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Yann Labasque (directeur de l’unité de programmes jeunesse de TF1) : « Il existe aujourd’hui un véritable savoir-faire français en matière de série d’animation »

Léopold Audebert
Publié le 31/08/2016 à 17:19 Mis à jour le 31/08/2016 à 17:23

Chaque matin, le logo de TF1 disparaît, au profit de celui de TFOU. Pour sa nouvelle saison 2016 / 2017, la case jeunesse de la Une fait encore le plein de nouveautés. Tandis que Ranger Rob, Agents Pop Secrets, Les Enquêtes de Mirette ou encore Les Légendaires feront leur arrivée, les jeunes téléspectateurs pourront également retrouver Les Mystérieuses Cités d’Or, Miraculous, les aventures de Lady Bug et Chat Noir, Pat’Patrouille, les Octonauts et Dora and Friends, pour des intrigues inédites. A l’occasion de ces lancements, rencontre avec Yann Labasque, directeur de l’unité de programmes jeunesse de TF1.

Léopold Audebert : Vous travaillez toute l’année en compagnie d’animaux justiciers, de trains dotés de la parole et d’autres personnages extraordinaires. N’êtes-vous pas, vous-même, un enfant ?

Yann Labasque : Effectivement, il faut aimer les histoires ! À titre d’exemples, nous avons environ huit cents projets par an, que nous recevons ou que nous découvrons dans les différents salons. Il est nécessaire d’avoir entre quatre et dix ans dans sa tête, et de rester un peu sale gosse ! (rires)

Le coup d’envoi de la rentrée 2016 de TFOU a été donné le 28 août dernier, quel bilan dressez-vous de la saison précédente ?

Le bilan est très positif. L’offre linéaire est en très grande forme, leader avec 25,3% de part d’audience. Cela représente treize points d’avance sur notre premier concurrent. Nous essayons aujourd’hui de maintenir ce différentiel important, à travers notre travail de programmation et d’éditorialisation. De même, dans un contexte de forte concurrence, l’offre progresse, ce qui est toujours un signe de vitalité. Nous sommes donc confortés dans nos convictions éditoriales, avec l’envie d’être le point de rencontre de plusieurs enfants, en essayant de proposer une antenne qui plaît autant aux garçons qu’aux filles. Il nous tient toujours à cœur de chercher des séries qui sont à la fois une promesse de divertissement pour les enfants, un espace de confiance pour les parents, mais surtout, et avant tout, un endroit où il est possible de se marrer, qu’on soit un garçon ou une fille.

« Nous avons environ huit cents projets par an, que nous recevons ou que nous découvrons dans les différents salons »

En amont de sa programmation sur l’antenne de TF1, quels critères vous permettent de détecter le succès potentiel d’une série d’animation ?

Il faut d’abord que la série présente le potentiel de réunir les audiences, de s’adresser à un public large. Quel que soit le type de programme, création, adaptation ou reboot, il doit donc y avoir des personnages forts, des histoires qui parlent aux enfants. Lorsque le héros d’un dessin animé est un enfant, il y a plus de chance que le programme fonctionne, car on sait cela permet à notre jeune public de s’identifier rapidement aux situations. Il faut également que la série soit bien écrite, et surtout drôle !

Quelle place accordez-vous aux créations françaises ?

À la base, nous avons une obligation d’investissements au niveau du groupe TF1. Mais, au-delà, il existe aujourd’hui un véritable savoir-faire français en matière de série d’animation. Que ce soit visuellement, grâce à d’excellentes écoles d’animation, ou encore au niveau de l’écriture. Pour nous, c’est également une source de satisfaction lorsque l’on arrive à monter des succès avec des séries françaises. Aujourd’hui, ces derniers sont assez partagés, venant à la fois de France et d’acquisitions internationales. En tout cas, je pense que nous sommes l’une des seules antennes avec cette capacité à faire résonner des créations françaises à la hauteur de grands succès internationaux.

« Lorsque le héros d’un dessin animé est un enfant, il y a plus de chance que le programme fonctionne »

À l’heure où la 3D est présente dans de nombreux dessins animés, recherchez-vous une diversité esthétique particulière pour vous programmes ?

Nous ne la recherchons pas mais nous ne la fuyons pas non plus. Encore une fois, tout dépend des histoires, de l’attachement au héros, de l’originalité des univers proposés. C’est vrai que, quand on a quatre-vingts séries avec des véhicules qui ont des yeux, et que, d’un coup, une série a la bonne idée de mettre des chiots pour les conduire, cela sort du lot par rapport à tout ce qui peut être produit ! Il est alors possible de se dire qu’il y a quelque chose est très intéressant à fouiller, que la narration est vraiment sympathique. Il s’agit de l’exemple de Pat’Patrouille, l’un des plus gros succès actuels.

En l’espace de quelques années, la grille de programmes de TFOU a considérablement été renouvelée. Tandis que d’anciennes marques ont progressivement disparu, de nouvelles ont été mises à l’antenne. Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur cette évolution ?

Nous l’avons fait progressivement, sans grosse rupture. L’idée a été, et est toujours, d’être au rendez-vous de ce que veulent les enfants : être embarqués dans des univers qu’ils connaissent, ou en découvrir d’autres. J’avais, personnellement, l’envie de les sortir du quotidien, et de faire voyager ceux qui ne peuvent pas le faire. Au-delà, l’idée est de pouvoir créer ces nouvelles marques, afin d’apporter de la surprise. Les petits aiment bien être rassurés, donc c’est bien d’avoir les mêmes héros pendant longtemps. Mais, même à l’échelle de quelques années, les rythmes peuvent évoluer. Je pense qu’il est important d’amener des nouveautés. La première vague de celles-ci était très portée sur la thématique « aventure ». Nous avons alors saupoudré toutes nos séries de cela, avec de la comédie. C’est par exemple le cas des Mystérieuses cités d’or, Oum le dauphin blanc, Robin des bois ou encore des Mini ninjas. Ce mélange peut faire évoluer le genre. Aujourd’hui, comme nous avons beaucoup de séries d’aventure, nous préparons la vague suivante, avec des programmes d’enquêtes, et une dynamique encore un peu différente. Et nous cherchons les successeurs des Minijusticiers ! (rires)

« Je pense que nous sommes l’une des seules antennes avec cette capacité à faire résonner des créations françaises à la hauteur de grands succès internationaux »

Parallèlement à leur diffusion linéaire, les programmes de TFOU sont aujourd’hui accompagnés par de nombreux modules digitaux, accessibles via le web. Quelle est la portée stratégique de tels investissements pour le groupe TF1 ?

Nous avons une équipe dédiée, au sein de l’unité de programmes jeunesse. Elle est en charge de la création de contenus et de modules digitaux. Ces derniers sont destinés à l’accompagnement de la promotion du programme linéaire, mais également à prendre le relai de la fin de l’antenne à huit heures trente. Des expériences sont alors proposées aux enfants, adaptées à leurs nouveaux usages. Assez courts, ils leur permettent d’aller plus loin et de s’approprier une série. Mais surtout, même quand il existe une offre vidéos sur d’autres supports, l’idée est raconter une histoire à l’enfant : lui proposer de découvrir le parc de Ranger Rob, ou encore de devenir le plus grand détective de tous les temps !