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Xavier de Moulins, le nouveau joker du 19.45

Tony Cotte
Publié le 30/07/2010 à 12:02

En confiant l’animation de son 19.45 à Xavier de Moulins, le temps du congé maternité de Claire Barsacq, M6 continue de marquer une rupture avec son journal. Son rendez-vous de l’information est un pari réussi et se veut une alternative à ceux de la concurrence. L’oiseau de nuit de Paris Première troque ainsi sa mini-caméra et ses virées nocturnes pour un exercice inédit dans son parcours. Sa voix rauque est désormais plus posée et l’animateur gagne en sobriété. Rencontre.

Tony Cotte : L’annonce de votre nom une semaine avant votre arrivée au 19.45, en remplacement de Claire Barsacq, a plutôt étonné. Considérez-vous votre venue comme inattendue ?

Xavier de Moulins : Je peux comprendre l’étonnement étant donné que ce n’est pas une continuité dans mon parcours. En venant du magazine, je n’avais jamais fait de news ni présenter de journaux. C’est un défi nouveau pour moi. J’imagine que l’on s’identifie au personnage de Paris dernière, mais ce n’est qu’une facette d’un tout. J’ai toujours été un gros consommateur et spectateur d’information, que ce soit à la télévision, en presse ou à la radio.

Quelles raisons vous ont poussées à accepter la proposition de M6, si tel est le cas ?

On en parlait avec la chaîne depuis quelque temps déjà. Quand ils m’ont fait cette proposition, j’ai trouvé cela très culotté de leur part. J’y ai réfléchi et en rencontrant la rédaction, ça a complètement fini de me convaincre. Tous les éléments étaient réunis pour y aller : du sujet en passant par l’équipe avec laquelle je collabore aujourd’hui.

L’oiseau de nuit de Paris Première se pose désormais pour présenter un journal de début de soirée. La transition est-elle évidente ?

Il faut déjà signaler qu’elle n’a rien d’historique. Je ne suis pas le premier à passer du magazine à l’info, Marc-Olivier Fogiel n’en avait jamais fait avant Europe 1. Je ne le considère d’ailleurs pas comme un revirement, il s’agit plus d’une évolution de carrière. Paris dernière est présentée comme une dérive nocturne, mais c’est une émission de talk fait à base d’interviews. C’était quand même du travail !

Peut-on dire qu’un JT sur M6 impose cependant une hygiène de vie plus stricte qu’une émission nocturne sur Paris Première ?

Paradoxalement, j’ai toujours eu une hygiène de vie assez stricte. Tourner la nuit exige d’être en forme. Paris dernière est une des émissions les plus physiques du PAF : une caméra ça se porte, une énergie ça se véhicule. J’ai fait 1200 interviews en 4 saisons, et ce, dans des univers très différents. Un journal télévisé exige évidemment et également une bonne hygiène de vie, la rédaction étant en perpétuel mouvement. On peut donc parler ici de « continuité ».

Quel regard portiez-vous sur l’information de M6 avant d’y contribuer ?

Je pense que le 19.45 est un journal qui a le mérite d’être très clair, rythmé et de prendre en compte toute l’actualité qui s’est passé le jour même. C’est un rendez-vous pédagogique qui m’a toujours séduit. Ce journal a été un pari culotté de la part de M6, notamment sur sa forme. Même en tant que spectateur, j’ai trouvé cette alternative réussie. Je me suis forcément retrouvé dans cette envie de proposer quelque chose de différent. Et en faisant appel à moi, ils continuent à vouloir s’inscrire dans cette différence.


Lors de votre première, le lundi 26 juillet, la rédaction de M6 proposait en exclusivité les propos de Franck Ribéry lors de son audition. Vous êtes-vous dit « Là on commence fort ! » ?

Ce jour-là, l’actualité était très chargée entre la triste nouvelle de la mort de Michel Germaneau et ce scoop sur les propos de Franck Ribéry. Et c’est ça que je suis venu chercher : une cohésion et une rédaction extrêmement motivée avec des gens qui sont à fond toute la journée. Le souvenir que je garde de cette première est de m’être senti porté par 40 personnes. On ne fait pas un journal tout seul, je le savais déjà avant de venir, mais j’en ai eu vraiment la confirmation. Ce partage et cet échange donnent de la vie à ce JT et ont rendu mon défi intéressant.

Ce genre de défi se traduit généralement par plusieurs échos dans la presse quant à votre prestation. Avez-vous lu ou entendu ce que l’on a pu penser de vous ?

Pour être honnête, j’étais tellement à fond sur ma mission que je n’ai pas eu le temps de voir les retours.

Ces derniers auraient-ils pu exercer une quelconque pression ?

La pression c’est de faire un bon journal et de remplir ma tâche de joker. Ce que l’on pense de vous, c’est une culture que l’on peut avoir quand on fait du magazine et en effectuant un travail qui prend plus de temps. Mais quand on travaille avec l’actualité, on n’a pas le temps de se poser ce genre de questions.

Avez-vous eu le temps, en revanche, de faire une première autocritique ?

J’en suis à mon troisième JT (l’interview a été réalisée jeudi 29 juillet, ndlr), je ferai le point en fin de semaine. Mais il faut relativiser : comme toute discipline, vous ne débutez pas au top. Je sais que j’ai des points à travailler et il faut avoir la modestie et l’humilité d’apprendre quelque chose tout en donnant le meilleur de soi même. C’est aussi ce qui rend cette mission passionnante.

Celle-ci est-elle amenée à continuer après le congé maternité de Claire Barsacq ?

On verra, pour l’instant je suis joker pour la mission demandée. L’info ne vous permet pas de vous projeter plus que ça, compte tenu de la matière qu’il y a à gérer au quotidien. C’est un rapport au temps que j’aime. Le reste, on verra plus tard...

Ce qui est sûr, c’est que le reste en question n’inclura pas Paris Dernière à la rentrée. La décision d’arrêter a-t-elle été difficile à prendre ?

L’émission continue sans moi. Après quatre saisons, on peut parler de bons et loyaux services. Ça a été une belle aventure qui m’a apporté beaucoup et je pense lui avoir apporté également. Je suis content d’avoir vécu ça, mais je ne suis pas un mec qui me prend la tête. À partir du moment qu’il y avait une envie réciproque de la chaîne et de la mienne de relever le défi du 19.45, je savais que la page Paris dernière était tournée. Bien sûr, ce sont des tonnes de souvenirs, mais je ne suis pas du genre à regarder en arrière.

Et si l’on devait regarder de l’avant, pourrait-on retrouver une émission intitulée « Mon beau miroir », prévue pour la fin septembre et dans laquelle des personnalités médiatiques seront confrontées à leur reflet ?

Ce devrait être à l’antenne de Paris Première. L’objectif de l’émission est de parler de politique un peu autrement.

Que peut-on souhaiter à Xavier de Moulins ?

Bonne chance pour la suite. De bien incarner le 19.45 et, surtout, de bien être à ma place.