Toutelatele

Mark Schwahn : « Je suis fier de la manière dont on a terminé Les Frères Scott »

Claire Varin
Publié le 30/01/2014 à 16:23 Mis à jour le 21/02/2014 à 10:59

Créateur de la série à succès Les Frères Scott, Mark Schwahn était de passage à Paris lors du Comic Con’ 2012. A cette occasion, le scénariste est revenu sur la conclusion donnée à sa série. En effet, chose rare, Mark Schwahn n’a jamais quitté le navire en neuf ans production.

Claire Varin : Les Frères Scott a été annulée, puis une neuvième saison a finalement été commandée. Que pouvez-vous dire sur la difficulté de conclure une oeuvre ?

Mark Schwahn : J’ai toujours su comment je souhaitais terminer la série. Depuis le premier jour, j’avais en tête une ultime scène réunissant Karen, Keith et Lucas formant cette famille qu’ils ont toujours supposé être. Mais lors de la saison 3, on a dû changer de voie. [Rires.] Je suis content d’avoir pu faire cette neuvième saison. C’est l’une de mes préférées et je suis fier de la manière dont on a terminé la série.

Quel message souhaitiez-vous faire passer lors de l’ultime scène ?

Ce devait être une continuité ou le début de quelque chose d’autre. Je ne voulais pas finir sur un crash d’avion ou ce genre de gros cliffhanger. Je voulais simplement dire aux fans que les personnages allaient continuer à vivre, comme eux. Mais que l’on ne se verrait plus chaque semaine.

Écrire ce dernier épisode a-t-il été difficile ?

Ce n’était pas un challenge créatif, mais un challenge émotionnel. Lorsque j’ai écrit le texte de la voix off ouvrant l’épisode final, j’ai eu des frissons et quelques larmes ont coulé. À ce moment-là, j’étais en train de réaliser l’épisode 10 et j’ai dû mettre ce dernier scénario de côté. Car c’était trop d’émotions. On a su que ce dernier épisode serait difficile à tourner, mais pour de bonnes raisons. C’était doux-amère, mais surtout très doux. J’ai aimé cette fin et je crois que les fans aussi l’ont appréciée.

« Écrire le dernier épisode a été un challenge émotionnel »

Aviez-vous anticipé l’importance que prendraient les personnages de Brooke, Nathan et Hailey au fil des saisons ?

Les choses évoluent dans ce business et on doit s’adapter. J’ai découvert la force d’acteurs comme James Lafferty ou Sophia Bush, qui n’était pas dans le pilote. J’ai ainsi pu m’appuyer sur eux et développer leurs personnages. À l’origine, Hailey [Bethany Joy Lenz, ndlr.] n’était pas non plus dans le pilote. Nous avions un personnage différent que l’on a changé pour finalement l’engager. Je n’avais pas non plus anticipé le fait que Taylor Hilton prendrait une part aussi importante dans la dernière saison. Il était sur le plateau du premier épisode que je réalisais. Il a une telle énergie et c’est tellement agréable de travailler avec lui que j’ai continué à écrire pour lui.

Partie 2 > Quelle liberté pour un showrunner ?


On imagine qu’il peut y avoir une grande pression dans le fait de conclure une série, notamment à cause de l’attente des fans. Comment l’avez-vous gérée ?

C’est en fait très libérateur. On a écrit cette saison 9 en sachant que ce serait la dernière. On savait également qu’elle serait diffusée à la mi-saison aux États-Unis. En faisant le calcul, on savait qu’au moment où les téléspectateurs verraient le premier épisode de la dernière saison, nous serions déjà tous partis. En tant que scénariste, j’ai un grand respect pour les fans. On ne peut pas faire neuf saisons sans respecter les téléspectateurs. Nous ne pouvions qu’espérer qu’ils aimeraient ce que l’on a fait. Mais depuis le premier jour, nous n’avons écrit que des histoires qui nous intéressaient en espérant avoir un public pour les regarder. Et ce fut le cas.

Neuf saisons, c’est long. N’avez-vous jamais pensé arrêter la série plus tôt ?

J’ai toujours pris beaucoup de plaisir et j’aime les gens avec qui j’ai travaillé durant ces neuf années. Ce n’était pas la série la plus regardée du monde, mais nous avons eu un certain succès et les investisseurs nous aimaient bien. Le succès vous autorise à prendre des risques et à essayer des choses différentes, telles qu’une tournée musicale ou tourner un épisode dans la ville natale d’un fan. On a eu un soutien suffisant pour ça.

Avez-vous acquis une plus grande liberté au fil du temps ?

Et au fur et à mesure des années, mon salaire a augmenté et j’ai eu de moins en moins d’annotations sur ce que j’écrivais. On m’a laissé écrire la série que je voulais et c’est un luxe. J’ai arrêté d’être scénariste pour le cinéma pour cette raison. C’est le médium des réalisateurs tandis que la télévision est le lieu de création des scénaristes. La pire des choses aurait été que je laisse d’autres personnes donner leur avis. J’ai écrit la série que je voulais faire. Si elle n’avait pas marché, j’aurais appris la leçon de mon échec. Bien sûr, on a fait des erreurs sur Les frères Scott, mais je crois qu’on a fait plus de bonnes choses que de mauvaises.

« Il y aura toujours un public pour les teen series »

Les teen-series actuelles (Pretty Little Liars, Vampire Diaries, etc.) sont des séries de genre. Pensez-vous que Les Frères Scott marque la fin d’un cycle ?

Les séries actuelles sont des high concepts. Moi, j’aime les séries calmes. J’aime parler des gens. J’aime les changements liés à l’adolescence. Il y a des effets de mode aussi à la télévision. C’est comme un vêtement que vous rangez dans votre placard. Un jour vous allez le ressortir et il sera à nouveau à la mode. On fera toujours de bonnes teenseries. C’est un genre où l’on peut vraiment refléter la réalité ou être métaphorique. Et il y aura toujours un public pour ça puisque les ados aiment qu’on parle d’eux et les adultes aiment se souvenir des adolescents qu’ils étaient. Aujourd’hui, on voit des vampires et des zombies partout, c’est le truc du moment. Il y a dix, j’ai pitché des séries avec des vampires et des zombies aux dirigeants de chaînes. Ils trouvaient ça complètement fou. Dans les années 80, il y a eu le film Lost Boys et je me suis toujours demandé pourquoi on n’avait jamais fait l’équivalent pour les filles. J’ai présenté une histoire avec des filles vampires, ils m’ont pris pour un malade. [Rires.]

Après Les Frères Scott, on a parlé d’une série avec J.J. Abrams. Où en est ce projet ?

Oui, ça s’appelait Shelter. C’était un joli scénario sur des jeunes gens travaillant dans une station balnéaire. Le pilote est bon, mais il n’a pas été retenu pour des raisons que je ne comprendrai probablement jamais. Je suis à la fois fatigué et impatient de retrouver l’excitation que procure une aventure comme Les frères Scott. Mais je peux enfin passer du temps avec mon épouse. J’ai aussi du temps pour voyager, ne rien faire et m’ennuyer ! [Rires.]