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Ca commence à 20h10 : Et si les coulisses de Plus belle la vie étaient un roman ?

Claire Varin
Publié le 26/10/2011 à 19:13 Mis à jour le 19/01/2012 à 11:51

Chouchou de quelques blogueuses sur la toile, La vie commence à 20h10 , le premier roman de Thomas Raphaël est un de ces plaisirs (non) coupables de lecteurs, offrant une plongée édifiante et divertissante dans les coulisses d’un feuilleton télé populaire.

Le livre adopte un point de vue féminin, celui de Sophie Lechat. La jeune femme désespère de voir son premier roman publié et travaille également sur sa thèse en Lettres modernes, qui devient une impasse (L’histoire du dédoublement de la thèse est réellement arrivée à une amie du romancier et donne à l’héroïne des airs de Bridget Jones). Universitaires ou anciens étudiants ayant usé les bancs de la fac, ce roman vous semblera familier. Sophie vit avec Marc, son compagnon, et les neveux de celui-ci. Jusqu’au jour où une productrice, Joyce Verneuil, lui propose de travailler comme coordinatrice de production sur le feuilleton quotidien La Vie la Vraie, avec la perfide promesse de l’aider à faire publier son roman. On pense alors au Diable s’habille en Prada. Une comparaison qui convient à l’auteur, intéressé par le face- à- face entre une jeune innocente et son mentor, moralement ambigu. Mais Wall Street d’Oliver Stone, la série Damages et Eve de Mankiewicz sont aussi des références qu’il cite.

Thomas Raphaël est un jeune scénariste de moins de 30 ans, fan de 30 Rock, qui après des études à Bordeaux en Sciences Po, puis en audiovisuel, a rencontré une productrice et a mis le pied dans l’entre de la fabrication de séries télé. Avec La vie commence à 20h10, le romancier partage un peu de son expérience, mais pas seulement, « J’avais une chose à apporter en termes de documentaire, mais à la base je suis quand même scénariste et mon métier, c’est de raconter des histoires » a-t-il ainsi confié à Toutelatele.com.

Chose rare, mais ici complètement assumée, l’auteur se pose en défenseur du divertissement, son roman n’est pas une satire. Bien sûr la ressemblance de La vie la Vraie avec Plus belle la vie n’est pas fortuite. Le feuilleton populaire de France 3 est parfois au centre des railleries, mais son succès est honorable. « 10 millions en cumul par semaine. Ça représente un français sur six. Et culturellement, je pense que Plus belle la vie fait bouger des choses. Le flic facho, qui épouse la petite beurette, je trouve ça génial » raconte l’écrivain. Soaps, feuilletons, télénovelas, ne sont pas des genres nobles, mais respectables. Cinq sœurs, Paris 16, ou encore Seconde chance sont « des endroits géniaux. Mais qu’on ne connait pas très bien et qui sont un peu méprisés parce que ce n’est pas du divertissement haut de gamme. Et on ne se rend pas compte de tout le travail qu’il y a derrière malgré tout. C’est bien d’aller au devant des préjugés. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, il y a des gens qui sont passionnés et qui travaillent derrière », explique Thomas Raphaël.

Au final, difficile de ne pas imaginer une adaptation du roman à l’écran. Sophie ferait une bonne héroïne de série. Thomas Raphaël confie qu’il aimerait beaucoup, mais avoue également, qu’en France, « la télévision n’a pas la culture de parler d’elle-même. Sauf peut-être Canal+, qui vient de lancer Platane. » La vie commence à 20h10 serait donc plus adapté au cinéma. Quoi qu’il en soit, les aventures de Sophie pourraient avoir une suite. En bon professionnel et amoureux des séries télé, l’auteur s’est attaché à ses personnages et travaille déjà à ce que les lecteurs puissent les revoir prochainement.