Toutelatele

On n’est pas couché : Laurent Ruquier tient bon la barre

Alexandre Raveleau
Publié le 18/11/2011 à 12:31

Laurent Ruquier peut reprendre une bonne bouffée d’oxygène. Son On n’est pas couché a résisté au changement d’équipage. Personne n’y avait échappé : depuis cette rentrée, Éric Zemmour et Éric Naulleau ont été remplacés par Natacha Polony et Audrey Pulvar. Après les tâtonnements de circonstances des débuts, les deux journalistes ont essuyé une averse de critiques. Aujourd’hui, l’heure n’est plus vraiment aux ajustements et remises en question. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au terme de deux mois d’antenne, le talk-show des samedis soir de France 2 reste une valeur on ne peut plus sûre, avec 1.65 million de téléspectateurs en moyenne, pour 21.5% de part de marché.

Reste qu’il ne s’agit pas de baisser la garde. En effet, après avoir joué les cartes Los Angeles, police judiciaire et New York, section criminelle, TF1 affine sa stratégie et tente un virage. Ce samedi 19 novembre, à la suite de la grande finale de Danse avec les stars, Vincent Cerutti et Sandrine Quétier garderont l’antenne en direct pour un after avec les candidats, histoire de prolonger le plaisir et faire en sorte que le public ne soit pas tenté par la concurrence. La semaine suivante, Florence Foresti retrouvera son ancien patron, mais, cette fois-ci, elle pourrait bien lui dicter sa propre loi. Samedi 26 novembre, l’humoriste sera en effet à l’affiche de son spectacle inédit MotherFucker en seconde partie de soirée. Le tournant du mois de décembre sera, comme le veut la tradition, réservé au duel, à armes pas vraiment égales, Miss France versus Téléthon.

Depuis son lancement en 2006, la formule d’On n’est pas couché n’a pas franchement beaucoup évolué, casting et pastilles humoristiques mis à part. « Les invités qui n’ont pas pu venir » ouvrent le bal des invités, avant que les politiques n’entrent dans l’arène pour une heure de débat. Puis, les autres personnalités de se succéder sur le « fauteuil ». À mi-parcours entre la critique, l’humour et la promotion, le talk show de Laurent Ruquier a réussi un pari qui n’était pas gagné d’avance : parvenir à faire oublier Thierry Ardisson et son Tout le monde en parle. Pour cela, Catherine Barma et l’animateur d’On a tout essayé avaient opté pour un late-show à l’américaine, doublé du concept de Ça balance à Paris (que Laurent Ruquier a présenté lors de la saison 2005/2006), à savoir des invités devant répondre à la critique.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le concept a surpris son monde. Plus particulièrement les personnalités en tournée promotionnelle, bousculées par les interventions sans concession et partisanes d’Éric Zemmour et Michel Polac, premier tandem à déverser ses quatre vérités face caméra. Dès l’ouverture du stand de tir, Doc Gynéco, Muriel Robin ou Bernard Tapie n’ont pas compris le message et provoqué les premiers clashes. Au terme d’une première saison, On n’est pas couché enregistrait 1.6 million de téléspectateurs en moyenne, avec 26.8% de part de marché moyenne.

En 2007, Éric Naulleau (déjà présent dans Ça balance à Paris) a remplacé Michel Polac dans la même lignée. Le critique littéraire de gauche et le journaliste de droite formeront dès lors un duo à qui rien, et surtout personne, ne fait peur. S’ils sont parfois moqués, comparés à Statler and Waldorf, les deux vieux du Muppet show, Zemmour et Naulleau donnent dans la répartie et les téléspectateurs apprécient. 1.5 million de Français restent fidèles au talk-show cette année-là. Mieux, lors de la saison 2009/2010, le changement d’horaire (diffusion avancée un peu plus tôt en raison de l’arrêt de la publicité après 20 heures) est bénéfique puisque le magazine affichait sa plus haute moyenne, avec 1.8 million d’inconditionnels, correspondant à 22.8% du public. Le 9 janvier 2010, 2.7 millions de Français ont plébiscité le rendez-vous. Un record encore inégalé.


Un peu plus d’un an plus tard, à audience stable, Laurent Ruquier prenait pourtant la décision de ne pas reconduire son binôme. Dès le mois de mars 2011, Rémy Pflimlin, patron de France Télévisions, en était le premier surpris. Si les résultats sont toujours satisfaisants, il convient selon le tenancier du samedi soir de redonner du souffle au talk-show. La condamnation pour incitation à la haine raciale d’Éric Zemmour, en février de la même année, n’y est pas pour rien. Mais là n’est pas toute l’explication. Mois après mois, les interventions des deux polémistes frisaient selon lui le syndrome de la répétition. Empêcheur de tourner en rond de première classe, Laurent Ruquier a donc annoncé un changement de casting imminent.

Natacha Polony et Audrey Pulvar ont récupéré les fauteuils laissés vacants. Hésitants et déroutants, leurs premiers pas ont pu laisser quelques nostalgiques pantois. L’humour d’Arnaud Tsamère et Jérémy Ferrari, successeurs de Jonathan Lambert, a laissé de marbre. 1.5 million de Français ont assisté à cette rentrée le 3 septembre, soit 22.1% du public, avec 20.3% des 25/34 ans. L’effet de curiosité passé, 200 000 téléspectateurs quittaient le navire la semaine suivante, avec une part de marché basculant à 20.9%. Les eaux de seconde partie de soirée se sont ensuite calmées pour France 2, malgré quelques réclamations autour de l’objectivité d’Audrey Pulvar, compagne d’Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste. Au contraire, les départs d’Arnaud Tsamère et Jérémy Ferrari, faute de rires, n’ont pas fait de vagues.

Samedi 12 novembre, lorsque Bernard-Henri Lévy racontait son odyssée d’éphèbe sur les dunes libyennes et Matthieu Kassovitz son parcours du combattant pour monter son film L’Ordre et la morale, les fidèles étaient encore 1.58 million devant On n’est pas couché. Avec 23.5% de part de marché, Laurent Ruquier cédait sa première place à TF1 et New York, section criminelle. Au jeu du leadership, aucune des deux chaînes n’est encore parvenue à s’installer sur la durée. Le fait est là : On n’est pas couché ne pâtit d’aucun effet de lassitude et peut toujours compter sur un nœud d’inconditionnels assuré.

Cette semaine, Bruno Le Maire, Nicolas Bedos, Mister You, Isabelle Boulay et Yves Boisset seront présents sur le plateau du Moulin rouge, témoignant d’une programmation hebdomadaire tous azimuts. Ils n’auront pas moins de trois heures pour faire le tour de leur actualité, un luxe qui n’a pas de prix à la télévision. En plus d’être devenu le premier booster de ventes pour auteur craintif au cauchemar du pilon, On n’est pas couché reste le magazine où les politiques ont le temps de parole le plus long. Et en cette année électorale, les candidats au débat sont déjà nombreux.