Marie-Ange Nardi
Elle est de retour ! Après une longue traversée du désert, Marie-Ange Nardi est la partenaire de voyage de Frédéric Mitterrand, pour TV5 Monde. Pharaonne des jeux de France 2 durant des années, elle revient aussi à la source, en animant, sur cette chaîne, une nouvelle version du Millionnaire. A l’heure où Valérie Payet rêve d’une virginité d’image, Marie-Ange Nardi fait valoir un éclectisme définitif, loin des sentiers balisés. Toutelatele a rencontré celle qui restera l’une des plus belles incarnations du divertissement à la télévision et qui, jusque là, n’a jamais sacrifié aux sirènes du graveleux et du racoleur...
Joseph Agostini : Comment avez-vous vécu cette traversée du désert de plus d’un an, après l’arrêt de Qui est qui ? et de Pyramide ?
Marie-Ange Nardi : J’étais un peu déboussolée. Je n’avais jamais connu d’arrêt aussi important dans ma carrière. Cela dit, je me suis découverte enceinte à ce moment précis. Pendant les neuf mois de grossesse, je n’ai pas vu le temps passer ! Je ressors très stoïque de cette traversée du désert. La vie est le plus beau manège de montagnes russes qui puisse exister ! Les propositions sont arrivées en même temps, et j’ai à nouveau un emploi du temps très chargé.
Joseph Agostini : France 2 semblait vous avoir oubliée...
Marie-Ange Nardi : Avec France 2, tout était resté en suspens. Je n’avais aucune discussion avec les décideurs. L’amertume est le pire poison qui existe. C’est une chose que je savais déjà mais cette expérience a renforcé ma certitude.
Joseph Agostini : Pour les femmes qui ont dépassé la quarantaine, les places sont très chères dans le divertissement. Cela vous révolte-t-il ?
Marie-Ange Nardi : Le jeu est un des derniers bastions masculins. Les femmes, si elles commencent à être présentes dans les variétés, n’ont pas encore pu accéder en nombre au domaine particulier qu’est le jeu télévisé. Or, la frilosité ne vient pas des téléspectateurs mais bien des décideurs, qui ne placent pas les femmes sur un pied d’égalité. Au niveau de l’humour, par exemple, je considère qu’un homme a bien plus de liberté qu’une femme à l’antenne.
Joseph Agostini : Cette traversée du désert aurait pu vous servir à vous débarrasser de l’étiquette « Femme à jeux ». Or, vous voilà de retour dans Millionnaire...
Marie-Ange Nardi : Mais j’ai une véritable affection pour le divertissement ! Je recherche un contact positif avec le public. Dans les talk shows, les gens s’épanchent sur leur vie privée. Dans les jeux, il y a une chaleur, une connivence, une plus grande proximité !
Joseph Agostini : Millionnaire est un jeu de hasard et d’argent, sans vocation intellectuelle...
Marie-Ange Nardi : L’animation est un métier comme les autres. Je présente Millionnaire et n’en ai absolument pas honte. Je voudrais défendre une image éclectique qui correspondrait vraiment à ce que je suis. J’aime autant déconner qu’aller parler histoire avec un agrégé. Je m’ennuierais si on ne me confiait que des interviews pointues !
Joseph Agostini : L’animation du Millionnaire est donc nourrie par votre goût pour le paradoxe ?
Marie-Ange Nardi : Nous sommes tous fabriqués d’amalgames, d’éducation, de vie, d’expérience. Je suis un paradoxe !
Joseph Agostini : Nous sommes quand même très loin de votre projet de magazine sur la psychologie...
Marie-Ange Nardi : En ce qui concerne la psychologie à la télévision, un bon résultat est difficile à obtenir. Je ne suis plus aussi convaincue qu’avant. Des palabres entre deux personnes sur un plateau, ça ne sert pas à grand chose ! En revanche, moi qui suis une assez grande consommatrice de reportages sur Planète ou Odyssée, j’aimerais pouvoir réaliser mon propre documentaire.
Joseph Agostini : Avec Frédéric Mitterrand, vous arpentez désormais le monde pour TV5. Est-ce ce dont vous rêviez ?
Marie-Ange Nardi : Frédéric Mitterrand est un homme pour lequel j’ai un immense respect. J’ai été très flattée quand il m’a choisie pour co-animer son émission. Après la Tunisie, notre prochaine destination est Bangkok. Notre objectif est simple : faire découvrir une ville du monde aux téléspectateurs. J’adore faire cette émission. C’est une chance merveilleuse de voyager !
Joseph Agostini : Marie-Ange Nardi, qu’est-ce qui vous fait courir ?
Marie-Ange Nardi : J’ai une nature méditerranéenne qui m’incite plutôt à me laisser vivre ! Dans ce métier, le talent, pour peu qu’il y en ait, se combine toujours avec le facteur chance. Et puis, je crois qu’en ce qui me concerne, la force du public a été décisive. Tandis que les décideurs ont souvent hésité à m’accorder leur confiance, les téléspectateurs m’ont toujours soutenue en disant souhaiter me voir plus souvent à l’antenne. Je dois beaucoup au public.