalité lieu le 3 octobre, avec Tandem.

En ce premier vendredi d’octobre, Christophe Hondelatte est sur tous les fronts : à 18h50 toujours (au moins pour un temps), avec un Vendredi, si ça me dit remanié, qui, une fois la « crise + Clair » passée, voit son audience remonter sensiblement à 1.32 millions de curieux, pour 8.9% du public, mais également en prime time, avec son « rêve », une émission de divertissement.

Sorte de « Grand échiquier des temps modernes », ce nouveau rendez-vous laisse la programmation aux mains des deux invités de la soirée, tous deux de génération et d’univers différents. Pour la première, Pierre Arditi et Benabar « s’y collent », et Christophe Hondelatte, face à la concurrence, presque déloyale, de NCIS sur M6 et de la Star Academy sur TF1, essuie un nouveau revers : moins de deux millions de curieux pour 9% de part de marché ! De quoi s’inquiéter de l’avenir de ce nouveau programme dans les grilles du service public...

A l’heure où les audiences de Vendredi, si ça me dit ont repris quelques (légères) couleurs, les rumeurs n’ont jamais été aussi fortes. Quant à l’arrêt pur et simple du programme d’abord, et quant au départ éventuel de « l’homme au cuir » ensuite. Celui-ci serait d’ailleurs en discussion avec M6, pour présenter leur 20 heures en préparation. Et si Thomas Valentin, directeur des programmes de la Six, d’un côté, Christophe Hondelatte de l’autre, démentent ces « pourparlers », les différents médias, le Journal du dimanche en tête, spéculent plus que de raison, annonçant même que la piste Harry Roselmack ne serait qu’une diversion ! Pour connaître la vérité, ne reste donc aux téléspectateurs qu’à patienter jusqu’au prochain rendez-vous entre le présentateur de Faites entrer l’accusé et Patrice Duhamel, directeur des programmes de France Télévisions, d’ores et déjà fixé au 15 octobre...