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Yarol Poupaud : « Nouvelle Star n’est pas un concours de chant ! »

Marion Olité
Publié le 11/12/2014 à 19:11 Mis à jour le 20/01/2015 à 11:14

Producteur et musicien, notamment pour Johnny Hallyday, Yarol Poupaud a rejoint cette saison le jury de Nouvelle Star aux côtés de Elodie Frégé, Sinclair et André Manoukian. Sans langue de bois, ce grand passionné de musique a livré à Toutelatele ses premières impressions sur l’expérience.

Marion Olité : Pourquoi avez-vous accepté de participer à Nouvelle Star ?

Yarol Poupaud : Marco Prince ! C’est mon pote depuis plus de vingt ans, et il a été membre du jury de Nouvelle Star, comme Philippe Manoeuvre, un autre de mes grands copains. Je les ai appelés en leur expliquant la proposition. Ils m’ont dit tous les deux que c’était un super programme, qu’ils s’étaient éclaté à le faire et que je devrais y aller. C’est un programme où on ne parle que de musique. Ça m’a motivé. En plus, la production m’a fait comprendre qu’elle ne cherchait absolument pas à me faire rentrer dans un moule ou à me demander de jouer un rôle. Il fallait juste que je sois moi-même et que je dise ce que je pense, tout simplement.

Avez-vous regardé les prestations de vos prédécesseurs ?

J’ai vu un peu les émissions, mais sans plus, je ne regarde pas beaucoup la télévision. Quand j’ai été contacté pour y participer, je n’ai pas essayé de revoir des épisodes. J’ai fait exprès d’arriver complètement vierge. Le seul truc que j’ai regardé, ce sont les prestations de Steven Tyler à American Idol. J’ai toujours adoré Aerosmith et le mec était quand même assez marrant ! J’ai plutôt regardé ce qui se passait aux États-Unis qu’en France. Je n’avais pas envie d’arriver avec une idée préconçue de la manière dont elle fonctionnait.

Pensez-vous que le niveau des candidats de Nouvelle Star est comparable à celui de American Idol ?

J’ai été surpris par le niveau en France, que je trouve vraiment très bon. Pour ce que j’en ai vu, j’ai été un petit peu déçu par les candidats d’American Idol. Cela dit, je ne suis pas allé très loin dans les épisodes.

Comment vous définiriez-vous en tant que juré ?

Je suis quelqu’un de direct. Je n’ai pas l’impression d’être sévère, ni méchant. J’essaie de dire ce que je pense, ce n’est déjà pas facile !

« On fait plus les cons hors-caméra que sur le plateau ! »

Est-ce compliqué pour vous de devoir dire non aux candidats ?

C’est l’enfer ! Surtout de dire non à ceux qui sont bons. Plus l’émission avance, plus on doit en éliminer, et on se retrouve obligé de refuser des candidats vraiment très talentueux. On ne peut pas garder tout le monde, et ça, c’est vraiment dur.

Cette année plus que les autres, on sent que le programme insiste sur la musique avec des épreuves avec instrument, des candidats qui s’accompagnent dès les castings. Avez-vous ressenti cette évolution ?

Oui, on fait de la musique à Nouvelle Star. Ce n’est pas un concours de chant. Enfin, je ne fais pas une grande différence entre un chanteur et un musicien. Maintenant, il faut tout de même un haut niveau vocal. On a vu des candidats arriver et jouer super bien de la guitare par exemple, mais la voix ne suivait pas. Au contraire, certains ont appris à jouer de la guitare pour faire l’émission. C’est quand même mieux que d’arriver les mains dans le dos. Effectivement, il y a un côté très musicien dans les candidats. On a eu de très beaux pianistes, des musiciens qui jouaient du violoncelle, des percu... C’est cool, tant mieux si on apporte ça.

Avez-vous demandé conseil à vos collègues aguerris comme André Manoukian pour bien appréhender votre rôle de jury ?

Lors des premiers castings de province, c’est sûr que j’étais un peu en retrait. Je n’ai pas foncé après le passage du premier candidat (rires). On a été à l’écoute de nos profs. André et Mathieu (Sinclair, ndlr) ont été super cool. Ils nous ont mis à l’aise dès le début. Ils nous ont vachement aidés, en nous apportant des tuyaux sur comment formuler nos jugements. C’est ça le plus dur : réussir à faire un debrief efficace en deux minutes. C’est une gymnastique particulière, mais passionnante, plaisante à faire et instructive, même pour nous en tant que musiciens.

Comment avez-vous vécu ce rôle de juré, qui demande d’être un peu « show off » ?

Depuis le temps que je fais de la musique, je connais bien le monde de la télévision. J’ai fait un paquet d’émissions, que ce soit avec Johnny Hallyday, des live en prime time sur TF1, des interviews... Je suis habitué au truc des caméras. Mais en fait, dans Nouvelle Star, ils se démerdent très bien. On ne voit pas les caméras, et on oublie qu’on est filmé non-stop. Du coup, on déconne entre potes. Après, c’est bien qu’il se passe des trucs. Tout le monde le sait. Quand tu as une petite idée, que tu te dis que faire ou dire ça peut être marrant, tu le fais. Mais on est comme ça dans la vie aussi. S’ils nous filmaient dans la loge, ils auraient encore plus de trucs marrants à montrer. On fait plus les cons hors caméra que sur le plateau !

« Johnny Hallyday est très content pour moi »

Connaissiez-vous les autres jurés ?

Avec Mathieu, on a commencé ensemble, lui sous le nom Sinclair, moi avec FFF. On s’est retrouvé dans plein de festivals et de concerts. On a même fait une tournée en Amérique du Sud en 1994. On fait partie de la même bande. André, je l’avais croisé très souvent dans des émissions de radio. C’est pareil, on a plein de copains musiciens en commun. Entre nous quatre, il y a une très bonne osmose. On s’amuse beaucoup.

Comment avez-vous géré les moments de désaccords entre les jurés ?

Quand on n’est pas d’accord, on finit par l’être peu de temps après. C’est arrivé plusieurs fois qu’on ne soit pas du même avis sur un candidat : deux étaient à fond, les autres le trouvaient mauvais. Quand on le revoyait une deuxième fois, deux jurés en général changeaient d’avis. Il y a une certaine logique. Il est rare qu’on ne soit pas d’accord sur un candidat plus de deux passages d’affilée. On est tous hyper ouverts et on change tous d’avis très facilement. Aucun de nous n’est buté dans ses certitudes. J’aimerais que tous ceux qu’on envoie aux primes soient des gagnants potentiels, dont je serais fier.

À quels genres de voix ou d’artistes êtes-vous sensible ?

Il faut qu’il y ait de l’attitude. Pas besoin d’être forcément rock’n’roll. Ça peut être une petite nana au piano. Je veux de fortes identités. Il doit se passer quelque chose dans la pièce. C’est ce qui fait les stars. Quand elles rentrent, l’air change. Une tension se crée avant même qu’ils se mettent à chanter. Elles ont un magnétisme, une présence. Je m’en fous carrément de la belle voix. Je suis un immense fan de Bob Dylan. Il se serait présenté au télé-crochet, il n’aurait pas forcément été sélectionné (rires) !

Qu’a pensé Johnny Hallyday de votre participation à Nouvelle Star ?

Il était très content pour moi. Ça l’amuse beaucoup. Il trouve ça super cool.