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Eurovision : les dix infos à connaître pour suivre le concours

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Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 13/05/2011 à 10:48

L’Eurovision n’est pas une émission de télévision comme les autres. C’est un concours international où tout est réglé comme du papier à musique. L’Union Européenne de Radiotélévision (UER), qui regroupe les télévisions publiques en Europe, donne le « LA » mais cela n’empêche pas quelques fausses notes. Retour sur la face cachée du show le plus regardé en Europe...

Des millions de téléspectateurs

Des millions de téléspectateurs

Le Concours Eurovision de la chanson 2010 a réuni près de 100 millions de téléspectateurs sur trois soirées, la finale atteignant près de 60 millions de curieux. En France, les audiences font le yoyo. L’an dernier, 3,6 millions de téléspectateurs (21% du public) ont suivi le show, selon Médiamétrie. Le cru 2009, commenté par Julien Courbet et Cyril Hanouna, avait réalisé un carton d’audience : 5,7 millions d’inconditionnels, soit 32,3% du part de marché et 28,5% sur la cible stratégique des ménagères de moins de 50 ans. Il s’agit de la meilleure performance enregistrée depuis que France 3 diffuse le Concours, et même du record d’audience depuis 1995. Cette année-là, sur France 2, la cérémonie commentée par Olivier Minne avait alors réuni 6,7 millions de téléspectateurs environ (40% du public).

Un prix à payer

Un prix à payer

Selon une tradition née en 1964, le pays organisateur est le vainqueur de l’année précédente. Il arrive cependant que le vainqueur refuse cette charge, avant tout financière. En 1972, le Royaume-Uni organise le Concours, car Monaco, victorieuse l’année précédente, ne disposait pas des infrastructures adéquates pour accueillir un tel évènement. En 1979, Israël réalise un doublé à domicile, mais cède l’organisation aux Pays-Bas qui convoque, pour l’occasion, un présentateur de chaque pays participant sur scène. En revanche, l’Irlande n’a jamais refusé le « cadeau », malgré ses trois victoires successives au coeur des années 1990. Au début des années 2000, l’Estonie et la Lettonie ont, quant à elles, relevé le défi grâce à l’aide de la télévision suédoise SVT. Le budget record investi pour l’Eurovision est celui de l’édition 2009 à Moscou (Russie) : les organisateurs ont déboursé environ 30 millions d’euros.

5 pays qualifiés d’office

5 pays qualifiés d’office

Le « Big 4 » regroupe les quatre plus gros contributeurs au financement de l’UER : la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne. Il s’agit des pays qualifiés d’office pour la finale. Ce club très sélect a été instauré en 1997, à la suite de l’élimination de l’Allemagne, lors de la sélection audio, l’année précédente. Cette exclusion causa de sérieux ennuis financiers aux organisateurs norvégiens, privés des droits de rediffusion calculés sur les recettes publicitaires qui auraient été générées par les télévisions et radios allemandes. Cette année, le « Big 4 » a été élargi à l’Italie, qui marque son retour après 13 éditions d’absence. Il a tout simplement été rebaptisé « Big 5 ».

La demi-finale

La demi-finale

Créé en 2004, le système de « demi-finale » permet de faire face à l’explosion du nombre de pays souhaitant participer au concours. Les solutions testées jusqu’alors n’étaient pas satisfaisantes. En 1993, une sélection réunissant nouveaux entrants de l’Est et pays issus de l’éclatement de la Yougoslavie fut organisée à Ljubljana (Slovénie) : une solution provisoire. En 1996, des jurys nationaux écoutaient simplement les enregistrements en studio et attribuaient des points sur le modèle du concours : un mécanisme de présélection opaque pour le grand public. Ensuite, on testa le « repos forcé » des pays classés en bas de tableau, pour laisser l’année suivante la place à de nouveaux entrants, ou un classement établi sur une moyenne des cinq années précédentes : injuste et frustrant pour les malchanceux. D’où l’organisation d’une demi-finale, le mercredi ou le jeudi précédant la finale, et depuis 2008, deux soirées, chacune qualifiant dix pays : les neuf ayant reçu le plus de points par télévote et le pays, autre que ces 9, le mieux classé par les jurys de professionnels.

La suprématie de la langue anglaise

La suprématie de la langue anglaise

Jusqu’en 1965, aucun pays n’avait osé présenter à l’Eurovision une chanson dans une autre langue que la sienne. Mais cette année-là, la Suède va bousculer les habitudes en proposant des paroles en anglais. Devant la vague de contestations, l’UER décide d’obliger chaque pays à chanter dans sa langue nationale. La règle sera abandonnée une première fois de 1973 à 1977, permettant au passage la victoire de titres anglophones devenus indissociables de l’histoire du Concours : « Waterloo » des Suédois ABBA et « Ding-a-Dong » du groupe hollandais Teach-In. Depuis 1999 de nouveau, toutes les langues, même imaginaires, sont autorisées. Et la suprématie de l’anglais ne se dément pas : neuf victoires sur les dix dernières éditions.

Des chansons de 3 minutes

Des chansons de 3 minutes

Pour éviter que le concours ne traîne en longueur (la soirée finale dure déjà plus de 3 heures), la durée des chansons est limitée à 3 minutes. Un impératif fixé après la prestation de l’Italien Nunzio Gallo en 1957. Sa chanson « Corde Della Mia Chitarra » monopolisa l’attention pendant plus de 5 minutes ! De même, pour faciliter la mise en place des instruments et autres dispositifs scéniques dans le temps très court de la « carte postale », le clip qui sépare chaque chanson, le nombre d’artistes sur scène (danseurs, musiciens...) est limité à 6. Depuis 2008, il est interdit d’amener des animaux sur scène. Cela dit, personne n’avait osé...

Rien que du direct

Rien que du direct

Les chanteurs sont obligés de chanter en direct, ce qui a bien failli compromettre la présence de Sébastien Tellier à la finale 2008. Les chœurs de son titre « Divine » avaient été enregistrés sur la bande-son afin de pouvoir les modifier électroniquement. Mais sous la menace d’une disqualification immédiate, la délégation française a dû revoir la prestation prévue et rapatrier d’urgence des choristes gospel capables de tenir la note. L’année suivante, la Grèce a trouvé un subterfuge étonnant pour éviter à son représentant essoufflement et fausses notes : c’est une doublure voix, soigneusement placée dans un coin sombre de la scène, à l’abri des caméras, qui a interprété la chanson...

Les risques du direct

Les risques du direct

Toute émission en direct qui se respecte ne peut éviter quelques aléas. On pense tout de suite aux chutes, comme celle du cadreur de la BBC qui, en 1977, suivait le trajet de la lauréate française Marie Myriam de la « green room » (où sont réunis tous les artistes pendant l’énoncé des votes) à la scène du Wembley Conference Centre de Londres. Ou encore le gadin de Dana International en 1999, au moment de remettre le trophée à la gagnante, Charlotte Nilsson. En raison du poids de la récompense, l’artiste ne réussit pas à rester perchée sur ses talons hauts, déclenchant en tombant une alerte de sécurité dans la salle. Les incidents les plus préoccupants sont les intrusions sur scène. L’an dernier, la prestation du concurrent espagnol Daniel Diges fut perturbée par un intrus, connu sous le nom de Jimmy Jump, qui parvint à se mêler quelques instants aux danseurs avant d’être évacué par la sécurité.

Peits arrangements entre amis

Peits arrangements entre amis

L’autorité des jurys nationaux fut, au fil du temps, de plus en plus contestée. On leur reprocha d’abord d’élire des chansons qui n’étaient pas en phase avec les goûts du public et qui ne généraient pas suffisamment de retombées commerciales. Cette accusation fut renforcée par le soupçon de votes « géopolitiques », c’est-à-dire solidaires entre voisins géographiques. En 1997, les organisateurs semblent avoir trouvé la parade : l’introduction du vote par téléphone, couplé ensuite avec le vote par SMS. Mais la proximité culturelle et linguistique de certains pays participants continue d’influencer les résultats. Pire, l’éclatement des pays de l’Est laisse à présent peu de chance aux Occidentaux. Pour preuve, Suède, Estonie, Lettonie, Ukraine, Finlande, Serbie, Russie ou encore Norvège figurent au palmarès des quinze dernières années. Virage à 180 degrés en 2009 : les jurys nationaux sont rétablis et comptent à présent à égalité avec le vote du public.

Une égalité pas toujours parfaite

Une égalité pas toujours parfaite

En 1969, étant donné qu’aucune il n’y avait pas de règle en cas d’égalité, quatre vainqueurs furent désignés ex æquo : l’Espagne, le Royaume-Uni, la France et le Pays-Bas, désigné comme organisateur de l’édition de 1970 par tirage au sort. En 1991, à la toute fin du vote, la France obtient 12 points de la part de l’Italie et rejoint la Suède en tête du classement avec 146 points. Pour départager les deux pays, le règlement prévoyait de compter le nombre de « 12 points » (égalité à nouveau) puis le nombre de « 10 points » : 5 à 2 en faveur de la Suède, qui est finalement déclarée vainqueur... au grand dam du regretté Léon Zitrone, commentateur pour Antenne 2, qui s’insurgea contre le procédé en direct ! La représentante française était alors Amina avec sa chanson « C’est le dernier qui a parlé qui a raison. »