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Le bilan et les nouveautés de M6 avec Arnaud Boucher, Directeur de la programmation et de l’antenne du groupe

Robin Girard-Kromas
Publié le 11/07/2013 à 15:31 Mis à jour le 19/07/2013 à 13:46

Depuis le bouleversement du PAF provoqué par l’émergence de la TNT, M6 est la chaîne historique qui a le mieux résisté. En cette saison 2012 / 2013, la chaîne a jonglé entre les succès de formats vedettes et les revers de certaines nouveautés. Pour Toutelatele, Arnaud, Boucher, Directeur de la programmation et de l’antenne du groupe M6, dresse le bilan de la saison et lève le voile sur quelques nouveautés de la rentrée.

Robin Girard-Kromas : Cette saison, M6 affiche des performances en baisse de 0.5 point sur un an. Quel bilan dressez-vous aujourd’hui ?

Arnaud Boucher : J’ai coutume de ne pas analyser les résultats mois par mois. Une forte évolution du PAF a démarré avec l’arrivée des chaînes de la TNT, un vrai bouleversement dans le paysage audiovisuel depuis très longtemps. M6 est la chaîne historique qui a le mieux résisté quand nos concurrents voient leurs audiences baisser de 20 à 30%. Alors, bien sûr, dans cette période un peu nouvelle, on a eu des très bons semestres et d’autres un peu moins bons... mais dans ce nouvel environnement, nous avons montré la puissance de notre offre malgré la concurrence accrue.

L’arrivée de D8 n’a-t-elle pas également précipité cette baisse d’audience ?

Je ne pense pas. On ne joue pas dans la même catégorie. D8 n’est pas une concurrente de M6, mais plutôt de W9 et TMC. En aucun cas nous n’axons notre stratégie par rapport à D8.

Cette saison, M6 a également poursuivi sa stratégie de suppression des secondes parties de soirée avec de plus en plus de soirées continues...

Il faut dire que nous avons initié ce type de programmation et qu’on a été largement copié depuis. De notre point de vue, une telle programmation ne dévalorise pas notre offre. Au contraire, sur beaucoup de programmes, cela permet aux téléspectateurs de pouvoir regarder la télévision de manière un peu plus souple, tout au long de la soirée. Les retours que nous avons à ce sujet sont très positifs. Les gens aiment bien avoir des soirées cohérentes et continues qu’ils peuvent suivre comme ils le souhaitent. D’autant que cela n’empêche pas la variété, car nous proposons des genres de programmes très différents selon les soirées.

Les secondes parties de soirée permettaient aussi de tester des programmes plus audacieux, à une heure où les enjeux sont moins importants et le « moins de 12 ans » autorisé...

On le fait déjà le dimanche soir avec Enquête exclusive. Quand on pense que c’est bien adapté pour un programme, nous n’hésitons pas à la faire. Mais notre marque de fabrique reste de proposer l’offre la plus cohérente possible.

« On ne joue pas dans la même catégorie que D8 »

Cette saison, M6 a connu de nombreux échecs avec J’ai décidé d’être heureux , Célibataire cherche grand amour ou encore Au secours, ma maison s’écroule...

M6 est une chaîne qui innove beaucoup et elle connaît parfois des revers. Ces trois émissions n’ont pas eu les résultats escomptés. Mais le public ne nous tient pas rigueur de tenter des choses. Cela nous pousse à être encore plus innovants dans notre offre.

Cette promesse n’est-elle pas en contradiction avec la décision de relancer Super Nanny la saison prochaine ?

Nous ne relançons pas Super Nanny, mais lançons Les Nannies. Les concepts sont assez différents. Le fait d’avoir deux spécialistes nous permet de traiter une palette plus large des problèmes d’éducation, que ce soit avec les tout-petits ou les ados. Récemment, on nous avait fait le même procès en accusant Les reines du shopping d’être du réchauffé. Au contraire, c’était très innovant et d’ailleurs ça a bien fonctionné. Nous voulons proposer de la nouveauté, mais aussi rester dans ce qui fait les gènes de la chaîne, les thèmes concernant. Dans ce cadre-là, c’est à nous d’innover.

Le format original de Super Nanny sera aussi de retour à la rentrée sur NT1. Comment avez-vous réagi ?

Ce qui nous intéresse plutôt que de regarder les chaînes de la TNT, c’est d’innover. Popstars a été repris et n’a pas fonctionné. Bien sûr, d’autres marques ont mieux marché, mais on ne va pas se poser la question sur la reprise de chacune de nos marques. Que d’autres veuillent faire du neuf avec de l’ancien, c’est leur problème. Nous, on avance.

Partie 2 : L’avenir de la télé-réalité et du divertissement


Des inédits de C’est du propre ont été relégués sur 6ter, laissant à penser que l’émission ne reviendrait pas sur M6...

Cette question n’est pas encore tout à fait tranchée. Nous y réfléchissons.

Valérie Damidot a annoncé la fin de D&Co avant de revenir sur ses propos. Que s’est-il passé ?

D&Co a trouvé sa place le dimanche après-midi avec des audiences très satisfaisantes, il n’y a donc aucune raison qu’on l’arrête. Nous continuons aussi sur les prime time, où les émissions proposées le mardi et le mercredi réalisent de très belles performances face à la concurrence.

Qu’en est-il du passage en première partie de soirée de Ma maison est la plus originale de France ?

Nous sommes plus que satisfaits, car les résultats ont été remarquables notamment sur les moins de 50 ans. Nous ne savons pas encore si nous allons repartir pour une saison, ça fait partie des possibilités pour 2014. Mais il est fort probable que ça revienne.

Un trésor dans votre maison connaît également un certain succès en access le samedi...

Nous réalisons de très bons scores sur cette case et nous voulons donc pérenniser cette offre en access le samedi. Nous travaillons également sur un numéro événementiel en première partie de soirée.

Comment analysez-vous l’échec d’Un air de star ?

Le divertissement, qu’il s’agisse d’un échec ou d’un succès, est toujours difficile à analyser. Un air de star est un carton incroyable dans tous les pays du sud, notamment en Espagne. Au contraire, l’Angleterre vient de le lancer avec des scores mitigés. C’est donc peut-être un concept qui a plus de mal dans les pays du nord. Les écarts de performances entre les différents pays sont assez rares.

« Nous n’avons aucun regret d’avoir refusé un éventuel retour de Nouvelle Star »

Nouvelle Star est revenue cette saison sur D8, tandis que M6 ne dispose vraiment plus de talent show musicaux. Le genre a-t-il toujours sa place sur la chaîne ?

Potentiellement, si on en trouve un qui correspond à nos attentes. Mais nous n’avons aucun regret d’avoir refusé un éventuel retour de Nouvelle Star. Je pense que l’émission n’a plus la promesse de nouveauté et d’innovation que doit avoir M6 pour réussir. Un air de star n’a pas rencontré le succès espéré, mais on est resté dans notre principe d’apporter de nouvelles choses et de faire bouger les lignes.

Avez-vous déjà songé à un nouveau format pour remplacer Un air de star ?

Nous allons lancer une nouvelle émission à l’automne, un grand divertissement de prime time qui sera sur le thème du patinage artistique. Philippe Candeloro, Surya Bonaly, Gwendal Peizerat et Sarah Abitbol : quatre grands professionnels de ce sport ont rejoint l’aventure.

À la rentrée, vous lancerez une nouvelle saison de La France a un incroyable talent. Ne craignez-vous pas la lassitude du public après la diffusion de The Best, qui vous prend de court sur TF1 ?

Je n’ai pas vu l’émission de TF1 et nous travaillons sur l’amélioration de notre propre concept. Un quatrième juré, Andrée Deissenberg, et d’autres nouveautés seront proposés. Je pense qu’il y a un public suffisant pour ces deux émissions. D’autant que la nôtre a déjà fait ses preuves. La France a un Incroyable talent est un succès partout dans le monde. Ce format a été vendu dans 55 pays et il continue de progresser !

Qu’en est-il de la télé-réalité, notamment d’enfermement, terrain délaissé par M6 depuis plusieurs années ?

On a été les premiers à en faire en 2001 et comme souvent, on a été suivis. Je ne dis pas que nous n’en ferons plus jamais, mais aujourd’hui, je ne crois pas que ce soit la vocation de M6 de se relancer dans la télé-réalité d’enfermement.

Partie 3 : Comment faire évoluer Pekin Express et Un Dîner presque parfait ?


Cette saison, les audiences de Pékin Express ont été très moyennes. L’avenir du programme est-il concerné ?

Cette saison n’a pas été « très moyenne », elle a simplement été en légère baisse par rapport à la saison précédente qui avait battu des records. Nous sommes au même niveau que la saison 2010/2011. On reste des niveaux tout à fait corrects pour un mercredi soir.

On sait toutefois que ce programme coûte très cher...

Bien entendu, cela rentre en compte. Mais en même temps, Pékin Express est une marque forte pour la chaîne. Elle permet d’avoir une offre découverte très complémentaire dans la grille. Elle a beaucoup d’atouts. On travaille donc plutôt à un fort renouvellement. Car pour qu’un programme fonctionne sur M6, il faut qu’il se renouvelle vraiment.

Après de belles performances l’été dernier, 60 Secondes chrono a connu de grosses difficultés en février. L’émission sera t’elle de retour sur la grille ?

On était très content des résultats de l’été dernier, mais une salve, c’est bien. Le concept est un peu redondant et je ne pense pas qu’on pourrait faire quelque chose de mieux pour une saison 2.

« Un dîner presque parfait demeure une très bonne émission d’access »

En access prime time, Un dîner presque parfait est en baisse depuis trois ans. Cette saison, le programme est passé sous la barre des 10% de part de marché en mai. Comment allez-vous réagir ?

Cette émission était une vraie innovation à son lancement, et a très vite atteint des scores exceptionnels. Un dîner presque parfait est à l’antenne depuis six ans et réalise aujourd’hui de meilleurs scores que ce que faisait la case avant son arrivée à l’antenne. C’est un exploit vu l’accroissement du nombre de chaînes et le développement de la TNT. Son audience a baissé, c’est normal, mais nous réunissons encore régulièrement 13% des 4 ans et + et 20% sur les ménagères. Elle demeure une très bonne émission d’access.

En laissant le programme en grille, ne craignez-vous pas de faire « l’année de trop » ?

Non, et c’est aussi pour cela que nous avons lancé Les reines du shopping au mois de mai. En septembre, on verra également une autre nouveauté avec La Meilleure boulangerie. On travaille encore sur d’autres concepts, pas forcément pour remplacer Un Dîner presque parfait, même si on se laisse la possibilité de l’avancer plus tôt sur la grille, mais peut-être pour avant. Plus globalement, on renforce notre offre de magazines d’access prime time.

Partie 4 : L’évolution des rendez-vous d’information


Où en êtes-vous par rapport au talk-show de Valérie Damidot entourée de femmes ?

Le pilote est très bien. Les équipes travaillent actuellement sur le projet pour encore l’améliorer et le mécaniser.

Côté info, vos journaux ont tous connu de belles saisons. Y-a-t-il toujours un potentiel de progression aujourd’hui ?

Nous le pensons et nous allons d’ailleurs proposer une nouvelle formule du 19.45 à la rentrée, autant dans la forme que dans le fond. C’est un vrai changement, comme on avait pu le faire il y a quelques années. Ce sera un nouveau JT et il devrait nous permettre de progresser encore l’année prochaine.

Allez-vous conserver la seconde fenêtre de Zemmour et Naulleau le dimanche soir ?

La décision n’est pas encore prise pour la saison prochaine.

Cette saison, vous avez doublé le temps d’antenne de 66 minutes avec une seconde partie « les histoires qui font l’actu ». Êtes-vous satisfait de cette nouvelle configuration ?

Nous sommes satisfaits, car cela a permis aux deux cases de bien progresser. La seconde partie de l’émission va toutefois encore évoluer avec une toute nouvelle promesse. Ce sera assez différent de ce qu’on fait actuellement.

« Nous allons proposer une nouvelle formule du 19.45 »

Outre Thomas Sotto à la tête de Capital, vous reconduisez tous vos animateurs à la tête de magazines d’information. Une telle continuité était nécessaire ?

On est tout simplement très content de tous nos animateurs et nous ne voulions pas nous en séparer !

Pourquoi avoir choisi d’arrêter Accès privé ?

C’est une émission qui avait fait un peu le tour de la question sur son positionnement actuel. À la rentrée, il y aura donc un nouveau programme de ce genre, avec un nouveau nom, un nouveau positionnement et une nouvelle façon d’interviewer. Ce sera un lifting d’ Accès privé, toujours présenté par Sandrine Corman.

En access, vous renouvelez également 100% Mag. Ne craignez-vous pas un effet de lassitude, comme cela a pu être constaté au mois de mai ?

Malgré la concurrence, c’est une émission qui reste à de gros niveaux. Elle se renouvelle souvent, avec des nouveaux visages, on part en régions, on s’adapte aux événements... À la rentrée, là aussi, nous aurons un nouveau décor et de nouvelles rubriques. Faustine Bollaert restera à la présentation. L’émission sera encore plus interactive, concernante et proche des téléspectateurs.

Partie 5 : La fiction et les séries


Côté fiction, M6 semble désormais miser principalement sur le format court. Que prévoyez-vous pour la rentrée ?

Depuis plusieurs années, nous avons décidé de partir sur de la shortcom. On s’est dit qu’on allait faire de la fiction à la M6, donc un format plus court et sur un registre humour proche de la chaîne. De Caméra Café à Scène de ménages et En famille aujourd’hui, nous avons connu beaucoup de succès et nous sommes aujourd’hui encore copié par nos concurrents. Nous proposons donc beaucoup de fiction française, mais elle est simplement faite différemment. Pour rappel, M6 est le deuxième diffuseur de fictions françaises entre 20 et 23 heures.

Après plusieurs tentatives ratées, M6 semble avoir abandonné toute idée de 26 minutes quotidien ou 52 minutes hebdomadaire...

Pour l’instant, on capitalise sur nos marques. En Famille et Scènes de ménages représentent beaucoup de volume de production. On aura aussi la fiction avec Michèle Laroque et Stéphane Plaza qui reviendront. Mais on se concentre surtout sur les formats courts d’humour.

M6 diffuse les séries américaines de deux façons : un inédit par semaine pour Hawaï Five-0 ou NCIS : Los Angeles, mais 4 inédits pour Jessica King ou Wes & Travis. Comment expliquez-vous cette stratégie de programmation ?

Sur les séries qui ont prouvé leur efficacité comme Hawai Five-0 ou NCIS Los Angeles, on est au plus proche de la diffusion américaine. Pour des questions de doublage et de rythme de diffusion, on est obligés de ne proposer qu’un inédit par semaine. Pour Jessica King ou Wes & Travis, c’est une offre d’été, et en été, la fidélisation est très forte d’une semaine à l’autre, mais sur une période très courte. Nous aimons bien proposer des offres assez compactes et groupées.

Après la tentative Modern Family, y a-t-il toujours de la place pour un format comédie de 26 minutes sur M6 ?

Nous fonctionnons au coup par coup selon la puissance de chaque sitcom. Le format 26 minutes reste difficile à imposer et à installer en France. Cela dit, dès qu’on en voit une sitcom qui nous plait, on la teste, comme on a pu le faire avec Modern Family. On recommencera l’expérience si on trouve la série adaptée. Mais, c’est certain, il est plus facile de programmer du 52 minutes.

« Nous diffuserons les séries Touch et Elementary »

Quelles nouvelles séries américaines programmerez-vous à la rentrée ?

Nous diffuserons les deux premières saisons de Touch et la première saison d’Elementary, la saison prochaine.

Qu’en est-il de Scandal, vue récemment sur Canal+ ?

La date de programmation n’est pas encore fixée, mais elle arrivera probablement au cours de la saison.

Quel est l’objectif de M6 pour la saison prochaine ?

Nous souhaitons continuer à innover et à progresser. Nous sommes assez confiants, car nous avons beaucoup de nouveautés et on va renforcer notre offre de magazines d’access prime time. On a de nombreux atouts pour que la chaîne progresse. L’objectif de M6 est d’être à l’écoute de nos téléspectateurs et de proposer une offre variée et innovante. La grille de rentrée s’est construite dans cet esprit : continuer à informer, faire comprendre, surprendre et divertir.