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Secret Story 5 > Les révélations de Morgane avant la finale

Tony Cotte
Publié le 12/10/2011 à 13:21 Mis à jour le 12/10/2011 à 15:06

Encore « un peu émoustillée » par son aventure, Morgane se dit contente du parcours effectué au sein de la Maison des secrets. Venue pour véhiculer un message de tolérance, la jeune femme, dont le secret était « Mon père s’appelle Brigitte  », dresse un bilan positif de cette expérience, même si elle regrette sa faible exposition par rapport à ses camarades. Morgane est désormais prête à débuter un nouveau chapitre de sa vie, une fois la finale déroulée, en compagnie des jumeaux Zarko & Zelko et sans doute loin de Marie.

Tony Cotte : Vous êtes rentrée dans Secret Story pour faire passer un message. Estimez-vous, avec le recul que vous bénéficiez à ce jour, que celui-ci a été correctement transmis ?

Morgane : L’objectif est atteint. Le but était de parler de travestis et de transformistes sachant que les quatre premières saisons de l’émission ont simplement tourné autour du sujet. Pour la première fois, quelqu’un était là avec ce secret. Moi, je suis une personne équilibrée, saine d’esprit et tout va bien. Nous voulions montrer avec mon père que tout ça ne se passe pas qu’au bois de Boulogne ou dans les bars à Pigalle.

Votre rôle a été celui de vecteur. Pour quelle raison votre père n’a-t-il pas participé à Secret Story en tant que candidat ?

Comme vous devez le savoir, il était question que mon père et moi rentrions dans la Maison avec un secret commun. Ça ne s’est pas fait compte tenu d’obligations professionnelles et de ce que représente son « personnage ». Il s’entretient. Le passage entre Brigitte et Philippe ne se fait pas en claquant des doigts. Il n’aurait pas pu le faire de la même façon à l’intérieur du jeu et n’aurait pas pu tenir toutes ces semaines en alternant deux personnalités.

Si la télé-réalité a donné une plus grande visibilité des « minorités sexuelles », elle a aussi exposé beaucoup de caricatures. On a rapidement retrouvé un peu du jeu outrancier de La Cage aux folles chez certains. Au final, cette exposition ne dessert-elle pas la cause ?

La télé-réalité reste un vecteur. Il ne faut pas tout confondre : on a nos sexualités, nos orientations et nos pratiques. Ça ne change rien aux personnes que nous sommes. Tous les homosexuels ne sont pas sortis de La Cage aux folles. Après, c’est de la télévision, les gens ont envie de se divertir. Certains candidats peuvent grossir des traits volontairement en guise d’autodérision.

On a pu voir dans les saisons précédentes de Secret Story, ou même Loft Story, des candidats gays qui s’affirmaient comme tels comme s’il ne s’agissait que de leur seule qualité. Peut-on vraiment parler de « traits » face à des portraits aussi unidimensionnels ?

Ils ne font pas de mal, même si le gay extraverti est un mini-cliché. Par exemple, Benoît de la saison précédente, je l’ai trouvé très drôle. Son extravagance et son exubérance sont certes liées à son homosexualité, mais il en a fait aujourd’hui un fond de commerce. Il se sert de cette image professionnellement. Il a su puiser de ça une certaine force et un humour qu’il va faire partager au public par le biais de son spectacle. Quand il est sur scène, on ne retient pas forcément le fait qu’il est homosexuel, mais tout simplement drôle.

Votre message sur le prime du 19 août s’adressait aux « transphobes » et « homophobes ». Justement, transsexualité et homosexualité sont souvent assimilées dans la télé-réalité, mais cette assimilation n’entretient-elle pas une confusion dans l’esprit du téléspectateur ?

La communauté du troisième genre est difficile d’accès et suscite une certaine interrogation. Les téléspectateurs n’ont peut-être pas les bonnes délimitations entre homosexualité et transsexualité. L’une touche à l’orientation sexuelle, l’autre au genre sans se soucier si la personne aime les filles ou les garçons. Je reconnais qu’il y a un manque de clarté. C’était aussi le but de notre démarche. Brigitte n’est pas homosexuel, juste un travesti. Mais on l’a, je pense, bien expliqué au cours du jeu.


La candidate Juliette l’a en tout cas très bien compris. Comment avez-vous vécu sa réaction vis-à-vis de votre père ?

Cette fille est ouverte d’esprit, son message n’est qu’amour malgré un caractère parfois difficile à vivre. Juliette a trouvé Brigitte incroyable. Elle était ravie de l’avoir rencontré et d’avoir pu discuter avec lui. Elle s’est peut-être retrouvée dans la démarche anticonformiste de mon père vu qu’elle partage des valeurs similaires. Disons qu’elle a trouvé un écho particulier à ce message pour l’acceptation des différences.

L’anticonformisme est-il vraiment compatible à une participation dans une émission populaire comme Secret Story, diffusée sur la première chaîne d’Europe ?

S’il fallait retenir un mot du cas de Brigitte, il ne faudrait pas que ce soit « anticonformiste ». Notre message se résume avant tout à de la tolérance. Concernant Juliette, elle aime bien être rebelle et faire son truc à elle sans suivre la masse. Mais ce n’est pas non plus une philosophie de vie qu’elle défend jour après jour. Faire Secret Story est une démarche personnelle. On le fait pour nous, pour vivre une expérience et voir jusqu’où on peut aller. Il faut bien sûr aimer aussi la compétition.

N’est-ce pas ironique étant donné que l’on vous reproche surtout de ne pas avoir joué...

Il ne faut pas se leurrer : on n’arrive pas en demi-finale de Secret Story sans être un minimum joueur. J’ai été éliminée dans cette dernière ligne droite parce que j’ai mérité de sortir aussi tard. J’ai fait les bons calculs au bon moment. Personne ne m’a donnée ma place, je me suis battue pour en arriver là. Tout cet aspect-là n’a pas été montré. Mais je n’ai jamais cessé de buzzer et de jouer. L’adjectif « morganesque » n’est pas sorti de nulle part ! Je réfléchissais tout le temps. Au début, quand nous cherchions « les traîtres de la Maison », j’ai fait répéter aux candidats des phrases pour qu’ils se retrouvent confronter à la révélation de leur secret, sachant que le 8e commandement de la Voix l’interdit. Celui qui ne peut pas le dire est donc forcément démasqué. Nous sommes restés dessus pendant plusieurs jours et rien n’a été diffusé. J’ai été stratégique, je n’ai pas eu besoin de faire venir des gens dans la « loveroom » pour faire du buzz.

Vous semblez beaucoup fonctionner à l’intellect. Compte tenu de votre niveau d’étude (elle est inscrite à la fac en 4e année) et de votre personnalité, il y a-t-il eu un fossé dans vos relations avec certains candidats ?

(Rires) Ça m’a valu quelques interrogations. Quand je suis arrivée, je demandais l’avis aux autres candidats sur Dominique Strauss-Kahn ou si Kadhafi était toujours en Lybie. Ils s’en foutaient tous. L’actualité me manquait vraiment. On avait peut-être changé de gouvernement et aucun de nous ne pouvait le savoir. Les sujets de conversation n’étaient pas pour autant une gêne. Le manque d’étude de certains était compensé par les expériences de la vie. Sabrina parlait de sa maternité et Zelko racontait comment il a été braqué dans un bureau de tabac. La sensation d’un revolver posé sur sa tempe, moi je ne la connais pas. Secret Story offre un panache et une diversité enrichissants.


N’avez-vous pas l’impression que Zelko vous a « surprotégé » au cours de votre aventure ?

Tout ce qu’il a fait, il l’a fait par bonté. On a noué des liens d’amitié et d’amour fraternel très forts. Je ne reprocherai jamais ses intentions. C’était beau. Il a voulu aller le plus loin possible avec moi. Je lui ai quand même demandé à plusieurs reprises de se modérer. Entre nous, ça a été un vrai échange. Tous les soirs nous étions à la chasse aux secrets et aucun de nous deux n’avait le dessus sur l’autre. Après, bien sûr, la production me donne un dilemme sous prétexte que j’étais « paresseuse » et que je me suis « laissée porter ». Ils ont montré les images souhaitées. Elles ne sont pas forcément représentatives.

Comment interpréter vos larmes quand Aurélie, puis Marie, se sont rapprochées de Zelko dans le cadre d’une mission ?

Ça ne s’est pas vu, mais j’ai eu de mon côté une mission « crise de jalousie ». Nous étions tous en mission à ce moment-là. Je suis peut-être allée trop loin dans ma démarche, je n’aurais pas dû pleurer. Quand Zelko a arrêté en voyant mes larmes, j’étais en fait dégoûtée. Je n’ai pas craqué en le voyant proche des autres filles. En revanche, je n’ai pas vu ce rapprochement d’un bon œil sachant que les personnes concernées ne pensaient que par la stratégie. Mais en terme d’images, c’était sans doute très marrant de me faire passer pour une jalouse maladive les dernières semaines...

Pouvez-vous imaginer l’aventure Secret Story si les jumeaux n’avaient pas été candidats ?

C’est très difficile. J’ai vécu quelque chose avec eux que je ne pourrai jamais oublier. J’ai même dit que je les aimais. Je suis pourtant prudente avec ce genre de mots. S’ils n’avaient pas été là, l’aventure aurait malgré tout été belle. Mais cela reste quand même inimaginable, Secret Story ne m’aurait pas apporté autant sans eux.

Pensez-vous que Marie et Geoffrey ne méritent pas de gagner le jeu ?

Disons qu’ils n’ont pas la légitimité de Zelko. En dehors de son statut de « Maître des souterrains », il n’a rien eu. Il n’a jamais eu de carte joker et la seule fois où il a été « Maître des nominations », il devait y avoir un bouleversement. Il a ensuite été envoyé dans la « petite maison » sans pouvoir en revenir sans être nommé. Il s’est retrouvé à huit reprises dans le SAS. Il s’est toujours battu en restant fidèle à ses valeurs. Marie et Geoffrey, eux, ont bénéficié de l’aide d’Aurélie et leur secret commun.

Aviez-vous conscience de la popularité de Marie au sein de la maison ?

(Elle hésite) C’est impossible au vu du décalage. On ne pouvait pas imaginer l’image qu’elle a dehors avec ce que l’on sait d’elle. Mais ses grosses faiblesses sont passées sous silence. Je ne dis pas que c’est volontaire. Les gens se feront leur propre opinion en dehors de la Maison, sans victimisation...


Vous affirmez donc, à l’instar d’Ayem dans la presse, que cette fille n’est en rien une victime ?

(Silence) Ce que je dis... (Elle hésite) À un moment donné, j’ai aussi été la bête noire dans le jeu. Mais je ne voulais pas m’arrêter à ça. Rester dans les mêmes problèmes et faiblesses sans jamais les combattre, ce n’est pas intéressant. Je me suis relevée, avec l’aide des jumeaux. On ne peut pas exister dans l’émission uniquement par rapport à ce que les autres nous font. Je trouve regrettable qu’elle n’ait pas été capable de proposer quelque chose d’elle-même.

Pouvez-vous comprendre son malaise face à un Geoffrey qui a joué plusieurs fois sur l’ambiguïté de ses sentiments avec d’autres filles ?

Ce n’est qu’un jeu. En réalité, Marie a confiance en son couple, ou du moins en la capacité de Geoffrey de tout faire pour garder leur secret. Elle le fait passer pour un mec qui ne l’aime pas assez, uniquement dans le but de se faire plaindre. Tout est stratagème de victimisation chez elle. Elle joue d’une image de malaimée et évoque un manque de confiance en elle lié à sa relation avec Geoffrey. En réalité, elle est très forte.

À la vue de son apparence peu naturelle, ne peut-on pas se questionner sur un éventuel problème de confiance en soi ?

Je ne sais pas si la chirurgie esthétique est liée à la confiance qu’elle peut avoir vis-à-vis d’elle-même ou bien la poursuite d’une vision qu’elle n’a pas. Je crois que Marie cherche le bonheur à travers des images et des reflets, peut-être à travers des vêtements ou son physique. Je ne veux pas me prononcer sur l’amour qu’ils peuvent se porter, mais je pense que Marie a choisi son « Ken » car c’est un élément qui renforce l’image qu’elle tente de construire.

Cette démarche n’est-elle pas commune à de nombreux candidat(e)s de télé-réalité ?

Je ne pense pas que ce soit un trait commun. Du moins, pour cette saison, tout le monde n’a pas cherché un tableau parfait qu’en apparence. Quand je vois une fille comme Juliette qui est arrivée avec une image d’enfant terrible, elle a réussi à évoluer... Elle s’est remise en question et en est sortie avec d’autres éléments pour aborder sa vie à l’extérieur. La télé c’est de l’image, mais celle-ci ne peut pas être bâtie en se faisant passer pour Barbie. La personnalité et l’échange comptent, ce n’est pas que de l’apparence...

Suite à votre participation, comment abordez-vous l’avenir ?

Faire Secret Story a été une expérience de vie. J’ai appris beaucoup, à la fois sur la nature humaine et mes ressources. Aujourd’hui, j’ai une ambition par rapport aux médias. Je souhaite être journaliste, quel que soit le support. J’ai la volonté de continuer là-dedans. Avec mon père, nous travaillons également sur des projets de documentaire et peut-être même d’un livre avec nos deux récits. Même si ma démarche est différente des autres candidats, j’ai moi aussi envie de profiter de la sphère Secret Story pour réussir, et ce, malgré ma faible exposition.