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Prison Break : du succès à l’évasion des téléspectateurs

Publié le 11/09/2009 à 13:12

Entre rebondissements ubuesques et audiences déclinantes, Prison Break est rapidement passée du statut de série phare à celui de programme conspué. Mais pourquoi les frères Scofield ont ainsi vu leur nombre d’inconditionnels désertés au fil des années ?

Créé en 2005 par Paul Scheuring, Prison Break s’appuye, à la base, sur l’acteur Dominic Purcell (héros de l’éphémère John Doe), accompagné par un quasi-inconnu qui allait focaliser toute l’attention du public, Wentworth Miller, le héros de Dinotopia. Le programme a aussi révélé nombre de talents, dont Robert Knepper, interprète du terrifiant T-Bag, un pédophile psychopathe. Avec ses personnages forts, Prison Break proposait à ses téléspectateurs une gamme unique pour une série diffusée en prime-time sur deux chaînes grand public (FOX et M6).

A la base, la série s’appuyait sur une histoire originale. Un génie architecte (Michael Scoffield) tente de faire évader de l’intérieur d’une prison son frère (Lincoln Burrows), injustement condamné à mort, grâce aux plans tatoués sur con corps. Paradoxalement, Paul Scheuring avait déclaré lors du début de la série ne vouloir faire que trois saisons, dont deux en prison.

La série, de par son postulat de départ, ne pouvait donc pas durer éternellement. Elle a été forcée de changer de formule alors qu’en saison 1 l’évasion atteignait son climax. Exit le huis clos en prison, il fallait maintenant faire place à la chasse à l’homme grandeur nature. La troisième saison voit elle l’inversion des rôles entre un Michael emprisonné à tort et un Lincoln libre. Un complot autour d’une mystérieuse « Compagnie » vient surplomber la mythologie bancale de la série. Pourtant, bien qu’il semblait impossible de faire évader à nouveau les (ex-)prisonniers une fois libres, les saisons suivantes ont continué d’utiliser perpétuellement les mêmes ficelles et rebondissements narratifs précédemment recyclés.

D’emblée, la première saison de Prison Break a rapidement rencontré un succès mondial. Le coup d’envoi de la série a été donné devant 10.5 millions de téléspectateurs. Un record pour la FOX qui enregistre alors sa plus belle performance pour la diffusion d’un pilote depuis dix ans.

Parallèlement en France, M6 a également réalisé des audiences historiques grâce au duo Wentworth Miller / Dominic Purcell. Les trois premiers épisodes de Prison Break, diffusés le jeudi 31 août 2006, ont ainsi réuni 5,5 millions de fidèles, soit 25.8% de part de marché. De quoi réjouir M6 qui est la deuxième chaîne la plus regardée sur l’ensemble du public et la première auprès des moins de 50 ans avec 35.7% sur cette cible.

Quelques semaines plus tard, la soirée refermant la première saison, et programmée pour l’occasion un mercredi, a rassemblé 7.5 millions d’inconditionnels, pour 28% de part de marché. La chaîne se positionnait alors comme la leader de la soirée, devançant le match de football de TF1, et atteignait sa 4e meilleure audience depuis sa création. Un phénomène était né, un succès envié et jalousé.
D’abord 13, puis 22 épisodes, Prison Break est devenue une mine d’or si importante pour la FOX que la série a été automatiquement reconduite chaque saison. Et, comme en France sur W9, la première saison a été multi-diffusée outre-Atlantique.

Pourtant, le raz-de-marée Prison Break s’est vite essoufflé. En 2006, son suspense haletant lui avait permis de décrocher de nombreux prix dont deux Golden Globe Award en 2006, celui de la meilleure série dramatique et du meilleur acteur dans une série dramatique pour Wentworth Miller. Quelque mois plus tard seulement, la tendance est renversée et les critiques deviennent de plus en plus négatives à l’égard des aventures de Michael Scofield. De plus, près de 20% du public se volatilise aux États-Unis.


En France, la seconde saison débarque le 13 septembre 2007, toujours chaque jeudi sur M6. L’évasion de Michael et de ses camarades d’infortune, et la chasse à l’homme qui s’ensuit, captivent alors 5.21 millions de téléspectateurs, soit 20.8% de part de marché, dont 35% auprès des moins de 50 ans. Prison Break talonne alors la Section de recherches de TF1. A coup de trois ou quatre épisodes par soirée, M6 n’hésite pas à en offrir toujours plus aux inconditionnels, quitte à griller ses cartouches. Et si les audiences restent hautes pour la chaîne, il n’en demeure pas moins que l’érosion se fait déjà ressentir. Le 22 novembre, la fin de la cavale peut cependant compter sur 5 millions d’accros.

Forte de ce succès, M6 décide alors d’offrir à ses téléspectateurs les premiers épisodes de la 3e saison de Prison Break. Les inconditionnels retrouvent Michael au sein de la redoutable prison de Sona. Cependant, ils sont moins de cinq millions de fidèles à choisir la série, soit 18.4% de part de marché. Et petit à petit, la chaîne se rapproche doucement des quatre millions, et ce même si elle reste leader auprès des moins de 50 ans.

Après une pause de trois mois, Prison Break revient sur M6, le 29 mai, chaque jeudi en prime time. C’est alors une douche froide pour la série qui effectue sa plus faible performance depuis son lancement à l’antenne de la chaîne privée. 3.5 millions de Français sont alors présents devant leur petit écran. Le 5 juin 2008, la fin du séjour à Sona est plébiscitée par 3.8 millions de personnes (15.9% de part de marché).

Parallèlement aux États-Unis, la grève des scénaristes touche la profession et vient perturber les différents tournages. Dans cette période trouble, la Fox se décide cependant à passer commande des 24 derniers épisodes. Au cours de cette 4e saison, Michael, Lincoln et leurs compères doivent partent à la recherche de Sylla, une carte qui permettra de démanteler le Cartel.

Et pour la première fois, M6 propulse Prison Break dans le cadre de sa fameuse Trilogie du samedi en déclin. Le résultat ne se fait pas attendre. Les aventures de Wentworth Miller sont désertées par les Français avec moins de deux millions de téléspectateurs et 11.5% de part de marché, soit la plus faible audience française de la série. Pire, petit à petit, le public s’échappe encore plus des péripéties des prisonniers. Une semaine plus tard, 1.74 million de fidèles, soit 8.2% du public présent devant sa télévision. Un record dans la contre-performance pour Prison Break, qui frôle la déprogrammation.

Sans doute trop vite dépassée par son succès initial, Prison Break a toujours voulu surenchérir au niveau des intrigues, quel qu’en soit le prix à payer. Si bien que dans la dernière saison, Sarah, l’amoureuse de Michael, est revenue d’entre les morts alors même qu’elle avait été décapitée un an plus tôt.

Dans l’indifférence générale, l’ultime aventure de Prison Break a été diffusée sur la FOX le 27 mai 2009 devant 3.3 millions de fidèles, soit trois fois moins que l’épisode pilote. Une chose est sûre, les téléspectateurs se sont échappés, mais, contrairement à Michael Scofield, ils ne se sont jamais fait reprendre...