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Yoann Riou (L’Equipe) : « La bienveillance absolue de Quotidien a eu rapidement des répercussions positives »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 31/10/2017 à 18:46 Mis à jour le 31/10/2017 à 18:54

Yoann Riou commente les plus grands matchs de Ligue 1 et de Ligue des Champions sur L’Equipe. Le journaliste sportif se confie sur son succès qui a été porté par Quotidien, le talk-show de Yann Barthès sur TMC.

Benoît Mandin : Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début d’un match ?

Yoann Riou : Comme on sait que l’on vit un moment rare et unique, j’ai conscience que peut-être plus jamais on ne retrouvera le fluide entre la chaîne et les téléspectateurs. Je me dis de faire le match comme si c’était le dernier, car c’est tout à fait impossible que je retrouve une émission avec un tel concept. Je stresse énormément et je me mets une énorme pression de me dire que les gens qui viennent sur la 21 sans les images ont du mérite. On essaye de trouver le maximum d’informations et d’histoires pour ne pas les décevoir. Le match commence, on a une minute de stress, et après c’est le bonheur.

Vous apparaissez particulièrement déchaînés. D’où vous vient une telle énergie ?

C’est un job de rêve ! Je ne sais même pas si on peut appeler ça un travail de commenter des matchs de foot, car c’est l’un des plus beaux métiers du monde. Par respect pour le public et tous les passionnés qui ont la gentillesse d’appuyer sur la 21, c’est normal de leur offrir de l’énergie, de l’enthousiasme, de la passion et de la bonne humeur. Sur une heure trente, on se divertit, mais il y a énormément de travail en amont. On essaye de faire du commentaire reportage en expliquant les clubs et en donnant des anecdotes sur les joueurs.

Vous n’hésitez pas à vous mettre en scène et à mettre à contribution Candice Rolland ou Raphaël Sebaoun. Comment se passent vos duos ?

On a tous les trois conscience de vivre un rêve et on sait que la télé est un milieu difficile. Nous avons la chance de participer à un programme depuis un an qui marche et où il y a une bonne ambiance dans le groupe. Quand on lance un nouveau concept en France et que rapidement un état d’esprit se crée, c’est formidable de voir que le public adhère. On vit une aventure incroyable ! On se demandait combien de temps ça allait vraiment durer puisque les passionnés de football préfèrent voir les images en streaming ou dans un bar. Le pari a été vraiment de faire vivre un programme qui à la base ne pouvait pas avoir de chances d’exister. Tout a été fait de manière artisanale, la caméra tient par exemple avec une ramette de papier (rires). On vit ce bonheur incroyable de faire un programme que l’on a créé de nos mains, qui ne coûte presque rien à la chaîne et qui fait de très belles audiences. C’est une sorte d’état de grâce qui dure depuis un an, mais on est tout conscient que tout peut s’arrêter demain.

« C’est une sorte d’état de grâce qui dure depuis un an, mais on est tout conscient que tout peut s’arrêter demain »

Comment se prépare un match ?

En moyenne, il nous faut vingt-quatre heures minimum de préparation. On regarde deux matchs des semaines précédentes pour chacune des équipes. Pour le choc contre le PSG, je vais regarder au moins deux matchs d’Anderlecht afin de connaître la composition technique et le schéma tactique. Avant le match Strasbourg / OM, j’ai appelé il y a trois semaines l’entraîneur de Strasbourg pour lui demander de m’expliquer comment allaient son équipe, la stratégie qu’il comptait mettre en place et les habitudes des joueurs. On essaye à chaque fois d’avoir un directeur sportif, un entraîneur ou un ancien joueur en amont du match que l’on va commenter. Mon passé et mes rencontres en presse écrite, où j’ai évolué pendant dix-sept ans, m’aident beaucoup aussi. Pour Dortmund / Monaco l’an dernier, on est partis avec Candice voir un match de Dortmund sur une journée de congé, tout ça dans le but de faire part de notre expérience aux téléspectateurs. On essaye de les inviter au voyage en leur donnant envie d’aller au stade.

Comment arrivez-vous à vous différencier des chaînes payantes ?

Bien évidemment, Canal+, SFR Sport et beIN Sports font la différence puisqu’ils ont les images (rires). On ne sera jamais en concurrence avec eux, mais il faut reconnaître que la plupart des Français n’ont pas les abonnements. L’Équipe propose alors un programme alternatif où elle assure la bonne humeur, de la rigueur et une envie de se divertir ensemble. On essaye de compenser le fait de ne pas avoir l’argent nécessaire pour les droits télé en les invitant à venir passer trois bonnes heures avec nous. Les résultats sont là puisqu’on a fait des belles audiences pour Anderlecht / PSG, OM / PSG… On est en aucun cas là pour concurrencer également la radio.

Quels liens avez-vous avec les audiences ?

On n’a pas la pression de TF1, France 2 et Canal+ qui mettent des moyens infinis. L’Équipe est la chaîne challenger et même si on m’a toujours dit de ne pas les regarder, je m’intéresse énormément aux audiences. On ne se donne pas des objectifs, mais c’est une concrétisation. Au lendemain d’Anderlecht / PSG, j’ai regardé dix fois mes mails pour voir si les audiences étaient tombées ! Je suis déjà un homme heureux, mais quand les audiences sont bonnes, on est au paradis (rires). Tout cela dépend aussi du match que l’on fait, car si l’on était sur un match de DH, on serait loin de l’audience d’un OM / PSG. Lorsque l’on fait le Paris Saint-Germain en Ligue des Champions, on a de grandes choses de réaliser des bons scores.

Comment expliquez-vous ce succès ?

Il faut absolument remercier le public, car on n’arrive pas à se l’expliquer. A 39 ans, j’ai l’impression que je ne revivrai plus jamais ça. Entre la bonne ambiance de l’équipe, la cabine, l’alchimie avec les téléspectateurs et les réseaux sociaux, tout est lié. Je viens de recevoir une lettre d’une petite fille et de son papa, ils m’ont envoyé une énorme boîte de stabilo box et un petit mot d’une incroyable gentillesse. On croise les doigts pour que l’aventure continue. Chaque bonne audience nous fait rester modeste, car il ne faut pas oublier que tout cela ne tient qu’à un fil. Le dimanche soir, on a une énorme concurrence, mais les gens arrivent à nous faire exister. Depuis que le programme est né, on a eu des matchs faramineux avec des scénarios exceptionnels grâce à Paris, Marseille, Monaco… Au niveau des audiences, on fait des formidables secondes mi-temps. Par contre, demain vous mettez une autre personne que moi, elles seraient identifiques !

« Au niveau des audiences, on fait des formidables secondes mi-temps »

Vous avez été particulièrement porté par Quotidien et la chronique sport d’Étienne Carbonnier. Comment le vivez-vous d’être devenu une mascotte pour l’émission ?

Je pense que nous leur devons énormément le succès du programme. Quotidien a été fondamental et nous a accueillis dès le départ avec bienveillance. Étienne Carbonnier, que je ne connaissais pas, a commencé à parler de nous la saison dernière, et a une incroyable fidélité. Ils sont venus faire un reportage à L’Équipe, puis j’ai été invité sur le plateau de Quotidien, et j’y suis retourné pour commenter une séquence où Emmanuel Macron jouait au foot à Sarcelles. Le jeudi 23 novembre, nous allons enregistrer un spécial Quotidien sport, présenté par Étienne Carbonnier, qui sera diffusé pour les fêtes de fin d’année. Nous sommes un petit programme de L’Équipe et d’avoir eu une bienveillance absolue de Quotidien, ça a eu rapidement des répercussions positives. On a également eu la chance d’avoir un super article dans le supplément week-end du Parisien et d’incroyables échos médiatiques.

Le 5 décembre, vous allez commenter Bayern / PSG chez des téléspectateurs. 3.000 candidatures ont été enregistrées…

Lorsqu’on a lancé cette idée, on ne savait pas comment le public allait l’accueillir. L’état de grâce continue et c’est un cadeau que l’on rend aux téléspectateurs. On va donner beaucoup le micro aux personnes présentes sur place et je me réjouis d’aller chez des passionnés de football. J’ai envie que ça soit une formidable soirée. Quand je vais sauter sur le canapé, j’espère que les ressorts vont tenir (rires).

Comment appréhendez-vous ce challenge ?

Avec beaucoup de bonheur. J’ai le sentiment de récompense, c’est une soirée européenne avec une superbe affiche, donc là c’est du plaisir. On va beaucoup réviser, mais on va tellement être porté par l’engouement et la générosité des gens qui nous reçoivent, que l’on va savourer la concrétisation du projet. J’espère qu’il y aura d’autres opérations.

Le public peut-il imaginer le stade comme la prochaine étape ?

C’est le rêve d’une vie, mais tout rêve a toujours peur de se briser… Je ne peux en tout cas que travailler pour ça et j’espère que ça arrivera un jour. Je pense qu’à ce moment-là, je pourrais partir en retraite !