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Scandal : en quoi le célibat est un frein aux ambitions politiques

Tony Cotte
Publié le 12/08/2014 à 16:42

Mardi 12 août, M6 ouvre sa soirée Scandal avec le 15e épisode de la saison 2, « Un homme à marier ». Dans celui-ci, le sénateur Peter Caldwell engage Olivia et son équipe pour trouver une femme à son frère, craignant que la carrière politique de ce dernier ne soit freinée par son célibat. L’occasion pour l’équipe de scénaristes d’aborder, notamment, le mariage arrangé à des fins politiques.

Diffusé en février 2013 outre-Atlantique, Boom Goes the Dynamite, titre original, n’a pas pu faire référence au cas François Hollande qui a annoncé, en janvier 2014, la fin de sa relation avec Valérie Trierweiler. Car rares sont les présidents de la République à avoir été en situation de célibat tout en exerçant le pouvoir. Celui-ci a d’ailleurs rejoint le club très fermé constitué de Louis-Napoléon Bonaparte, Gaston Doumergue, René Coty et brièvement (l’on suppose) par Nicolas Sarkozy.

Mais Scandal permet surtout de se pencher sur l’Histoire américaine. Outre-Atlantique, accéder aux hauts pouvoirs sans être marié est également très difficile. Officiellement, seuls deux locataires de la Maison-Blanche ont été élus tout en étant célibataire : James Buchanan en 1856 et Grover Cleveland en 1884. Depuis, un homme non marié, ou ne serait-ce veuf, n’a jamais occupé cette fonction. Ronald Reagan, lui, a été le seul président divorcé. Dans l’épisode, il est question d’une élection de plus petite échelle, celle de gouverneur dans l’état de la Caroline du Nord. Le constat est similaire : hors fiction, aucun célibataire n’a été gouverneur ces dix dernières années.

Olivia Pope sait qu’en faisant de Will Caldwell son client elle va devoir, pour combler ses ambitions politiques, lui trouver une femme, celui-ci étant soutenu par l’électorat et des financiers conservateurs. Les auditions commencent ainsi pour dénicher la candidate idéale, capable d’assumer son rôle dans un mariage arrangé.

Pour Judy Smith, l’experte en gestion de crise qui sert d’inspiration au personnage central de Scandal, cet épisode a été l’occasion de souligner l’importance des médias et ses dommages collatéraux. « Le plus fort allié des rumeurs et du Qu’en-dira-t-on est l’abondance de communication dans notre société marquée par le hi-tech. Cette faculté d’avoir et de transmettre si rapidement un message a ouvert la porte aux abus. Résultat, les rumeurs n’ont jamais été aussi influentes, a-t-elle notamment écrit dans sa chronique ‘What would Judy Do ?’ en qualité de consultante sur la série. La prolifération des sources rend l’exactitude d’une information difficile. Cela peut redorer ou briser une image, a fortiori quand les apparences sont enclines à donner crédits aux rumeurs. (...) Olivia comprend [dans cet épisode] que des actions sont primordiales. Nous voyons ainsi l’élaboration d’un faux mariage ; la construction d’une romance à des fins politiques. Une union de convenance. Qu’est-ce que cela dit sur notre culture quand les apparences sont à ce point importantes ? »