Sexe, violence, alcool : le nouveau cocktail de la real tv ?
Emilie évacuée à l’hôpital dans un état de coma éthylique... Enrique menaçant Lucie de lui « mettre une tarte dans la bouche »... Les rumeurs récurrentes de gestes « tendres », échangés dans la salle CSA ou entre deux rideaux, dans la salle de théâtre... Sous ses airs sages, la Star Academy 4 semble être celle de tous les débordements. Face à ces excès, la production, soucieuse de pimenter ses résumés quotidiens, s’est d’abord frottée les mains avant de prendre conscience que l’image de l’émission en prenait un coup. Un constat qui s’étend au monde entier, au risque de mettre en péril l’avenir du genre.
Soirées de débauches
En Italie, il y a trois semaines, les candidats de Grande Fratello (Loft Story en France) sont devenus incontrôlables après avoir bu... une quarantaine de bières ! Une participante a commencé par embrasser trois de ses camarades (dont une fille) avant de s’écrouler sur le canapé. Puis un autre a cassé ampoules, dispositif d’alarme et bouteilles de bière, a pris à mains nues les charbons ardents du sauna, les a jeté dans la piscine, et enfin a menacé de détériorer des caméras... La fête s’est terminée en dispute géante, lorsque les locataires restés sobres leur ont fait des reproches. Plusieurs associations de téléspectateurs ont demandé la suppression du jeu, en vain.
Big Brother est un format habitué à la démesure : citons l’interruption de la version anglaise en juin dernier après une violente empoignade entre des participants ivres, ou encore la présumée circulation de cannabis en coulisses de notre fameux Loft Story 2.
Passé scabreux
Une émission de télé réalité doit beaucoup à son casting : les fortes personnalités doivent assurer le spectacle, les secrets prêts à être dévoilés par la presse - comme la fille cachée de Loana ou les antécédents « délinquants » de Greg le Millionnaire - doivent susciter l’attention des téléspectateurs. Et la formule magique tient à ce que l’on ne peut montrer à la télévision, cible familiale oblige : le sexe. La presse à sensation ne manque pas de dévoiler l’intimité de certains visages de L’Ile de la tentation, du Bachelor ou autres Colocataires. Récemment, la production de Grande Fratello aurait découvert dans la presse les clichés sexy de l’une des candidates et ses liaisons amoureuses célèbres, des informations obtenues en tapant son nom sur Internet !
Par chance, le public latin n’a pas froid aux yeux. En République tchèque, en revanche, Nova, la chaîne la plus regardée du pays, a décidé de supprimer début octobre Milionovy Par (comprenez « Le couple millionnaire »), trois participantes ayant posé pour des revues pornographiques. Après quatre émissions, la production avait remarqué que la préférence des téléspectateurs allait à celles dont la presse avait publié les images osées.
Famille, santé...
Plus grave encore, la real tv est accusée de porter atteinte aux valeurs de la société et à la dignité de l’être humain. Dans Date my mum/Date my dad (littéralement « Demande un rendez-vous avec maman ou papa »), un reality show annoncé sur la BBC, des enfants pourront choisir un(e) nouveau (nouvelle) compagnon (compagne) à leur parent célibataire. Six émissions dont la diffusion, maintes fois reportée, suscite l’ire des associations de protection de l’enfance, mais également des détracteurs d’un financement public d’émissions de ce genre. En France, des psychologues s’étaient interrogés sur l’impact du programme On a échangé nos mamans dans les familles participantes.
Outre Atlantique, on surfe sur la mode des « candidats-cobayes » (J’ai décidé de maigrir, d’arrêter de fumer...), à la différence près que Cold Turkey, diffusée sur la chaîne câblée Pax, a recruté ses participants en leur cachant le but du jeu : se passer de la cigarette. Une « grande imposture » qui, depuis le 3 octobre, est riche en crise de nerfs...
Dans la recherche inexorable de l’audience, tous les moyens sont-ils réellement bons pour séduire les téléspectateurs ? Lassé ou offusqué, le public ne risque t-il pas de déserter ce qu’il avait, sous le coup de la nouveauté, plébiscité ? L’avenir le dira, sans aucun doute...