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Franck Sémonin (Section de recherches) : « Quand la Rolls TF1 se présente à vous, vous montez dedans sans vous poser de question »

Claire Varin
Publié le 27/02/2014 à 19:33 Mis à jour le 07/03/2014 à 15:22

La saison 8 de Section de recherches arrive sur TF1 dès le 27 février 2014. La série policière de Dominique Lancelot (productrice Auteurs & associés) se réinvente en changeant de décors (Finit Bordeaux, bienvenue à Nice) et une partie de son équipe. Nouveau venu, Franck Sémonin incarne Lucas Auriol, le bras droit de Martin Bernier (Xavier Deluc). Rencontre avec le comédien, connu pour son rôle de flic dans Plus belle la vie.

Claire Varin : Comment êtes-vous arrivé sur cette huitième saison de Section de recherches ?

Franck Sémonin : Je vis un conte de fées depuis trois ans où les choses arrivent à moi comme par magie. Plus belle la vie, c’est un tour de magie. Un autre comédien devait faire le rôle du commandant Nebout mais il les a emmerdés pour 40 euros sur le cachet. J’étais le choix numéro 2 et je me suis donc retrouvé à la tête du commissariat du Mistral. Étant sur Plus belle la vie depuis un an et demi, Marie-Anne Le Pezennec, une des scénaristes principales de Section de recherches et grande fan de Plus belle la vie, m’a repéré et avait suggéré à Dominique Lancelot de me prendre pour un guest dans la série et il s’est transformé en rôle principal aux cotés de Xavier Deluc.

Vous évoquez Plus belle la vie. Dominique Lancelot vous a-t-elle volé au feuilleton de France 3 ?

Ça a été un déchirement de quitter Plus belle la vie, et un choc émotionnel important. J’ai laissé des copains là-bas et une partie de moi. Pour Dominique Lancelot, il n’y avait aucun problème à ce que je continue Plus belle la vie. TF1 était aussi d’accord pour que je fasse les deux programmes. Les deux productions ont fait au mieux pour aménager les emplois du temps. Plus belle la vie se tournant à Marseille et Section de recherches à Nice, c’était faisable. Mais France 3 a dit “Pour nous, ce n’est pas possible. On est le service public, tu ne peux pas être super flic sur France 3 et super gendarme sur TF1. Déontologiquement, ça nous pose un problème. Donc, il faut que tu fasses un choix.” J’aurais pu faire un choix à l’affect et rester sur France 3, j’ai fait un choix de carrière. Mais finalement, un an plus tard, c’est aussi un choix à l’affect parce que j’ai rencontré des gens formidables.

Qu’aimez-vous dans Section de recherches ?

Pour un jeune comédien comme moi, c’est intéressant d’accéder à la « grande maison ». Beaucoup d’acteurs voudraient bien taper à la porte de la tour pour pouvoir y rentrer. Durant des années, je suis passé devant et jamais je n’aurais cru que ce soit possible. Quand la Rolls TF1 se présente à vous, vous montez dedans sans vous poser de question. Et puis, ce que m’a proposé Dominique Lancelot : c’est-à-dire être le bras droit de Xavier Deluc - trente-cinq ans de carrière et sept ans dans cette boutique avec Section de recherches - ce n’est pas rien. Être à ses côtes, c’est forcément apprendre énormément. Enfin, pour le rôle, Dominique Lancelot s’est inspirée de ce qu’elle a vu de moi dans Plus belle la vie. Je suis donc entré dans le personnage comme dans un costume taillé sur mesure.

« France 3 m’a dit : tu ne peux pas être super flic chez nous et super gendarme sur TF1 »

Que pouvez-vous dire sur votre personnage ?

Lucas Auriol est un quarantenaire célibataire qui a préféré sa carrière professionnelle à sa vie privée. Il papillonne avec les femmes, plus par intérêt animal que par intérêt affectif. De toute façon, il n’a ni le temps, ni la passion nécessaire pour s’occuper d’une femme. C’est ce qui rejoint ces deux personnages avec Martin Bernier, qui lui aussi a préféré sa vie professionnelle. Il va y avoir un rapport de rapprochement entre ces deux hommes. Martin Bernier est un peu un grand frère pour Lucas qui va le regarder avec un œil bienveillant. Son personnage va avoir des aspirations et un besoin de se construire auprès de ce grand frère, autant dans les enquêtes que dans les scènes de vie privée.

Le thème de la paternité est également développé autour de votre personnage...

Dans les deux premiers épisodes, il y a un choc émotionnel pour Lucas. Lui qui papillonnait tout le temps, à force de semer les graines, elles finissent par pousser (rires). Il se retrouve avec ce petit bébé. Il va se rapprocher de Bernier pour prendre des conseils. Va-t-il prendre la responsabilité de cet enfant et pouvoir concilier sa passion pour son travail et cette paternité ? Il va se retrouver face à un vrai choix d’homme. Au fil des épisodes, ce bébé va devenir un vecteur d’événements.

Partie 2 > Retour sur le passé / Quel avenir sur TF1 ?


Au fil des saisons, Dominique Lancelot s’est battue pour avoir ce côté feuilletonnant. On imagine que c’est plus intéressant pour un acteur de défendre un personnage de série policière dans ces conditions...

Evidemment, mener les enquêtes, c’est le travail du flic et c’est le premier habit que l’on défend avec Xavier Deluc. Après, c’est vrai que ce personnage va prendre toute sa dimension non pas au travers des enquêtes, mais au travers de sa vie privée. Tout comme l’était le Commandant Patrick Nebout dans sa vie familiale. La véritable richesse de ces personnages, c’est quand on les voit dans leur vie privée. J’ai toujours été fan de Peter Falk et de Columbo, qui parlait sans cesse de sa femme que l’on ne voyait jamais. Ce qui ne nous empêchait pas d’imaginer Madame Columbo. Dominique Lancelot a fait plus fort puisque l’on peut donner à voir de notre personnalité dans les enquêtes, mais en plus, avec le feuilletonnant, on fait exploser nos personnages. Je crois que c’est ce qui permet l’identification des téléspectateurs aux personnages.

Le flic est un personnage très commun à la télévision. Répéter l’expérience ne vous a pas gêné ?

Je suis peut-être fait pour ça ! Peut-être que je ferai un voyou la prochaine fois, ça changera. Dans une quinzaine années, quand l’aventure Section de recherches aura pris fin. Puisque malheureusement, tout a une fin.

Jouer le même personnage récurrent sur une quinzaine d’années, ça ne vous effraie pas ?

Peu de temps après avoir commencé Plus belle la vie, je suis allé chez ma mère. Elle était en train de regarder Amour, Gloire et Beauté ou Les feux de l’amour, je ne sais plus, j’ai ri et je lui ai dit “T’en as pas marre de regarder ça ? Il ne se passe jamais rien dans ton truc.” Elle m’a répondu “Tu vois mon fils, ça fait trente ans que je les regarde. Et bien, je te souhaite la même carrière.” C’est ma mère qui a raison. Eux, ça fait trente ans qu’ils font de la télévision, qu’ils font leur métier, qu’ils nourrissent leur famille et qu’ils ont une vie sans tracas. Quand je suis arrivé sur Plus belle la vie, je l’ai dit et je le revendique toujours : si j’avais pu faire trente ans sur Plus belle la vie, je l’aurais fait. Donc si j’ai une étiquette “TF1, flic”, je la garde. Ça me plaît beaucoup. Si je peux avoir la même carrière que Véronique Genest dans Julie Lescaut, parfait, je ne demande que ça.

Vous avez d’ailleurs fait un épisode de Julie Lescaut

Oui, j’ai fait un épisode avec Véronique et Jean-Charles Chagachbanian, qui sortait de Plus belle la vie et que j’ai retrouvé sur Section de recherches pour un épisode. J’avais un rôle de violeur. J’ai aussi joué dans Diane, femme flic. J’interprétais un entraîneur de natation synchronisée que l’on retrouvait mort dans la piscine. C’était très chouette.

« Si je peux avoir la même carrière que Véronique Genest dans Julie Lescaut, parfait, je ne demande que ça »

Pouvez-vous parler de votre expérience sur No Limit ?

Finalement, je suis abonné à TF1 depuis plusieurs années. Je suis très heureux et très fier d’être dans la « grande maison ». J’ai un petit rôle aux côtés de Vincent Elbaz et d’Anne Girouard, dont je joue le mari. Je suis très heureux de travailler, une fois de plus, avec des acteurs formidables, d’une grande expérience et d’une grande générosité.

Vous avez évoqué votre intérêt pour les séries, que regardez-vous ?

Je regarde No Limit. J’adore ce que fait Vincent Elbaz et j’ai été très heureux de pouvoir rencontrer Tchéky Karyo, même si je n’ai pas tourné avec lui sur la saison 2. J’ai aussi beaucoup d’admiration pour ce que Sagamore Stévenin a fait sur Falco. Evidemment, Crossing Lines et Jo. Côté séries américaines, je peux citer Homeland, Breaking Bad, Boardwalk Empire… Il y a aussi une super série qui s’appelle Orphan Black, sur des clones interprétés par une merveilleuse actrice, Tatiana Maslany. Elle campe les douze rôles avec des personnalités extrêmement différentes. Chapeau à elle, aux scénaristes et aux coachs parce que je pense qu’il y a un gros travail derrière. J’essaie d’en regarder un maximum et ça me permet d’avoir une certaine richesse culturelle.