Toutelatele

Thomas Sotto : « La consigne de nos concurrents ? Faire du Capital ! »

Alexandre Raveleau
Publié le 03/02/2013 à 19:39 Mis à jour le 07/02/2013 à 15:21

Capital est le rendez-vous incontournable des dimanches de M6. Avec Zone interdite, le magazine présenté par Thomas Sotto est l’un des programmes les plus emblématiques de la chaîne. Ce 3 février, le gaspillage alimentaire sera au coeur d’une émission annoncée coup de poing. En plateau, Thomas Sotto recevra Serge Papin, PDG du groupement coopératif Système U. Le journaliste a accepté d’en dire un peu plus sur le programme de la soirée.

Alexandre Raveleau : Dans ce nouveau numéro de Capital, M6 annonce des révélations sur le gaspillage alimentaire. Quel est l’angle de ce document de 52 minutes ?

Thomas Sotto : Nous sommes partis d’un constat : chaque Français jette 460 euros de nourriture par an. À partir de ce chiffre, plusieurs questions sont posées : que se passe-t-il ? Qui est responsable ? Est-ce nous dans notre cuisine, les industriels ou bien les hypermarchés ? Nous avons choisi de regarder à tous les échelons. Et personne ici n’a été déçu du voyage parce que ça coince partout.

Quelles sont les explications ?

Nous avons tous une légère tendance à la surconsommation. La question a été de se dire pourquoi ? Parce que quand les dates de péremption approchent, votre hypermarché vous propose des lots plus importants par exemple... Le cas des yaourts est à ce titre très intéressant. Est-ce que réellement un yaourt périmé est impropre à la consommation ? Nous avons mené nos propres tests avec un laboratoire. En réalité, la date de limite de consommation est fixée arbitrairement. Vous ne serez jamais malade avec un yaourt dont la date est dépassée de trois semaines. Les pommes qui ont mauvaise mine et les poireaux mal coiffés n’arrivent même pas au magasin... Ils sont directement bloqués chez l’industriel. C’est le métier des agréeurs. La tomate manque d’un millimètre ? On jette tout. Des endives avec de la terre ? Renvoyée au producteur. On arrive à un gâchis immense.

« Nous participons tous à un système qui aboutit à une absurdité »

Les Français sont-ils les rois du gaspillage ?

Il s’agit d’une maladie très occidentale. Au Royaume-Uni, ils jettent 1.3 million pots de yaourt par an. Même si nous n’avons pas le chiffre de la France, on sait que nous mangeons plus de yaourts... C’est monstrueux. Nous participons tous à un système qui aboutit à une absurdité. C’est un Capital citoyen. Et un sacré sujet économique pour tout le monde.

En plus de cette enquête, vous allez faire le grand écart avec les épiceries solidaires, puis étudier le cas de la Pink Lady...

Effectivement, nous avons suivi M. Bapst qui apporte des solutions au gaspillage. Il a créé un réseau associatif pour récupérer et racheter les denrées rejetées, au meilleur prix possible. Quant à la Pink Lady, c’est une star ! Voici le modèle standardisé par excellence, la mondialisation appliquée à la pomme. Elle est suffisamment traitée pour tenir assez longtemps, cultivée dans quinze pays.

Partie 2 > Thomas Sotto et sa vision de Capital


Capital est un magazine d’économie qui a longtemps flirté avec le 100% consommation. Quelle est aujourd’hui votre ligne directrice ?

Nous essayons de faire moins de conso, sans l’abandonner. Dans les semaines et les mois qui viennent, nous aborderons de grandes problématiques de société. Il ne faut plus se focaliser uniquement sur la machine à pain ! (sourire) On veut élargir le spectre. M6 nous laisse bouger les lignes et je les remercie.

Il n’est plus rare non plus de vous retrouver désormais en extérieur. Entre Wendy Bouchard qui se fait tirer dessus au GIGN dans Zone interdite et vous en Laponie, le côté extrême, voire sensationnel, ne prend-il pas le dessus ?

Notre idée n’est pas de partir pour faire un lancement. Dans Capital, pour prendre mon exemple, il y a toujours trois petits sujets, qui bout à bout font 26 minutes. Moi, je suis reporter dans l’âme. Le jour où je me ferai jeter de la présentation, je redeviendrai reporter sans aucune amertume. Je souhaite que nous multipliions ces extérieurs.

Depuis votre arrivée sur M6, les magazines de reportages ont fleuri sur la TNT. Comment vivez-vous cette nouvelle concurrence ?

Nous avons deux avantages : notre propre rédaction et les moyens de M6. Capital n’achète pas, ou très peu, de reportages clef en main. Et quand une séquence doit être tournée Australie, c’est possible. Je pense que tout ça se voit à l’antenne. La consigne de nos concurrents, c’est de faire du Capital. C’est une forme d’hommage. Il vaut mieux préférer l’original à la copie.

« La consigne de nos concurrents, c’est de faire du Capital. C’est une forme d’hommage »

Sur M6, l’information a pris toute sa place avec les éditions du 12.45 et du 19.45. Est-ce imaginable que vous replongiez dans le bain des news, des années après BFM TV ?

Moi, je suis un besogneux. Quand je fais quelque chose, je le fais à plein temps. Je bosse 10 à 12 heures par jour pour Capital. Je ne suis pas atteint par la frénésie, comme certains, qui consiste à faire quarante trucs à la fois. Après, pour ne pas être langue de bois, j’aime toujours les news. Est-ce qu’un jour j’y retournerai, oui. Je suis atteint d’une maladie dont on ne guérit pas.

À quand le retour de Capital Terre ?

Nous avons un numéro qui est quasiment en boîte. Il sera diffusé au printemps. Je ne peux pas vous donner plus de détails pour l’instant.