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Gérald-Brice Viret, Directeur Général de NRJ12

Tony Cotte
Publié le 04/10/2007 à 13:33 Mis à jour le 24/02/2013 à 16:09

C’est dans son bureau de l’avenue Théophile Gautier que Gérald-Brice Viret reçoit Toutelatele.com. Le Directeur Général de NRJ12 est aujourd’hui à la tête d’un pôle TV riche et varié. Il fait le point sur son parcours et la rentrée de la chaîne. Amateur de métaphores, il n’hésite pas à faire le lien entre NRJ12 et une maison dont il construit actuellement, avec son équipe, les murs. Entretien.

Tony Cotte : Avec le recul, de 8 Mont-Blanc à NRJ12 comment analysez-vous votre parcours ?

Gérald-Brice Viret : C’est la radio qui m’a permis d’en arriver là. J’ai commencé sur ce support avec la libéralisation des ondes. J’ai travaillé également à la télévision locale en tant que journaliste-animateur ayant fait des études de science-politique. Mais j’analyse d’abord ce parcours par la passion de la télévision. Ce sont de nouvelles aventures à chaque fois : du locale, avec 8 Mont Blanc et TLM, au régionale pour Antilles Télévision avec M6 où j’ai crée une chaîne généraliste et France 3 Nancy en tant que directeur des programmes. Je suis passé par le câble & satellite pour la création de Voyage puis la direction générale de TMC avec un dossier pour la télévision numérique terrestre que nous avons obtenu. Enfin, il y a eu le repositionnement au sein du groupe NRJ pour donner un nouvel élan à NRJ12. Suite au succès de la TNT, le groupe souhaitait un deuxième départ pour sa chaîne. Aujourd’hui, on peut dire que la boucle est bouclée : je suis à la tête d’un pôle tv à la fois musical, généraliste et régional (7L TV à Montpellier, ndlr).

A 8 Mont-Blanc, souhaitiez-vous déjà à l’époque vous rendre à la capitale comme bon nombre d’animateurs locaux ou est-ce un coup du hasard ?

C’est le fruit du hasard. J’étais à Annecy et j’ai fait mes études à Grenoble, puis je suis monté faire de la radio en tant qu’animateur et programmateur à Paris. Passionné par la télé, j’ai appris la création d’une chaîne locale dans ma région (Haute Savoie, ndlr) avec 8 Mont Blanc. Je suis donc parti de la capitale où je n’avais pas particulièrement l’ambition d’être. Mais ce qui est important c’est d’aller vers les opportunités et elles sont partout.

Le groupe NRJ ne s’est jamais caché de son ambition de devenir une généraliste. Est-ce pour cette raison que vous êtes là aujourd’hui après avoir endossé la responsabilité de directeur général adjoint en charge de l’antenne de TMC ?

Je pense que c’est le cas. Au début, je me suis demandé s’ils souhaitaient faire une musicale ou une généraliste. Moi je suis capable de faire les deux même si je suis davantage spécialiste pour une chaîne généraliste. Notre objectif est désormais clair : nous souhaitons avoir une chaîne qui compte dans le PAF, et ça, ça se construit dès aujourd’hui. NRJ12 a pris de l’étoffe depuis quelques mois. Quand je suis arrivé, seules les fondations étaient posées. Mais il faut construire des bases avant de pouvoir changer l’ameublement et la déco. Aujourd’hui, nous en sommes aux murs...

Vous semblez amateur de métaphores. En 2003, vous avez même déclaré au Film Français à propos de TMC : “Un directeur de programmes est un chef cuisinier. Le choix des produits est aussi essentiel que la manière de les associer. Et quand on n’a pas les moyens d’une grande chaîne, on peut toujours trouver dans de plus petits produits des saveurs nouvelles.” Cette illustration est-elle applicable à NRJ12 aujourd’hui ?

Plus que jamais ! On ne peut pas se servir comme le font les chaînes des groupes TF1, M6 ou AB. Il faut trouver des astuces et des programmes qui ne sont pas forcément premium mais qui restent de bonne facture. On se fournit beaucoup chez les indépendants américains et on vient de signer des accords avec BBC, comme pour Torchwood. Il faut être plus malin que les autres. Qu’on aime ou non, avec Elimidate et 70’s show, nous avons un acces cohérent. C’est décalé et destiné aux 11/34 ans, cible sur laquelle on superforme sur ce créneau depuis la mise à l’antenne.


Les projets éditoriaux que vous aviez proposés à l’époque de la candidature de TMC pour la TNT ont totalement disparu de l’antenne aujourd’hui, notamment votre rééquilibrage entre le nombre de magazines et d’émissions par rapport aux fictions. Quand on voit l’audience qu’enregistre cette chaîne que pensez-vous de son évolution ?

Un dossier de candidature reste un dossier. Vous êtes pétri de bonnes attentions quand vous voulez faire une chaîne. L’important est d’y aller à terme. Le projet présenté n’était pas tout de suite instantané. Il s’agissait d’un bon dosage entre les émissions et fictions et je pense c’est vers quoi ils vont aller. C’est une question de rétro planning. Je pense que la direction entreprise par TMC est très bonne : à la fois rester sur les fondamentaux de la chaîne, destinés aux 35/60 ans tout en allant vers un public plus jeune avec une programmation cinéma plus forte et des productions très saillantes.

La considérez-vous aujourd’hui comme une concurrente ?

Les chaînes de la TNT sont avant tout ensemble pour gagner le pari de la télévision numérique terrestre.

N’est-il pas déjà gagné ?

Il faut diffuser sur tout le territoire, prendre des parts de marché aux chaînes hertziennes sur un public qui n’est pas allé naturellement vers une offre de complément. Et une fois que les gens viennent sur TMC, NRJ12, Europe 2 TV ou W9, à nous de les capitaliser. Mais gagnons ensemble le pari de la TNT, faisant des chaînes de qualité qui soient de véritables alternatives en contre programmation par rapport aux chaînes nationales. Après, au sein de cette offre complémentaire, il y a bien entendu de la concurrence. TMC a 55 ans, elle est soutenue par le groupe AB et TF1. W9 est, quant à elle, soutenue par le groupe M6 avec une politique d’acquisition offensive, une des meilleures en France. C’est normal qu’elles soient loin devant les nouvelles chaînes mais on ne se bat pas avec les mêmes armes.

Lors de la conférence de pré-rentrée au début de l’été, vous êtes revenu sur l’acquisition de The Next Pussycat doll en parlant de son diffuseur, le network américain CW. On a senti dans votre discours une certaine volonté de faire de NRJ12 son homologue français.

Avoir de l’ambition c’est ça. CW est une très belle chaîne avec Les frères Scott, Supernatural et The Next Pussycat doll. Mais on ne sera jamais CW. Elle a trouvé ses marques par rapport aux autres networks. Je parlais surtout d’une cohérence éditoriale de la chaîne. Notre objectif, c’est de la trouver. Nous ne l’avons pas encore fait mais nous sommes en chemin...

A l’instar de CW, vous allez bientôt proposer votre propre real-tv de mannequinat...

Ca fait très longtemps que l’on voulait le faire. Nous sommes en cours de développement avec un concept 100% original, produit par 909 Productions. Dominique Damien Rehel a fait un pre-casting et une association nommée Génération Top Model. Étant donné sa forte personnalité, on souhaitait faire une émission éponyme. Nous tournons l’émission à Agadir pendant ce mois d’octobre.

Quand on regarde la grille de NRJ12, on se demande s’il n’y a pas une certaine ambiguïté avec la diffusion de Sinbad / Flipper et Tarzan à 20 heures ou encore Crimes en séries en prime time ! Ces programmes visent-ils vraiment votre coeur de cible ?

(Les séries Sinbad et Flipper sont finalement déprogrammées à partir du 8 octobre prochain, ndlr)

Tout n’est pas destiné à un cœur de cible dans une grille des programmes. On vise aussi la ménagère de moins de 50 ans et les 35/49 ans. En prime-time, nous sommes beaucoup plus large, notre cœur de cible n’étant pas toujours disponible à 20h50. Après, nous sommes obligés de faire des quotas. Une série comme Crimes en séries avec Pascal Légitimus ne me dérange pas. On préfère la diffuser à Boulevard du Palais ou Maigret. Tarzan est une production M6, considérée comme quota français. On ne se souvient pas mais cette chaîne a démarré en diffusant Les rues de San Francisco à 19 heures et d’autres séries comme Mission Impossible ou Amicalement vôtre. Ils ont eu ensuite un déclic avec X-Files. Tout n’est pas en phase avec une ligne éditoriale dès le départ, a fortiori pour une généraliste.