Toutelatele

Marius (Le sens de l’effort, M6) : « J’ai été impressionné par le physique de certains gamins »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 19/02/2019 à 18:35

Trois ans après son passage remarqué dans Garde-à-vous, l’instructeur Marius est de retour sur M6 pour le programme Le sens de l’effort. Celui-ci met en scène des jeunes ayant décroché du système et qui sont dépourvus de travail et de formation. Pour Toutelatele, Marius, accompagné de l’éducatrice Carole Lacour, a expliqué pourquoi il a repris du service sur la chaîne privée et décrit l’aspect humain de l’aventure.

Joshua Daguenet : Comment se sont organisées vos retrouvailles avec M6 ?

Marius : Ils sont venus me chercher. En général, je fais une fois les choses et pas deux. Ils avaient envie qu’on retravaille ensemble sur un projet. J’ai dit oui car j’aime travailler avec des professionnels et avoir une relation de confiance. C’est ce qui s’était passé avec Studio 89 puisqu’ils s’étaient adaptés à moi et je n’avais eu aucun frein sur la manière de fonctionner. Je ne connais pas les codes de la télévision. Nous avons mis un an et demi à discuter du programme et les équipes de Studio 89 ont suivi les stages que j’organise avec mon association.

Des participants ont-ils abandonné en cours de route ?

Il faut aller jusqu’au bout et regarder pour comprendre. Ce n’est jamais gagné. Quand on est instructeur, on sait si une personne triche ou ne triche pas. Notre objectif était de les mettre « nus », c’est-à-dire les confisquer de leurs chaînes virtuelles, leur téléphone portable. Le physique permet aux gens de puiser dans le mental et de se comporter naturellement. Dans ce stage, j’ai été impressionné par le physique de certains gamins et pourtant j’ai une sacrée expérience en la matière.

Certains ont-ils été tentés de se reconvertir dans l’armée ?

Certains avaient ce projet. Je suis resté très étonné des voies choisies car elles étaient très différentes. C’est une riche expérience que de travailler sur l’échec car il nous aide à être plus fort. Nous avons travaillé sur la valorisation de l’individu avec des activités individuelles et collectives.

À quel stade de l’aventure êtes-vous intervenue auprès des jeunes ?

Carole Lacour (éducatrice) : Dès le départ et même en amont car l’idée était de connaître les personnes et leurs hobbies. Il fallait entrer de suite dans le vif du sujet au moment des entretiens individuels. Ils n’avaient pas conscience de leur force car en condition d’échec mais ils voulaient rendre fiers leurs parents. Le but était de les amener à se dévoiler et qu’ils puissent donner leur vision de la vie. L’éducation en France est basée sur l’excellence et elle dévalorise l’échec. Ces jeunes n’ont gardé que le côté négatif de leur échec.

« L’échec nous aide à être plus fort »

Vers quel type de formation se sont-ils dirigés ?

Ils se sont tournés vers des formations variées. Ces gens sont différents avec chacun leur rêve et leurs envies. Il faudra regarder l’émission jusqu’au bout pour en savoir plus (rires).

Quel espoir reste-t-il pour les jeunes qui ne sont pas parvenus à intégrer une formation à l’issue du programme ?

Marius : Cette émission est un rapport humain. Nous avons fait comprendre à ceux n’ayant pas été au bout qu’ils en tireront quelque chose quoi qu’il arrive et que cette expérience n’était pas faite pour lui ou alors que le moment n’était pas le bon. Individuellement et humainement, nous sommes seuls décideurs des choses.

Pourquoi avoir choisi la Bretagne et l’Océan pour le cadre ?

La Bretagne est une terre sacrée ! On y retrouve les éléments naturels avec la pluie, le soleil, le vent. Quand nous sommes sur la plage face à l’océan, on se sent petit et on prend une bonne claque d’humilité en se disant qu’on n’est pas le plus fort !

Quel a été le dispositif de la sécurité pour les épreuves physiques ?

Tout a été sécurisé au même titre que la défense. Nous avons eu des maîtres-nageurs, l’équipement nécessaire, un toubib en permanence et la proximité du sanitaire pour évacuer en cas de besoin.

« Je leur ai demandé de ne pas trahir ma confiance »

Quelle a été une journée type ?

Nous avons défini un programme pour mettre un cadre avec un respect des horaires et une responsabilisation des gens. Chaque jour, quelqu’un devait faire en sorte que les règles soient appliquées.

Avez-vous eu un droit de regard sur les 22 jeunes sélectionnés ?

Non, ce n’était pas l’objectif. Je ne voulais ni de délinquant, ni de voyou. Sinon, nous avons eu tous les profils avec des gens diplômés, d’autres non, des personnes issues d’un milieu aisé ou populiste. Il y a eu aussi une grande variété géographique avec des jeunes du Sud, du Nord, de la Belgique…

Votre autorité rappelle celle de Bernard Navaron dans Le Pensionnat, docu-réalité vu sur M6...

Qui ? Je n’ai pas de télévision ! Je ne suis pas autoritaire. J’ai passé un contrat avec les jeunes et je leur ai demandé de ne pas trahir ma confiance après les entretiens. À tout moment, ils étaient libres de s’en aller. Je ne leur ai pas menti en leur disant que ça allait être très dur.

Certains jeunes sont-ils venus pour passer simplement à la télévision ?

Carole Lacour : Absolument pas. On peut s’en rendre compte quand on voit la tête qu’ils font en réalisant l’aventure qui les attend.