Toutelatele

Valérie Benaïm lève le voile sur les mystères

Tony Cotte
Publié le 21/11/2009 à 18:30 Mis à jour le 15/03/2010 à 19:45

Institutionnelle sur LCI, divertissante sur TF1, touche-à-tout à l’antenne de France 3 et éphémère sur la grille de Direct8, Valérie Bénaïm partage sa vie avec le petit écran depuis plus de 15 ans. Et si ce dernier ne lui a pas toujours bien rendu son dévouement et son optimisme, la journaliste et historienne de formation n’en demeure pas aigrie pour autant. Aujourd’hui, celle qui a eu la lourde tâche de remplacer Évelyne Thomas à l’antenne de France 3 en 2004, est l’un des nouveaux visages de Virgin 17 qui voit en elle une caution « généraliste » sur une grille encore fortement estampillée musique. Une présence surprenante, à l’image de son nouveau magazine : Face à l’étrange. Loin de vouloir marcher sur les pas de Jacques Pradel, Valérie Bénaïm revient sur les phénomènes paranormaux et tente d’y apporter un regard lucide, comme elle le fait sur son parcours pour Toutelatele.com. Rencontre avec une animatrice passionnée...

Tony Cotte : Vous êtes aux commandes, lundi 23 novembre, du deuxième numéro de Face à l’étrange. Après les « limites du corps humain », entre somnambulisme et combustion spontanée vous traitez, cette fois, de l’existence de fantômes et autres extraterrestres. Peut-on parler d’un nouveau Mystère ?

Valérie Benaïm : Je travaillais à TF1 à l’époque de Jacques Pradel avec l’affaire Roswell, mais je n’ai pas de souvenir précis de Mystère. Ce que nous faisons nous, c’est de l’investigation pas du grand-guignolesque. Que ce soit vrai ou faux, notre mission est de chercher à démontrer avec un angle scientifique. Je n’ai pas l’esprit de me dire que tout ce qui n’est pas rationnellement explicable est forcément faux, je pars du principe que nous devons démontrer pourquoi cela l’est, ou ne l’est pas en fonction des cas.

La diffusion des reportages que l’on peut voir dans ce deuxième numéro vous a-t-elle fait changer d’avis sur la question ?

Pour la présence d’une vie extraterrestre, nous nous sommes rendu au Centre national d’études spatiales, habitué à mettre des satellites sur orbites. Ces gens-là sont sérieux et expliquent qu’ils ont des réunions confidentielles avec, au programme, les OVNIS. Si ces choses-là, au départ, n’étaient l’affaire que de quelques illuminés, elles ont, aujourd’hui, plus de crédit. Il existe même le Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEIPAN) pour lequel un budget de 150 000 € est attribué, sans parler des gouvernements qui ont, eux aussi, leur unité d’études consacré à ce sujet. C’est la preuve qu’il y a des questionnements qui méritent que l’on s’y attarde...

Le slogan de Virgin 17 promet que « Face à l’étrange met les esprits cartésiens à rude épreuve ». Ces émissions, très prolifiques à l’étranger, font souvent l’objet de critiques sur leur aspect « fantasmagorique »...

Le but de Face à l’étrange est de sortir du loufoque. On a tous entendu parler de l’ami d’un ami qui connaît une amie qui fait bouger les tables ou d’un autre persuadé que dans le vieux château dans son enfance, du côté de chez sa grand-mère, il y avait des revenants la nuit, sans évoquer la fameuse histoire de la dame blanche. Si, depuis des décennies, ces légendes urbaines perdurent, n’auraient-elles finalement pas un fond de vrai ? Nous, nous ne nous plaçons pas dans le spectaculaire, nous nous contentons de répondre à une question et d’expliquer.

La construction des différentes reconstitutions est souvent similaire : on expose la thèse, l’antithèse, mais, au final, le mystère reste entier et les scientifiques ne peuvent jamais expliquer concrètement un sujet !

Quand on a tout tenté, il est difficile d’expliquer ce qui n’est pas explicable. Je ne vais pas faire dire à des scientifiques ce qu’ils ne peuvent affirmer. En revanche, je termine toujours l’émission par la phrase suivante : « Avant de juger trop vite, n’oubliez pas qu’il y a encore quelques siècles, certains phénomènes, comme les éclipses de soleil, étaient jugés comme paranormaux ». Pour beaucoup, et pendant longtemps, les feux follets étaient également considérés comme des manifestations de zombis ! Ce n’est pas parce que les scientifiques n’arrivent pas à expliquer un cas aujourd’hui qu’il faut forcément croire au surnaturel.

Vous semblez particulièrement impliquée et intéressée par les sujets traités. Si ces dernières années vous avez changé à plusieurs reprises de chaînes, doit-on s’attendre à du long terme pour Face à l’étrange sur Virgin 17 ?

Je l’espère. Les producteurs de l’émission, ZED Productions, ne font pas beaucoup de programmes de flux. Ils sont spécialisés dans les documentaires et plusieurs de leurs productions ont été primées à l’international. Je ne veux pas faire des trucs de gogo. Ils représentent, en quelque sorte, des garants et leur façon de travailler me séduit avant tout. Nous avons signé, à ce jour, pour trois numéros en prime time. La première émission a très largement dépassé la moyenne de la case horaire, la suite de l’aventure déprendra donc des prochaines audiences.


En 2004, lors de votre arrivée sur la grille de France 3, Évelyne Thomas faisait le chemin inverse et débarquait à l’antenne de TF1. Les dirigeants de cette dernière ont, à l’époque, dit l’avoir récupéré « en pleine maturité » et ont déclaré, à votre sujet, le faire également lorsque vous serez « à maturité ». Ne ressentez-vous pas une certaine frustration aujourd’hui ?

Je ne connaissais pas cette anecdote. J’étais et je reste en excellent terme avec mon interlocuteur privilégié à TF1, Étienne Mougeotte. C’est mon papa de télévision et nous partageons l’amour des lettres. Lorsque je suis partie de la chaîne, il en a été navré et moi aussi. Mais, après 10 ans, j’avais fait le tour et ce que l’on me proposait sur France 3 était un véritable challenge. Au moment de partir, Étienne m’a dit droit dans les yeux que j’étais largement à maturité. Pour lui, j’avais fait mes preuves depuis bien longtemps.

Avec le recul, n’avez-vous pas l’impression d’avoir été envoyée au casse-pipe avec J’y vais, j’y vais pas sur France 3 ?

J’y allais en connaissance de cause, je connaissais le risque de cette case avec son public fidélisé par une autre animatrice. Vider la salle pour la remplir avec des autres spectateurs, pour parler en termes de théâtre, a été l’une des raisons pourquoi j’ai accepté ce pari. Mais, avec le recul, j’aurais aimé que l’on me laisse plus de temps. L’émission fonctionnait bien et je continue de penser que si nous avions eu la chance d’être à l’antenne plus longtemps, nous aurions pu fidéliser un plus large public. Avant Évelyne Thomas, la case faisait 8% de part de marché, nous, nous faisions entre 10 et 12%. Il va sans dire que France 3 aimerait pouvoir atteindre ces scores aujourd’hui.

L’éphémère Jules et les filles a suivi pour seulement quatre semaines à l’antenne. La presse vous attendait au tournant, épiant, jour après jour, vos courbes d’audience. Viviez-vous cette époque sous une pression particulière ?

Croyez-moi, entre TF1 et France Télévisions, la pression, je connais. Mais quand tout le monde est angoissé, je ne le vis pas mal, ça me passe même au-dessus de la tête. J’ai une bonne dose d’inconscience. Que ce soit sur le hertzien, le câble ou la TNT, la pression est la même à mes yeux. Lorsque le pilote de Jules et les filles a été accepté, donc testé auprès d’un public, il s’agissait d’une émission de « conso ». Mais, avant son passage à l’antenne, la direction de France Télévisions a voulu la remanier. Le programme ne correspondait alors plus à la promesse que l’on avait faite. Ça allait dans tous les sens : les anciens étaient toujours un peu présents et les nouveaux membres de la chaîne avaient une vision différente. Nous, au milieu, nous ne savions plus qui écouter et Jules et les filles changeait de concept au quotidien : un jour nous devions faire une émission humoristique, le lendemain, il fallait privilégier les témoignages. Nous avons donc mis un terme d’un commun accord avec Patrice Duhamel. J’ai également toujours pensé que ce programme n’avait pas sa place dans cette case horaire. Dès le départ, nous aurions dû l’installer en access, là même où C à vous est diffusée aujourd’hui sur France 5. Cette émission ressemble d’ailleurs vraiment énormément à Jules et les filles...

Qu’en est-il de La grande illusion, dont les audiences en 2007 étaient plutôt bonnes sur France 3 ?

Cette émission coûtait malheureusement très cher. Dès le départ, nous savions qu’il s’agissait d’un programme événementiel. Il n’a jamais été convenu, quel que soit le score, de le rendre un jour récurrent compte tenu de son ambition. Nous ne nous contentions pas de faire disparaître simplement des objets, les tours de magie nécessitaient plusieurs mois de préparation. Nous piégions des people haut de gamme et nous n’avions pas le droit à l’erreur. Planter un gag aurait représenté des milliers d’euros à la poubelle.

Vous évoquiez votre amour pour les lettres. L’an dernier, vous avez écrit, avec Yves Azéroual, Carla et Nicolas : la véritable Histoire. On parle depuis plusieurs mois d’une adaptation en téléfilm. Où en est le projet ?

Je ne peux malheureusement pas en dire davantage, je suis un peu tenue au secret. Endemol a acheté les droits et je sais que ça bouge beaucoup de ce côté-là. Après, je ne suis pas directrice de casting, je ne suis pas apte à juger quels comédiens pourraient incarner parfaitement Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Ce n’est pas mon métier, ni mon problème. Moi, je m’assure seulement à ce que mon texte soit respecté. Pour continuer à assouvir ma passion des lettres, et en attendant un prochain roman sur lequel je travaille d’arrache-pied, j’ai le bonheur d’être sur France 3 Paris Ile-de-France, aux côtés de Paul Wermus, pour évoquer l’actualité littéraire.