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Melody Thomas Scott (Les Feux de l’amour) : « Je hais Nikki »

Claire Varin
Publié le 05/11/2013 à 13:41 Mis à jour le 15/11/2013 à 12:03

En mars 2013, Les Feux de l’amour ont célébré leur quarante ans. La fête s’est prolongée en juin au Festival de Monte-Carlo avec Melody Thomas Scott. L’actrice incarne Nikki Newman depuis 1986. Lors de cette interview, elle évoque son personnage : Nikki et Victor, Nikki alcoolique,... Mais aussi son métier de comédienne et son amie Jeanne Cooper alias La Duchesse Chancellor.

Les Feux de l’amour ont fêté leurs quarante ans. Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts dans le soap opera ?

Melody Thomas Scott : C’était il y a si longtemps. Je me souviens des coupes de cheveux des années 80 (rires). Nikki était une jeune femme naïve, qui avait beaucoup de choses à apprendre. C’est encore le cas aujourd’hui. Je me souviens probablement plus de ce que Nikki faisait que de la personne que j’étais à l’époque.

Vous souvenez-vous de votre premier baiser avec Victor (Eric Braeden) ?

Je m’en souviens parce qu’ils avaient écrit toute une scène autour de ce baiser. Victor avait pris Nikki sous son aile. Il était comme un pygmalion pour elle et il a essayé de faire d’elle une lady. Ils ont écrit cette scène où nous sommes dans le salon au ranch, très élégamment habillés et nous mangions des huîtres. Et il avait caché une perle montée sur une bague dans une huître pour qu’elle la trouve. Et Nikki lui demande de l’embrasser. On revoit cette scène de temps en temps dans des flash-back.

Interpréter le même personnage depuis si longtemps a-t-il quelque chose de schizophrénique ?

Je ne suis pas le genre d’actrice qui emmène son personnage avec elle à la fin de la journée. À la minute où la caméra s’arrête de tourner, Nikki disparaît. Lorsque je rentre à la maison, je ne pense plus du tout au feuilleton, et ce, jusqu’à ce que j’arrive sur le plateau le lendemain. Eric et moi avons la même manière de travailler. Nous apprenons notre texte seulement quelques minutes avant de tourner la séquence. J’aime cette manière de faire parce que je n’aime pas être trop à mon aise. C’est plus amusant de jouer sans connaître son texte par cœur. L’important, c’est de comprendre l’essence de la scène, les mots, eux, peuvent être changés.

« Si un jour je commence à agir comme Nikki, frappez-moi ! »

Pourriez-vous être amie avec Nikki ?

Jamais ! (rires) En tant que femme, je n’ai pas confiance en elle. Je ne l’aime pas. Elle est d’un naturel charmeuse. Je comprends que les hommes puissent être attirés par elle. Mais je ne peux pas m’imaginer en train de passer du temps avec elle. Si nous avions eu des personnalités plus similaires, ça aurait pu devenir confus pour moi. Mais heureusement, ce n’est pas le cas. Mon Dieu, si un jour je commence à agir comme Nikki, frappez-moi ! (rires) Parfois, on aime détester quelqu’un. C’est aussi pour ça que j’aime interpréter Nikki.

Partie 2 > L’avenir de Nikki et l’hommage à Jeanne Cooper


Aimez-vous jouer la Nikki alcoolisée ?

J’adore jouer Nikki ivre ! Sans doute parce que ce n’est pas quelque chose de bien. Elle n’est pas censée faire ça. C’est croustillant. Et visiblement, le public aime ça aussi. C’est étrange. À chaque fois que Nikki retombe dans ses problèmes avec l’alcool, je reçois énormément de messages de fans enthousiastes.

Ce rôle dans un soap opera vous a-t-il fermé des portes durant votre carrière ?

Certainement. C’est difficile de trouver un autre rôle lorsqu’il y a écrit « actrice de soap opera » sur votre CV. Les directeurs de casting ont des préjugés. Mais ils connaissent mal les soap operas. Et ce refus de travailler avec des acteurs de soap est ridicule, car nous savons travailler très vite. La plupart des acteurs de cinéma sont incapables de faire ce que nous faisons. Je tourne en moyenne quarante-six pages par jour. Au cinéma, c’est seulement trois. Mais ça ne m’ennuie pas.

Êtes-vous encore parfois surprise de ce que les scénaristes écrivent pour Nikki ?

Je suis encore surprise parfois. Mais ça ne sert à rien d’avoir des attentes, car bien souvent les scénaristes n’écrivent pas ce que vous espérez. Faire des spéculations serait une perte de temps. Je suis toujours curieuse de lire le prochain scénario. Mais je n’aime pas savoir à l’avance ce qu’il va se passer.

« Jeanne Cooper est irremplaçable »

En mai dernier, vous avez été confrontée à la disparition de Jeanne Cooper alias Katherine Chancellor...

Je n’aime pas trop en parler parce que je me mets vite à pleurer. Sa mort a été un moment très difficile pour nous. Jeanne est irremplaçable. Son personnage avait des rapports avec la plupart des personnages du feuilleton. Katherine et Nikki étaient meilleures amies. Quelque soit la décision des scénaristes ce sera très difficile.

Vous avez tourné un épisode spécial pour lui rendre hommage...

Oui, le public a adoré cet épisode. Nous nous sommes tous réunis pour parler de Jeanne Cooper. Les fans ne la connaissaient pas comme nous la connaissions et nous avons voulu partager nos souvenirs avec eux. Il y a tellement de choses à dire à propos d’elle. On riait beaucoup ensemble. C’était une femme très drôle. Et lorsqu’il s’agissait de tourner une scène émouvante, il suffisait de regarder dans ses yeux ou de lui tenir la main et l’émotion était là. C’était une actrice merveilleuse. Elle ne jouait pas simplement la comédie, elle était. C’est ce que cherche chaque comédien.