François Descraques (Le Visiteur du Futur) : « Je suis fier de me retrouver sur France 4, entre Doctor Who et Hero Corp »


Chef de file des web-séries françaises avec Le Visiteur du Futur, François Descraques connait les honneurs d’une diffusion télévisée sur France 4. La chaîne, résolument tournée vers un public « geek », a diffusé au début de l’été un marathon des trois premières saisons. Elle s’apprête maintenant à dévoiler la saison 4 des aventures de Raph et de ses compagnons de galère. Toutelatele a rencontré son créateur.
Marion Olité : Comment avez-vous réagi à l’annonce de la diffusion télé du Visiteur du futur sur France 4 ?
François Descraques : On s’y attendait un petit peu, mais on n’avait pas eu la confirmation. Je la considère comme un bonus, une belle récompense. Mais ça n’a pas changé nos habitudes. On n’a pas réalisé cette saison dans l’optique d’une diffusion à la télé.
Cette diffusion télé ne vous ajoute-t-elle pas une petite pression supplémentaire ?
J’essaie de ne pas trop y réfléchir. Merci de me le rappeler (rires) ! Je me souviens pourquoi on a écrit le Visiteur du Futur à la base, à qui je voulais m’adresser, et ce n’était pas forcément à la télé. Tant mieux si elle est là maintenant. C’est étonnant, j’ai tourné cette histoire sur le web parce que je savais pertinemment que je ne pourrai pas la réaliser pour la télévision. C’est un truc de fou que ça finisse sur le petit écran ! Je pense que si tu essaie de réfléchir à un public télé, tu te plantes quoi qu’il arrive. Tu essaies de plaire à des gens abstraits que tu ne connais pas, à des statistiques. Tu ne peux que te perdre. Ce n’est pas ça qu’on te demande en tant que créateur.
Cette arrivée, conjuguée au retour de Hero Corp, annonce-t-elle un changement des mentalités à la télévision ?
Ma fierté, c’est de voir le Visiteur entre Hero Corp et Doctor Who sur France 4. Faire partie de ce paysage audiovisuel, à la fois service publique et complètement geek, c’est un truc de fou. Je suis hyper content de me retrouver dans ce petit club.
Comment avez-vous vécu le tournage de cette saison 4 du Visiteur du futur ?
C’était la première fois que l’on tournait tout d’un coup, comme un film. On a vécu tous ensemble pendant plus d’un mois dans des chambres d’étudiants, et sur les lieux de tournage. Ca a été une vraie nouveauté pour moi en termes d’expérience humaine. Le fait de devoir créer une ville a aussi constitué un sacré challenge. Trois mois avant le tournage (à Lilugé près de Poitiers, ndlr), des gens bossaient déjà sur le décor pour construire une mini-ville. C’est incroyable !
« Si tu essaies de réfléchir à un public pour la télé, tu te plantes. »
Quel est le thème de cette nouvelle saison du Visiteur du futur ?
Nous abordons plusieurs thèmes. Celui que l’on va découvrir au fur et à mesure des épisodes, c’est le thème du pouvoir et de la célébrité. Le pouvoir est vraiment au centre de la saison : son utilisation, comment les gens se l’octroient... L’avantage de créer un système monarchique « chelou » post-apocalyptique, c’est que même les personnages ne savent pas comment ça marche (rires) ! Il y a aussi les conséquences de la saison 3, qui se terminait sur la mort du personnage de Judith. Le thème du deuil, et comment ils n’arrivent pas à le faire, est donc très présent. J’ai voulu rendre palpable tous les non-dits et le malaise autour de la mort de ce personnage. C’est ce qui lance l’intrigue du début de la saison 3.
Partie 2 > Les guests du Visiteur, de Simon Astier à Katsuni
Vous avez des guest étonnants dans cette saison. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Je n’ai jamais voulu mettre des guest pour des guest. Il s’agit toujours de rencontres intéressantes, ou de personnes que je connaissais et avec lesquelles je suis devenu pote. C’est le cas pour Le joueur du grenier ou Katsuni. Je les connaissais aussi au-delà de l’image qu’ils renvoient. Je voulais leur offrir de vrais rôles. Ils ont des personnages à part entière. Céline Tran par exemple, anciennement Katsuni, je voulais que les gens la découvrent tel que moi je la vois. C’est une fille très timide, qui ne ressemble pas à l’image que l’on peut avoir d’elle.
Comment s’est passé la rencontre avec Céline Tran justement ?
On s’est connu sur un sketch du Golden Show que j’avais écrit et réalisé. Là, j’ai pu constater qu’elle était dans le délire auto-parodique. Je me suis dit que c’était quelqu’un qui n’avait peur de rien, qui pouvait aller dans n’importe quelle direction, et qui fait confiance si elle aime le projet. Elle m’a confié qu’elle était fan du Visiteur du Futur. Je me suis dit que ce serait drôle et intéressant de lui donner un personnage à l’opposé de ce qu’on peut imaginer. On a des personnages féminins qui jouent de leur charme, mais elle c’est l’inverse ! Elle joue une fille complètement prude qu’on a recouvert des pieds à la tête. Ca l’a obligée à être plus maladroite, plus nerd. Et elle le fait très bien. Et puis on ne la met pas en avant. Elle fait partie du groupe de la troupe royale.
« Katsuni est une fille très timide, qui ne ressemble pas l’image qu’on peut avoir d’elle. »
Simon Astier revient aussi cette saison. C’est une véritable histoire d’amour entre vous !
(rires) Complètement, j’adore Simon. Tout ce que j’écris pour Simon, il le transforme. Il ajoute tellement de choses géniales. C’est un vrai plaisir de travailler avec lui. La moitié des gags que l’on garde ne sont pas écrits (rires) ! Au début, il n’osait pas improviser. Il voulait respecter mon scénario. Je lui ai dit : « On s’en fout, vas-y, fais-toi plaisir ! ». On va super loin dans le délire, mais comme il apparaît en post-générique, je peux le monter à ma façon. En réel, on a des prises de trois minutes parfois, c’est du grand n’importe quoi. On va sans doute en mettre dans le making-of.
Simon Astier apparaît à chaque fin d’épisodes cette saison ?
Oui, il y a un côté « pendant ce temps là chez les missionnaires ». C’est une sorte de parenthèse, de mini shortcom à part entière. On finit quand même par relier ce tronçon à l’intrigue principale.
Comment évolue ton héros, Raph, cette saison ?
Il est complètement mis à l’écart au début, mais il va se retrouver au centre des décisions. C’est lui pour une fois qui provoque l’intrigue et cherche à retrouver le Visiteur. A cause de ça, il va se retrouver coincé dans la futur. Pour la première fois, on se centre sur lui et sur ses actions. Il va devoir trouver des solutions. C’est une situation post-saison 3 où chacun est parti de son côté. Il essaie de comprendre pourquoi, et il découvre en même temps une nouvelle ville et ses problèmes. Son rapport avec le Visiteur va prendre une autre tournure. Pour moi, leur relation est toujours au centre de chaque saison.
Pour finir, aucune chance de revoir Justine LePottier dans le Visiteur du Futur, sous une forme ou une autre ?
La saison 4 montre les conséquences de la mort de son personnage, Judith. J’ai fait en sorte qu’il ne puisse pas revenir comme par magie. Sinon, cela annule toutes les intrigues et le chemin des différents personnages de cette saison. Ca n’a plus de sens si elle revient. Cette saison 4 parle de son absence.