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Grey’s Anatomy / Private Practice : pourquoi rien ne va plus en coulisses

Tony Cotte
Publié le 01/06/2012 à 19:29 Mis à jour le 07/06/2012 à 09:42

**Attention, cet article comprend des spoilers sur la dernière saison de Grey’s Anatomy**

À la tête des séries Grey’s anatomy, Private practice et désormais Scandal, Shonda Rhimes est une des showrunner les plus en vogue dans le paysage audiovisuel américain. Habituée à faire tourner ses acteurs dans ses différentes productions, la professionnelle est connue pour rester fidèle à son entourage et veiller à protéger les membres de l’autoproclamée « Shondaland family ». Une famille bien sous tous rapports, Disney étant le producteur, qui, derrière les apparences, s’avère particulièrement dysfonctionnelle.

Difficile de ne pas se souvenir de l’affaire très médiatique « Isaiah Washington », ou le renvoi de l’acteur après avoir insulté son collègue T.R Knight au su de son orientation sexuelle. Un pavé dans la mare qui va mettre le feu aux poudres. L’absence de réaction immédiate de Shonda Rhimes agace l’acteur. En 2008, alors qu’une storyline est développée (et même partiellement tournée, comme le laisse suggérer un commentaire de la productrice dans les bonus DVD de Grey’s Anatomy) entre le personnage de George O’Malley et une infirmière, les scènes sont coupées au montage, sans la moindre explication. Sur les neufs premiers épisodes de la cinquième saison, T.R Knight, pourtant régulier, n’apparait ainsi que 48 minutes, contre 114 pour celui de Sandra Oh. Peu à peu s’installe une absence de communication entre la créatrice et son acteur. Au point où celui-ci demande à quitter la série à l’issue de la cinquième saison au lieu de demander davantage d’explications. « Mon expérience pendant cinq ans m’a prouvé que je ne pouvais avoir confiance en aucune des réponses qui m’ont été données », explique alors l’intéressé au magazine EW.

À la même période, une situation similaire se produit avec l’actrice Melissa George. L’interprète de Sadie Harris est prévue pour un arc de quatre épisodes, puis de quatre autres en vue de devenir régulière. Celle-ci quitte finalement Grey’s Anatomy. La comédienne se dit satisfaite de son expérience et décide de partir, de son propre chef, pour faire tout simplement « autre chose ». Si Sadie Harris a été introduite pour développer une relation amoureuse avec le personnage de Callie, seul un léger flirt est diffusé à l’écran. Star Magazine apprend que plusieurs pages de scénario auraient été retirées chaque semaine. Selon le support, Shonda Rhimes aurait simplement évoqué une trop forte intervention du diffuseur sur la possible relation entre deux femmes à l’écran. «  Au début elle compatissait, mais quand j’ai commencé à me plaindre, elle refusait d’en parler. Les appels de mes agents sont restés sans réponses. Je n’allais pas rester là. Shonda m’a fait une promesse et ne l’a pas tenue. C’est là où j’ai décidé de partir », aurait déclaré Melissa George selon une source approchée par le magazine.

Le cas Brooke Smith donne du crédit à cette théorie. En novembre 2008, l’interprète du Dr. Erica Hahn est renvoyée sans ménagement, prétendument à la demande d’ABC suite au développement d’une relation amoureuse à l’écran avec sa partenaire Sara Ramirez. «  Je ne sais pas vraiment, mais je sentais que Shonda Rhimes avait les mains liées dans cette affaire », déclare l’actrice à EW peu de temps après l’incident.

Katherine Heigl, pour sa part, claquait la porte avec fracas. L’actrice, souhaitant privilégier sa vie de famille après l’adoption de sa première fille et exigeant un rythme de travail moins soutenu, échange des politesses avec la showrunner par médias interposés. Pourtant, entre la production et l’intéressée, tout n’a pas été rose. En 2007, celle-ci prend ouvertement la défense de son meilleur ami T.R. Knight dans l’ « affaire Isaiah Washington » n’hésitant pas à s’en prendre publiquement à son autre collègue. De quoi faire grincer des dents en coulisse. L’année suivante, l’actrice décide de ne pas entrer en course pour les Emmy Awards, cérémonie à laquelle elle a été récompensée un an auparavant, estimant que les intrigues de son personnage ne méritent pas un tel traitement.


A l’été 2009, Katherine Heigl souhaite informer les téléspectateurs du show de David Letterman, en vue « d’embarrasser [ses] patrons », que ces derniers venaient de lui imposer une journée de tournage de 17 heures, un fait jugé « cruel ». Alors que son départ est évoqué pour la saison 6, l’actrice est toujours présente. Mais le 11 mars 2010, cette dernière, attendue sur le tournage, répond aux abonnés absents. Shonda Rhimes et Katherine Heigl en viennent alors à un compromis et la comédienne se trouve immédiatement libérée de son contrat. Deux ans plus tard, quand la star des comédies romantiques fait part à de nombreuses reprises de son souhait de reprendre partiellement son rôle d’Izzie Stevens, la showrunner traine à s’exprimer pour finalement décliner poliment la proposition... « pour le moment ».

Qu’importe les raisons, les évictions semblent répondre à un schéma bien précis : en amont de chaque départ, le personnage concerné voit sa présence à l’antenne fortement diminuer. Dernier cas en date, celui de Chyler Leigh. Juste avant le tournage de la huitième salve, la jeune femme demande un prolongement de ses congés estivaux pour passer plus de temps en famille. Moins d’un an plus tard, à l’issue de la saison, le personnage de Lexie Grey, considéré depuis longtemps comme un remplaçant potentiel au rôle-titre, est tué. Shonda Rhimes s’exprime aussitôt et affirme ne pas avoir pris de plaisir à écrire cet épisode marquant une porte ouverte pour le départ potentiel de plusieurs acteurs. Selon elle, la mort de Lexie Grey a été une « décision commune » avec l’intéressée. Un fait que celle-ci tardera à confirmer par le biais d’un communiqué de presse. TV Guide spécule alors une raison budgétaire, compte tenu d’âpres négociations en coulisse avec les stars de la série Ellen Pompeo, Patrick Dempsey ou encore Sandra Oh. Ce serait également pour ce même motif que Kim Raver, dont le contrat arrivait à terme, n’a pas été invitée à reprendre son rôle de Teddy Altman de façon permanente. Officiellement, le départ de celle-ci est une décision prise par l’actrice seule. Force est de constater que la situation reste obscure, d’autant plus à la lecture des explications de la créatrice de Grey’s Anatomy via son compte Twitter et sa sibylline conclusion : «  Je n’aime pas quand tout est bouleversé en un instant pour se réduire en peau de chagrin. »

L’Amérique pluvieuse de Seattle n’est pas la seule à abriter un climat morose. Derrière les rayons du soleil de Californie, l’atmosphère dans les coulisses de Private practrice semble tout aussi maussade. Mardi 29 mai, Tim Daly, connu pour son rôle de Pete depuis le premier épisode de la série, informe de son départ sur Twitter : « Shonda a annoncé aujourd’hui à mon agent que mon personnage ne sera pas de retour pour la sixième saison. Ce fut cinq très bonnes années. R.I.P. Pete Wilder. » Quarante-huit heures plus tard, pas un mot de la concernée qui préfère s’exprimer sur la victoire de la dernière lauréate du Scripps National Spelling Bee, un concours d’orthographe (épellation) outre-Atlantique. Alors que l’on pourrait se contenter de juger de l’ironie de la situation, le site Deadline informe, jeudi 31 mai, du départ de Kate Walsh à l’issue de la prochaine saison de Private practice, composée de 13 épisodes. Depuis sept ans, celle-ci incarne Addison, d’abord dans Grey’s Anatomy puis dans la série dérivée où elle tient le rôle principal. Après « d’intenses négociations », l’actrice souhaiterait « passer à autre chose ».

Le grand huit illustrant, à chaque fin d’épisode, la participation de ShondaLand, société de production de Shonda Rhimes, accuse plusieurs accidents depuis 2006. En coulisse, la fratrie dysfonctionnelle livre son lot de péripéties aussi mouvementées qu’à l’écran. Reste à savoir quel est le rôle de la matriarche dans toutes les tribulations rapportées par la presse. Derrière une loi du silence coutumière à Hollywood, quelques un ont tenté de s’exprimer sans jamais parvenir à définir la nature exacte de celle qui est décrite aussi bien comme « bienveillante » que « bourrue ». Une chose est certaine, cette chronique cinglante confère aux mélodrames de ABC une aura de mystère fascinante...