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Matthieu Delormeau (NRJ12) : « La co-animation du Mag n’est pas à l’ordre du jour »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 17/04/2015 à 17:45 Mis à jour le 26/05/2015 à 01:13

Benjamin Lopes : NRJ12 a lancé Wouf, quel chien sera à la hauteur ? le samedi 11 avril en prime time. Pouvez-vous revenir sur le concept ?

Matthieu Delormeau : C’est un concours canin, un talent show de chiens avec quatre catégories. À travers différentes épreuves d’adresse, ou encore d’humour, ils s’affrontent devant un jury. Ils éliminent au fur à mesure les chiens dans chaque catégorie. À la fin, il y a un grand gagnant. L’enjeu reste la bonne humeur.

Sur la forme, le jury est largement mis en avant, tandis qu’Anne-Gaëlle Riccio est elle en coulisse. Vous êtes finalement très peu présent à l’antenne. Quelle en est la raison ?

C’est vrai qu’on me voit peu. On a beaucoup tourné au départ, près de huit par jours, car il y avait de nombreux changements de décors. Au final, on avait beaucoup de rush et je faisais les transitions entre les différentes catégories notamment. On a dû faire des choix artistiques et pour qu’on ne perde pas le rythme, on a pris la décision de supprimer tous les inter-plateaux sur lesquels j’étais à la base. La chaîne et le producteur ont pris ce parti, et je n’avais aucun souci là-dessus, car c’est bien un endroit où je ne mets pas mon orgueil. Ce qui compte, c’est que l’émission soit bonne.

Vous n’auriez tout de même pas préféré apparaître un peu plus à l’écran ?

C’est comme tout, j’aurais préféré apparaître plus. Maintenant ce qui m’intéresse vraiment, c’est ce que les gens vont en penser et, les résultats d’audiences. Les stars du concept, ce sont les chiens, donc de toute manière ce n’était pas moi. J’étais super content de le tourner, et je suis heureux de le vendre.

« Les stars de Wouf, ce sont les chiens, ce n’est pas moi »

La première de Wouf a réuni 326 000 téléspectateurs. C’est au dessus de la moyenne de la case, mais finalement autant qu’une rediffusion des Animaux font leur show dans la même case. N’êtes-vous pas un peu déçu ?

Pas du tout. Avec NRJ12, on espérait secrètement 300 000 téléspectateurs. La semaine d’avant, la chaîne n’avait réuni que 170 000 téléspectateurs avec un spectacle en live (Cauet s’attaque au palais des Sports, ndlr). Avant, Crimes de Morandini était tombé à 132 000 téléspectateurs. C’est une case qui est très difficile, qu’on peut appeler sinistrée pour le coup. Elle reste en même temps très importante, car il y a une régie publicitaire derrière. Pour l’instant, la TNT a réussi beaucoup de challenge, mais le week-end, les audiences restent faibles en prime time. C’est très certainement le prochain défi de la TNT. NRJ12 en a l’ambition. Alors évidemment, ça parait peu de dire ça, car 300 000 téléspectateurs ce n’est pas non plus gigantesque, mais on fait 35% de plus que la moyenne de la case.

Pensez-vous que l’émission puisse gagner des téléspectateurs, l’effet de nouveauté estompé ?

J’ai effectivement des espoirs pour la suite, car The Voice va bientôt s’arrêter sur TF1. Ça va peut-être laisser un peu plus de place aux femmes de moins de 50 ans responsables des achats et aux enfants. Le directeur des programmes de NRJ12 (Bruno Fallot, ndlr) était très content des audiences du premier numéro, et moi aussi.

Des programmes comme Les People passent le BAC ou Qui allez-vous croire ? de Cauet ont été lancés en semaine sur NRJ12. N’avez-vous pas eu des craintes quand vous avez appris que Wouf serait diffusé le samedi ?

Non, car les audiences des People passent le BAC avaient été un peu décevantes, tout comme le jeu de Cauet. Je n’étais donc absolument pas déçu de ce choix et la programmation est un art. Et puis, c’est vraiment une émission familiale au sens général du terme. Donc typiquement, si vous voulez réunir toute la famille sans contrainte le lendemain, il faut que ça soit le week-end.

Vous êtes également à la tête du Mag sur NRJ12. Le programme a évolué dernièrement avec des changements de chroniqueurs, un nouvel habillage et une nouvelle production. Peut-on s’attendre à d’autres nouveautés d’ici la fin de la saison ?

C’est un programme qui évolue tout le temps. Quand on a un coup de cœur pour quelqu’un, on l’essaie sur une chronique. Il y en a d’autres qui disparaissent, mais c’est rarement pour les raisons qui sont évoquées par les journalistes. Je lis tellement de bêtises autour de moi et des émissions que je ne réponds même pas. À mon sens, il n’y aura pas d’évolutions majeures d’ici la fin de la saison, mais on pourrait très bien accueillir de nouveaux visages. On a des réunions chaque semaine et on ne s’interdit rien.

« Avec le Mag, on ne s’interdit rien »

Sur les quatre premières semaines des Anges 7, Le Mag affiche des audiences en baisse de 32% sur un an. Comment l’analysez-vous ?

Il n’y a pas une cible où on ne fait pas deux à trois fois plus que le score moyen de NRJ12. On est arrivé à atteindre jusqu’à 9.5% sur la ménagère de moins de 50 ans quand la moyenne de NRJ12 est à 2.5% sur cette cible stratégique. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, ce sont ces cibles, et elles sont excellentes. Parler en puissance de téléspectateurs sur la TNT, ça ne veut rien dire. Je suis jugé par ma chaîne sur ces critères. Quand je vois qu’on fait 32% sur les 15-24 ans, leader national devant TF1 et M6, et troisième chaîne ménagères avec notre petite émission de 36 minutes, je ne me fais vraiment pas de nœuds au cerveau.

Vous êtes très attachés aux scores sur les cibles, et pour cause, car ils définissent les prix des écrans publicitaires. Justement, ils dévissent de 21% pendant la diffusion du Mag sur un an. Assumez-vous finalement le retrait des audiences de ce programme, même sur les cibles stratégiques, malgré cette bonne santé affichée ?

Ça n’échappe à personne que toutes les émissions de télévision perdent chaque année de 15 à 20%, parfois 30% de leur audience. Les Marseillais en Thaïlande sur W9 ont baissé de 30% sur un an. Les Anges 7 ont, quant à eux, baissé de 25% par rapport à la saison dernière. On consomme la télévision différemment. Évidemment que Les Anges ça ne peut pas faire plus que l’année dernière, et celui qui dit le contraire ne connait rien à la télé. C’est pareil pour Le Mag. C’est la logique de la télévision.

Les Anges parviennent justement à récupérer une partie du public égaré sur l’antenne sur le replay, où le programme fonctionne très bien avec jusqu’à près de 800 000 visionnages sur le digital sur certains épisodes. Est-ce le cas pour Le Mag ?

À vrai dire, je n’en ai aucune idée. Je ne bosse pas pour Capital. Mon but n’est pas de savoir combien on a perdu en régie publicitaire ou si les replay marchent. Je veux faire de bonnes émissions qui plaisent à la chaîne. À partir de là, mon boulot est rempli. En attendant, des émissions qui marchent depuis cinq ans sur la TNT, notamment des talk-shows, il n’y en pas, mis à part Touche pas à mon poste. Je n’ai aucune prétention, mais il existe quand même peu de marques qui ont réussi à s’imposer dans le temps sur la TNT. Si NRJ12 met Le Mag à l’antenne depuis cinq ans maintenant, ce n’est pas par snobisme, philanthropisme ou par gentillesse à mon égard, c’est que ça reste intéressant pour eux. Je ne connais pas beaucoup de chaînes qui se plaignent d’une émission qui augmente sa moyenne journalière.

« Si NRJ12 met Le Mag à l’antenne depuis cinq ans maintenant, ce n’est pas par snobisme, philanthropisme ou par gentillesse à mon égard, c’est que ça reste intéressant pour eux »

Tout au long de la saison, les audiences du Mag fluctuent en fonction du succès de la télé-réalité programmée à l’antenne. N’êtes-vous pas finalement prisonnier de cette stratégie ?

Forcément puisque c’est la nature même du Mag. On est en sandwich entre la rediffusion d’une télé-réalité et son épisode inédit. C’est un talk-show d’accueil. Quand il y a un gros évènement sur NRJ12, on le met bien évidemment en avant, mais notre métier est de pousser Les Anges actuellement, ce doit permettre au final de faire grimper le prime time. Quand on me demande de pousser une émission de télé-réalité qui ne marche pas, ça devient un cercle vicieux, car on parle finalement d’une émission que les gens ne voient pas, et on est donc moins regardé logiquement. Il faut bien penser que NRJ12 n’a pas mis Le Mag entre deux télé-réalités par hasard.

Vous êtes seul aujourd’hui aux commandes du Mag. La coanimation est-elle définitivement exclue ?

Tout à fait, pour le moment. Je n’ai même pas d’orgueil là-dedans après. Quand j’ai pris la direction du Mag seul après le départ de Caroline (Receveur, ndlr), la direction m’a expliqué qu’elle aimerait bien que je reste seul à la présentation avec une chroniqueuse de plus. La mayonnaise a pris. On a mis Benoît en face, car on avait l’impression qu’il avait tendance à cannibaliser les autres chroniqueurs. Si on n’avait pas trouvé le bon rythme, je pense qu’avec le recul que je peux avoir aujourd’hui suite à mon expérience à la télévision, j’aurais de moi-même abandonné l’idée. Mais la mécanique a séduit le public.

Vous présentez également Tellement vrai sur NRJ12, une émission qui est parvenue au fil des années à éclipser celles du même genre sur les chaînes historiques. Comment envisagez-vous son avenir ?

C’est une émission qui n’a pas de fin de vie écrite. C’est du testimonial et par définition c’est indémodable. Je suis content de voir que la chaîne l’a passée au dimanche, la nouvelle case des magazines. Ça faisait six ans que c’était le jeudi, donc au départ j’étais un peu inquiet quand on m’a annoncé que ça arrivait le dimanche, car c’est difficile de changer les habitudes des gens. On a démarré à 300 000 téléspectateurs, et ça fait deux semaines qu’on est au dessus des 400 000, et je trouve ça très bien en face des gros films. On fera un point avec la chaîne au mois de juin concernant les audiences. On verra alors s’il faudra le déplacer à un autre jour ou quel sera son avenir sur NRJ12.

« Je sens que la chaîne a envie de moi, et moi j’ai encore envie de NRJ12 »

Vous avez également animé Star Academy sur NRJ12 qui était un gros prime time. Cette adrénaline typique des grands divertissements en direct ne vous manque-t-elle pas ?

C’était très spécial la Star Academy. C’était un gros budget et on aurait quasiment pu mettre l’émission dans sa forme sur une chaîne comme M6. J’ai adoré la faire, c’était impressionnant. Il y avait 600 personnes dans le public, c’était produit par Endemol, des grands professionnels. J’ai beaucoup appris et progressé au cours des prime time. J’aurais aimé qu’elle continue évidemment.

NRJ12 amorcera un virage éditorial à la rentrée. Avez-vous des projets en ce sens avec la chaîne ?

Oui, beaucoup. NRJ12 m’a indiqué qu’elle souhaitait poursuivre avec moi l’année prochaine. Je leur ai répondu qu’on pouvait s’entendre. Je sens que la chaîne a envie de moi, et moi j’ai encore envie de NRJ12. Maintenant, on a beaucoup de projets en commun pour l’avenir même si je ne peux pas tout dire. Je produis pas mal de choses pour la rentrée, dont un documentaire qui pourrait devenir un format. Un nouveau magazine de prime time est également envisagé. Je suis content, car la chaîne a autant d’ambition pour moi la saison prochaine que cette année. Je ne chôme pas.