Toutelatele

Bellator MMA 161 - Cheick Kongo VS Tony Johnson : « J’ai des choses à faire mais plus rien à prouver »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 18/09/2016 à 15:15

Ce dimanche 18 septembre, RTL9 propose l’événement de MMA : Bellator 161 - Cheick Kongo VS Tony Johnson dès 22h30. Le Français, à l’affiche du match principal, s’est entretenu la veille de son combat pour Toutelatélé. Il est revenu sur sa préparation, sa carrière, et l’image de son sport en France.

Joshua Daguenet : Après sept mois d’absence, quel sentiment domine pour l’octogone face à Tony Johnson ?

Cheick Kongo : Avec l’expérience, on gère mieux ce genre d’événement. Il faut être serein, et appliquer ce que le coach a mis en place. J’ai une boule intérieure de colère, mais ça n’est que du positif.

Tony Johnson a un gabarit différent du vôtre, il est plus petit, mais plus lourd. Aussi, il a dix ans de moins, donc moins expérimenté. Est-ce plus difficile d’affronter un adversaire qui comporte autant de différences ?

L’avantage est de savoir s’adapter. Il y a un gros travail via les vidéos, qui permet en match de mettre à mal ses adversaires. Après oui, ça n’est pas le même physique, mais il ne faut pas y penser. C’est évidemment un adversaire difficile.

Avec les évolutions technologiques et la vidéo, en pleine réflexion dans tous les sports, la tactique a-t-elle pris le dessus sur l’instinct primitif du combat libre ?

Énormément, mais la vidéo ne fait pas tout. Les combattants ne misent pas là-dessus, mais seulement sur leurs qualités. La vidéo ne résume pas l’issue d’un combat.

« J’ai une boule de colère, mais ça n’est que du positif »

Au-delà de la victoire, ce combat comporte-t-il des enjeux supplémentaires pour vous ?

À titre personnel, combattre à 41 ans c’est pas mal donc pour moi c’est une satisfaction. Aujourd’hui, j’ai des choses à faire et non à montrer ou à prouver. Pour moi, c’est à présent un défi de longévité.

Avez-vous envie de porter de l’or autour de la taille ?

J’ai tellement combattu pour atteindre une perfection. Chacun a des qualités, mais on trouvera toujours quelqu’un de plus fort. La ceinture est un plus et serait clairement une belle pierre à l’édifice, mais je n’en fais pas une obsession.

15 ans de carrière professionnelle, 2/3 de victoires. Parmi celles-ci, quelle est celle qui vous a le plus marquée ?

Tous les matchs offrent de fortes sensations, les victoires comme les défaites. Ce qui m’a marqué est de faire un tournoi de muay thaï pour la ceinture mondiale. À une semaine près, j’ai eu les côtes cassées et ma performance a été tirée par les cheveux pendant que mes camarades criaient à la folie. Tous les combats se ressemblent en terme d’émotion.

« La France est une mentalité de préjugés, d’hypocrisie »

Vous avez combattu pour la prestigieuse UFC de Dana White. Quels sont les changements majeurs que vous avez constatés en quittant cette compagnie pour le Bellator MMA ?

Les combattants sont utilisés comme des superstars à l’UFC. Certains ont du mérite, d’autres sont seulement présents pour la promotion, pour leur nom. L’UFC est une machine à fric. Pour l’éthique, le Bellator est plus agréable et plus facile pour l’intégration.

Vous avez affronté de grands noms à l’UFC, comme Mark Hunt, récemment battu par Brock Lesnar. Souhaiteriez-vous une revanche contre le Néo-Zélandais ?

Toutes les épreuves à l’UFC n’ont pas été de grandes émotions. Je n’ai pas été sous mon meilleur jour. En temps normal, si j’avais à refaire tous mes combats, la différence serait flagrante. Mark Hunt est un camarade, mais j’aimerais bien une revanche. J’avais affronté Cain Velasquez en remplacement à la dernière minute pour sauver les fesses de l’événement alors que j’étais blessé. Revenir à l’UFC ne serait pas un problème pour moi pour autant, ni nulle part ailleurs.

Quelques semaines après la fin des Jeux Olympiques, on sait déjà que le karaté fera ses grands débuts à Tokyo en 2020. Existe-t-il une chance qu’un jour, le combat libre soit présenté à un large public ?

Ça commence par les petits trous, car cela arrive déjà sur les écrans. Il existe pas mal de variantes qui traversent le continent américain. La France est une mentalité de préjugés, d’hypocrisie. Pour notre sport, il y a un jury et un comité qui veillent à la bienveillance du sportif donc où est le problème ?

Le combat libre est réputé très dangereux. L’envie de prouver à soi et aux autres est-elle le point de départ de se lancer dans une carrière qui peut avoir de graves conséquences sur sa santé ?

Il existe plusieurs gars. L’athlète qui est très fort derrière son ordi, qui se dit « J’aurais fait ci et j’aurais fait ça », ceux qui critiquent, ceux qui prennent leur retraite, frustrés. Et ceux qui ont sainement leur chance de concourir. Je me suis donné l’opportunité de caresser cette réalité et appliquer ce que j’ai toujours pensé vouloir faire.