Toutelatele

Polémique autour de la confession d’un tueur en série à la TV

Par
Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 27/04/2004 à 00:15

En reprenant les rênes de l’émission-phare du dimanche après-midi de la première chaîne publique italienne, l’animateur vedette Paolo Bonolis avait promis « un dimanche insolite ». Mais serait-il allé trop loin dimanche soir en diffusant une interview de Donato Bilancia, auteur de 17 homicides, actuellement incarcéré à la prison de Padoue ?

En ouverture de la séquence où le tueur en série explique entre autres sa douleur et sa volonté de faire don à sa mort de ses organes pour se racheter, le présentateur s’est dit « opposé à une politique de l’autruche » et a invité les associations la semaine suivante pour discuter de « ce que la télévision peut dire et traiter » car « on ne peut pas danser et chanter en permanence ». Avant de rendre l’antenne, il s’est encore justifié : « Nous avons cherché à comprendre. Je me trompe peut-être, mais c’est ma façon de ne pas faire comme si de rien n’était. »

Une première levée de boucliers des associations de défense des téléspectateurs et de nombreux hommes politiques avaientt suivi l’annonce de l’entretien. Malgré cela, les producteurs et la direction de la chaîne ont décidé de maintenir la diffusion, estimant les aspects sombres du personnage suffisamment mis en avant.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. La présidente de la Rai, Lucia Annunziata, a eu des mots très durs : interview « terrifiante », « décision vulgaire », « point de non-retour démontrant la forte indifférence culturelle de la Rai, où l’on se permet désormais le sensationnalisme »... Le ministre des Télécommunications Maurizio Gasparri s’est déclaré « perplexe » sur la pertinence du mélange entre « danseuses et assassins » à une heure de grande écoute. Quant aux représentants politiques et associatifs, ils ont de nouveau dénoncé une « spectacularisation inopportune dans l’unique but de gagner la bataille de l’audience ».

Ce n’est pas la première fois cette année que l’émission et son présentateur sont critiqués. Habitués à un Paolo Bonolis souriant et plaisantin, recordman d’audience avec Affari tuoi, la version transalpine du jeu À prendre ou à laisser, les téléspectateurs italiens ont été troublés lorsqu’il a proposé, dans Domenica In, de suivre en direct le déroulement de l’écographie d’une future maman ou encore l’interview d’une médium qui affirme être en contact avec l’au-delà.

Si toutefois la vraie raison de cette interview était de booster l’audience, le pari est perdu : certains téléspectateurs ont déserté l’émission au profit de la concurrence. Entre 19 et 20 heures, Domenica In n’a été suivie que par 4,5 millions de curieux (25% de part de marché) contre 5,2 millions (29%) pour Buona Domenica sera diffusée sur Canale 5.

En Italie, le mélange entre divertissement et actualité dans une grande émission fédératrice est une tradition. En France cependant, il apparaîtrait inconcevable de fusionner des émissions comme Vivement dimanche et Sept à huit… Du moins, pour le moment...