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Jérôme Bureau (Président de Paris Première) : « Il existait une vraie solution pour sa survie et elle nous a été refusée par le CSA »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 29/07/2014 à 18:57 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Jérôme Bureau est le président de Paris Première depuis octobre 2012, mais également le directeur de l’information sur M6 depuis 2004. Toutelatele a recueilli ses premières réactions suite au refus du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel du passage de Paris Première sur la TNT gratuite.

Benjamin Lopes : Quelle est votre première réaction suite à la décision du CSA ?

Jérôme Bureau : On est à la fois tristes, déçus, et consternés par les motivations de cette décision et notamment par le paragraphe spécifique qui nous est accordé, qui nous renvoie à ses supposées analogies avec des chaînes ayant des formats et des téléspectateurs qui seraient les mêmes que les nôtres.

Le CSA a effectivement annoncé que Paris Première « serait susceptible d’affecter la viabilité économique et financière » du paysage audiovisuel. Le comprenez-vous ?

Nous n’avons pas de téléspectateurs uniques à Paris Première. Pour parler franchement, on a l’impression que la seule chose qui a été oubliée dans cette décision, c’est le téléspectateur, c’est à dire justement le bénéfice qu’il pourrait en tirer, à savoir recevoir une chaîne historique ayant une vraie identité et ayant fait ses preuves avec des programmes différents. Depuis 28 ans, Paris Première a toujours su être originale et on a l’impression que ça n’a pas du tout pesé dans cette décision.

Que reprochez-vous au CSA concrètement ?

Il est question de conjoncture économique, mais par définition, ce n’est pas fait pour durer à ce que je sache. Nous sommes au final déçus de ne pas avoir été jugés sur ce que nous faisons et sur la réalité de notre dossier.

Que comptez-vous faire aujourd’hui ?

On compte se battre pour que Paris Première vive. On a toujours dit que ça serait très compliqué, mais nous allons nous retourner dans un premier temps vers les opérateurs de télévision payante pour obtenir les conditions de cette vie future. Il nous paraît cependant que l’avenir de la TNT payante est compromis surtout si LCI met ses menaces à exécution et avec la disparition d’Eurosport du bouquet.

« Nous n’avons pas l’intention de laisser mourir Paris Première »

Des recours sont-ils possibles ?

Nous allons étudier les éventuelles conditions d’un recours. Il en existe plusieurs et ils nécessitent un certain temps avant de pouvoir les effectuer, donc ça va demander un peu de temps pour étudier cette situation, mais nous le prendrons. Nous allons chercher des solutions pour garantir l’avenir de Paris Première. Nous ne voulons pas qu’elle s’arrête dans quelques mois ou à l’échéance de ses contrats actuels. On va tout faire pour que cette chaîne vive.

Avez-vous une échéance par rapport à la viabilité de la chaîne ?

Nous savons qu’en 2014 nos contrats sont assurés, mais que notre équilibre économique commence à être très précaire. Dès 2015, la question va se poser. Le CSA note d’ailleurs dans son communiqué qu’il sera attentif aux conditions financières qui nous seront réservées sur le payant et on le remercie de cette sollicitude. J’espère que le message sera entendu par les opérateurs de télévision payante et qu’ils nous donneront les moyens de vivre. Puisque nous n’avons pas les moyens de vivre en gratuit, il faudra nous les donner en payant.

LCI annonce la destruction de centaines d’emplois. Paris Première est-elle également menacée sur le plan de l’emploi ?

Aujourd’hui, on ne part pas sur le principe que la chaîne va fermer, et que cela fera des emplois en moins. Il existait une vraie solution pour sa survie et elle nous a été refusée par le CSA. On va se battre pour en trouver d’autres. Nous n’avons pas l’intention de laisser mourir cette chaîne. Là-dessus, nous avons toujours eu une position différente de celle de LCI. En nous refusant ce passage sur la TNT gratuite, le CSA nous oblige à trouver des trésors d’ingéniosité pour assurer la survie de Paris Première.