Toutelatele

Christophe Hondelatte

Joseph Agostini
Publié le 17/01/2005 à 00:11 Mis à jour le 05/05/2011 à 16:37

Avec Cauet, Christophe Hondelatte est la personnalité la plus marquante de l’année 2004, selon un sondage effectué auprès des fidèles de Toutelatele.com. Le présentateur du 13 heures de France 2 peut ainsi se targuer d’avoir séduit par l’originalité de son style. Il sera bientôt aux commandes de 18 nouveaux numéros de Faîtes entrer l’accusé, l’émission qui l’a fait connaître sur la chaîne publique.

Joseph Agostini : Le 6 septembre, vous avez succédé à Daniel Bilalian au 13 heures de France 2. Vous voilà parmi les deux personnalités les plus marquantes de l’année 2004, selon notre dernier sondage. Impressions ?

Christophe Hondelatte : Je voulais innover en matière de ton, de manière de s’exprimer. Je m’inspire continuellement de ce que les gens me disent dans la rue, à France 2, par le biais de lettres, de mails... Il y a chez moi un désir d’écriture plus incisive, plus rentrante. Il a fallu casser le moule du JT traditionnel pour réussir un changement. Je suis sensible aux marques de sympathie car elles m’encouragent à continuer dans cette même direction.

Joseph Agostini : Vous avez créé de nombreuses rubriques au sein même du journal. A votre avis, laquelle est la plus audacieuse ?

Christophe Hondelatte : Toutes ont une place spécifique, mais la plus courageuse est à mon avis “Les 5 dernières minutes”, dans laquelle je m’entretiens avec une personne autour d’un thème, sans que cet individu soit nécessairement une star ou dans une pure démarche promotionnelle. Inviter toutes sortes de gens, voilà une chose difficile à faire à la télévision ! Tout le monde était réticent au départ. Pour faire de l’audience, on choisit les bons clients. Un sujet sur l’humanitaire ? Appelle Bernard Kouchner, et puis c’est tout ! J’ai voulu casser ce principe. Inviter la première aumonière musulmane de France ou un chômeur en fin de droit, voilà l’audace !

Joseph Agostini : Quand vous parlez de “réticence”, cela signifie-t-il que vos dirigeants raisonnaient simplement en termes d’audience et de part de marché avant votre arrivée ?

Christophe Hondelatte : Non. Arlette Chabot m’a accordé sa confiance mais elle a juste émis des doutes. Je ne m’intéresse aux audiences que d’une façon très sommaire. Je n’ai jamais le nez dans les courbes par exemple. Mon objectif est de convaincre le téléspectateur de l’intérêt d’un journal plus incisif, plus réactif. Le “feuilleton”, qui consiste à suivre une histoire sur plusieurs semaines, le “face à face” pendant le journal... Tout cela trouve progressivement sa place.

Joseph Agostini : Vous ne regardez peut être pas les courbes d’audience mais d’autres s’en chargent à votre place. Quand on vous reproche de faire fuir les téléspectateurs en parlant trop vite, en ayant un style “radio”, en pèchant par excès de style au détriment du contenu, vous vous mettez en colère ?

Christophe Hondelatte : Et comment ! Je déteste ces remarques car elles ne sont pas fondées. Un journaliste a écrit un jour que je présentais le 13 heures debout ! En réalité, je dis seulement les titres debout et je m’asseois aussitôt. Pour le face à face, je change effectivement de place pour créer une ambiance intimiste... Quant à mon débit de parole, je n’ai pas de leçon de journalisme à recevoir. J’ai derrière moi 50 films documentaires pour la télévision. Que ce soit clair : je ne fais pas de radio à la télé !


Joseph Agostini : L’audience de votre journal s’améliore lentement. Le secret, au final, c’est la continuité ?

Christophe Hondelatte : J’en suis convaincu. Nous n’avons pas changé une seule fois la formule depuis le mois de septembre. Mes prédecesseurs avaient, pour la plupart, toujours modifié la forme en pensant améliorer l’audience. C’est une erreur ! Il faut fédérer lentement, ne pas regarder l’audience au jour le jour... Le 14 juillet, nous allons fermer pour l’été. D’ici là, la formule restera absolument intacte.

Joseph Agostini : Vous êtes loin, très loin derrière Jean-Pierre Pernaut et son Journal des régions, mais il me semble que cela vous importe peu...

Christophe Hondelatte : Disons que je ne me pose pas le problème en ces termes. Je n’ai pas une logique de producteurs, de programmateurs... Je n’ai jamais cherché à imiter Pernaut, qui a d’ailleurs vu son audience augmenter depuis le mois de septembre. En revanche, des gens qui ne regardaient pas la télé à 13 heures nous sont de plus en plus fidèles.

Joseph Agostini : Si Jean-Pierre Pernaut n’existait pas, auriez-vous accepté de faire son JT ?

Christophe Hondelatte : Oui. Je trouve que la formule du 13 heures de TF1 correspond exactement aux attentes des téléspectateurs de TF1, à ce moment-là. Il se trouve que je travaille sur France 2 et que nous sommes tenus à proposer autre chose...

Joseph Agostini : Comme Jean-Pierre Pernaut, vous sentez-vous l’âme d’un animateur de divertissement ?

Christophe Hondelatte : Ce n’est pas demain la veille que vous me verrez dans Combien ça coûte ? Je n’ai pas les mêmes ambitions que lui mais je le respecte. Je ne me sentirai pas à l’aise dans le divertissement. Mon truc à moi, c’est le magazine polémique.

Joseph Agostini : A la rentrée 2004, on vous attendait sur Canal avec une adaptation de votre émission radio, On refait le monde...

Christophe Hondelatte : J’ai créé un pilote pour Canal mais je pourrais faire la même chose sur France 2. J’aimerais qu’on me donne carte blanche. Mais ne soyons pas trop gourmands ! Je suis l’un des rares présentateurs à avoir un JT et une émission d’investigation. Faites entrer l’accusé revient le dimanche avec des numéros consacrés au Pasteur Doucé et à Action Directe, entre autres.