Toutelatele

Ness

Ariane Grassi
Publié le 09/05/2006 à 00:40 Mis à jour le 04/05/2011 à 15:29

Alors que Tout vu, tout lu s’en est allé rejoindre les archives du petit écran, France 2 nous propose désormais son nouveau jeu de fin d’après-midi : Carbone 14. Aux commandes de l’émission, on retrouve la pétillante Ness, enchantée de cette aventure aux allures de voyage dans le temps. Rencontre avec la meneuse de Top of the Pops...

Ariane Grassi : A quoi doit-on s’attendre pour ce premier numéro de Carbone 14 ?

Ness : Ce jeu fonctionne avec une règle très simple : respecter l’ordre chronologique. Ca a l’air facile, mais quand on se retrouve avec cinq événements à replacer sur une frise chronologique, le doute s’installe et ça devient vite une prise de tête ! Sur le plateau, l’atmosphère est très particulière car tout le monde se laisse prendre au jeu, j’entends même les techniciens chuchoter ! Quand le générique de fin défile, on a le sentiment d’avoir non seulement passé un bon moment mais aussi d’avoir appris quelque chose.

Ariane Grassi : Quels seront les sujets abordés ?

Ness : Les thèmes sont classiques : télévision, sport, cinéma, mode, politique... mais il y a des sous-catégories qui rendent les choses plus pointues, par exemple, avec « les moustachus », on peut très bien parler de Georges Brassens comme de Mario Bros !

Ariane Grassi : Comment réagissent les candidats ?

Ness : Ils font appel à leurs souvenirs personnels : un mariage, une naissance, un examen, ils se disent : tiens cette chanson-là, je l’écoutais quand j’étais en terminale. Ca donne lieu à des moments très drôles, mais il y a aussi des phases très angoissantes, où on les voit réellement transpirer !

Ariane Grassi : Vous êtes une habituée des émissions musicales, on ne vous attendait pas à la tête d’un jeu...

Ness : Je pensais qu’animer un jeu, ce n’était tout simplement pas mon métier. Il y a une part de show que je n’ai pas. Je serais incapable de faire ce que fait Lagaf’ par exemple. Qu’on aime ou pas, c’est un vrai showman.

Ariane Grassi : Comment vous êtes-vous finalement laissée convaincre ?

Ness : Quand on m’a parlé de Carbone 14, le producteur a commencé par me dire : « avant de répondre, regarde ! » et au bout de 2m30 de la version anglaise, j’ai dit oui ! J’ai ensuite testé le jeu chez moi, avec des personnes d’horizons très divers, et bien tout le monde participait ! Dans le salon, ça partait dans tous les sens ! Et quand on regarde le jeu à la maison, c’est la même chose, chacun participe, ça donne lieu à de vrais débats qui permettent de sortir du rôle passif de téléspectateur.

Ariane Grassi : Avez-vous changé votre façon de travailler ?

Ness : Animer un jeu est un exercice difficile. Il faut savoir se glisser dans une mécanique où l’animateur n’est plus qu’un maillon d’une chaîne où tout doit être synchronisé. Dans ma carrière, j’ai été amenée à présenter des émissions très différentes, mais rien ne m’a paru aussi compliqué. Je me suis vraiment entraînée pour que l’ensemble devienne fluide. Ce n’est pas pour autant que je vais jouer un rôle, je tiens à rester moi-même.

Ariane Grassi : Dès la semaine suivant le lancement de Carbone 14, vous devrez affronter les rediffusions sur TF1 de la première saison de Lost...

Ness : La réponse du berger à la bergère ! Je trouve ça bien qu’il y ait de la concurrence et qu’elle soit réactive, mais la réponse est vraiment rapide, et surtout disproportionnée ! J’ai envie de leur dire que c’est trop d’honneur ! La deuxième diffusion d’une série comme Lost, qui coûte aussi cher, se fait normalement en deuxième partie de soirée. Que TF1 décide de la programmer face à nous, montre bien qu’ils sont conscients du potentiel du jeu. Du reste, ça ne m’inquiète pas, le nombre d’épisodes n’est pas infini et nous ne sommes pas dans une course à l’audience.


Ariane Grassi : Vous vous êtes fait connaître du grand public sur l’antenne de TF1, avant de devenir l’un des visages emblématiques de France 2. Le service public est-il plus à votre goût ?

Ness : Ce n’est pas du tout la même façon de fonctionner. La logique de TF1 est extrêmement commerciale, elle l’assume et je ne critique pas cette maison qui m’a beaucoup apporté. France Télévisions s’inscrit plus dans le temps et privilégie le fond à la forme. Le seul petit souci, ce sont les changements fréquents de présidence, puisque chaque bouleversement met en danger notre place d’animateur et oblige à recréer une relation de confiance. Heureusement avec la nouvelle équipe, la discussion a été très positive dès le départ.

Ariane Grassi : Vous animez Top of the pops depuis plusieurs années déjà, êtes-vous toujours aussi enthousiaste ?

Ness : J’adore Top of the Pops, c’est un peu mon bébé. Nous avons la chance de recevoir sur notre plateau des artistes que l’on ne voit nulle part ailleurs. C’est un vrai bonheur ! Et contrairement à ce qu’un certain journaliste (Jean-Marc Morandini, ndlr) se plaît à annoncer régulièrement, elle n’est pas menacée.

Ariane Grassi : Vous êtes amenée à rencontrer une pléiade d’artistes, la présentatrice laisse-t-elle parfois la place à la fan ?

Ness : Bien sûr ! Je me cache souvent derrière le public, simplement pour savourer la prestation des artistes. Je suis capable d’interviewer des stars internationales sans être particulièrement impressionnée, mais face à des artistes qui me touchent plus, comme dernièrement Jean-Louis Aubert, la tension est beaucoup plus forte.

Ariane Grassi : Les téléspectateurs vont bientôt vous découvrir dans Trois jeunes filles nues, l’opérette made in France 2...

Ness : C’était génial ! Une grande histoire humaine. Dans ce milieu, il y a tellement de on-dit sur les animateurs que l’on n’est jamais très à l’aise quand on se croise. Là, au-delà des professionnels, j’ai découvert des hommes et des femmes extraordinaires. Nous avons abordé l’aventure avec humilité, comme des écoliers qui préparent leur spectacle de fin d’année, mais avec le sérieux et la rigueur nécessaires ! Chapeau bas à Francis Perrin qui a su faire sortir le meilleur de nous. Grâce à lui, j’ai accompli des choses dont je ne me croyais pas capable.

Ariane Grassi : Comment avez-vous réagi aux débats qu’a suscités l’annonce de l’arrivée d’Harry Roselmack à TF1 ?

Ness : Mon point de vue est clair. Je fais de la télévision depuis 10 ans, et l’on ne m’a jamais proposé quoique ce soit parce que je suis un peu « exotique ». C’est très bien que la télévision soit le reflet de la France, mais il faut faire attention à la manière de le faire. Les gens doivent être choisis pour leur compétence et non pour leur couleur de peau. Harry est un bon journaliste, être choisi pour le 20 heures de TF1 est une fierté mais à sa place, je n’aurais pas apprécié de voir que tous les papiers sur sa nomination ne parlaient que du fait qu’il soit noir. Les choses auront vraiment changé quand on ne lira plus ce genre d’articles. Il est temps de prendre conscience que la ménagère est multiethnique et multiculturelle !

Ariane Grassi : Avez-vous renoncé à travailler derrière la caméra comme ce fut le cas auparavant (notamment en tant que directrice artistique de MCM) ?

Ness : C’est un travail extrêmement passionnant. J’ai adoré participer au lancement de Game One ou au renouveau des programmes jeunesse de TF1 en période post-Dorothée. Ce côté-là du travail en télévision est extraordinaire. J’ai actuellement des projets, mais plutôt pour d’autres personnes.