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La folie Nagui (1/2)

Joseph Agostini
Publié le 15/08/2002 à 00:00

Décembre 1991 : la 5 dépose le bilan. Le plan de
sauvetage d’Hachette, la maison d’édition qui devait,
selon les mots de Robert Hersant (principal
actionnaire de la chaîne en débâcle) « sauver la 5 »,
n’a pas fonctionné. Des vingt-deux programmes créés au
printemps de la même année, un seul est encore sur la
grille : le jeu présenté par Nagui, tous les jours à
12h, Que le meilleur gagne.

A l’état de mort clinique, à partir du mois de janvier suivant, la 5 en arrivera même à rediffuser quotidiennement certains numéros de l’émission, vieux de plusieurs mois. Du jamais vu dans l’histoire des jeux télévisés !

A la mort de la chaîne privée, en avril 1992, Antenne 2 est à cours d’idée pour son access prime time, créneau
sinistré depuis près de cinq ans. Nagui, cet animateur
d’origine égyptienne, à la répartie féroce et aux
vestes multicolores, représente une nouvelle
génération de visages, et les échecs répétés du
franchouillard Georges Beller à 19 heures encouragent
la chaîne publique à repeindre ses façades. Nagui
arrive donc discrètement sur Antenne 2, d’abord dans
une version remastérisée de Caméras indiscrètes, et très vite dans Que le meilleur gagne ressuscité, à la grande joie de ses aficionados.

Le jeu est rapidement programmé deux fois dans la journée, à 12h30 (il prend la relève des Mariés de la 2), et à 19h20. S’il n’affole pas encore TF1, Nagui rajeunit malgré tout sensiblement ces deux tranches horaires sans faire fuir les plus de cinquante ans ! L’audience frémit, augmente, puis double, au mois de décembre suivant, atteignant les 25% de part de marché, depuis si longtemps rêvés par la 2 (devenue France 2 par la même occasion).

Nagui parvient donc à talonner Christophe Dechavanne et à devenir le chouchou de sa chaîne, laquelle réfléchit sérieusement à lui confier de nombreux autres créneaux sur sa grille. C’est ainsi qu’au mois de janvier 1993, Nagui parvient à imposer son propre rendez-vous musical, Taratata, le dimanche, en deuxième partie de soirée. Si l’audience de ce divertissement haut de gamme, qui privilégiait la musique aux confidences des vedettes, a toujours été très basse, Taratata était un peu à Nagui ce que Vol de nuit est encore à PPDA : un jouet extraordinaire, offert par les décideurs en échange d’un service rendu !

Mais c’est l’année suivante, en octobre 1994, que Nagui connaîtra sa véritable ère de gloire. En plus de son jeu quotidien et de son émission hebdomadaire, France 2, dorénavant présidée par Jean-Pierre Elkabbach, offre la case si convoitée du samedi soir à son animateur star. Nagui produit, crée et présente alors N’oubliez pas votre brosse à dents, un show à l’américaine en public, parodie des jeux télévisés habituels, avec effets cartoon et cinéma, sous la houlette du génie de la réalisation, Gérard Pullicino.

L’audience s’enflamme avec plus de 6 millions de téléspectateurs, TF1 tremble. La « brosse à dents », cet anti-jeu délirant dans lequel qui perd gagne, révolutionne le divertissement du samedi soir. L’année suivante, France 2 décline le concept (Miroir, Cocktail), avec le même Nagui en maître de cérémonie...

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