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Anne-Sophie Lapix (C à vous) : « Je ne suis pas dans une compétition avec Cyril Hanouna »

Alexandre Raveleau
Publié le 02/02/2015 à 18:47 Mis à jour le 02/03/2015 à 13:10

Depuis maintenant quatorze ans, Toutelatele invite ses lecteurs à élire la personnalité qui a marqué la télévision au cours de l’année. Anne-Sophie Lapix est la préférée des internautes avec 25.18% des suffrages, devant Cyril Hanouna (24.74%) et Cristina Cordula (15.44%). De C à vous à Mots croisés, l’animatrice revient sur son succès sans détour, ni langue de bois.

Alexandre Raveleau : Les lecteurs de Toutelatele vous ont élue « Personnalité télé » de l’année 2014. Quelle est votre réaction ?

Anne-Sophie Lapix : C’est pour moi une immense surprise, car je pensais que les internautes votaient plutôt pour des animateurs d’émissions plus divertissantes. Je suis extrêmement heureuse parce qu’il se trouve que cette année il y a une ambiance extraordinaire au sein de l’équipe. On a l’impression de faire une émission qui vit. C’est très encourageant et très réconfortant, même s’il ne faut jamais crier victoire en télé.

Vous succédez à Cyril Hanouna, qui a remporté le titre deux années de suite. Au-delà des audiences, le match continue donc entre vous…

Je ne suis pas dans une compétition. Pour le coup, Cyril Hanouna fait une émission complètement différente, avec un public différent. Moi, je cours tout droit, je vise l’objectif et je ne regarde pas sur les côtés. Je suis les audiences tous les matins, mais mon but n’est pas là. Nous voulons arriver à conquérir, dans le bon sens du terme, les téléspectateurs.

Vous parlez toujours de votre équipe et assez peu de vous. N’est-ce pas aussi votre succès ?

(Rires) Si je parle de mon équipe, c’est qu’elle me permet aussi de m’épanouir. J’ai une confiance totale en eux. C à vous, c’est d’abord une équipe. Ça parait un peu cliché, mais vous n’imaginez pas à quel point les gens sont motivés dans la rédaction. On est très heureux de plaire aux gens ! On a peut-être moins de moyens que d’autres, mais on compense.

« Moi, je cours tout droit, je vise l’objectif et je ne regarde pas sur les côtés »

Depuis le début de la saison, les audiences sont historiques, en particulier depuis la rentrée de janvier 2015, avec l’attentat contre Charlie hebdo et les prises d’otages. Comment avez-vous traversé cette période ?

Le jour où c’est arrivé, nous devions enregistrer une émission l’après-midi, avant le direct du soir. On a annulé le tournage parce qu’on ne se sentait pas de faire semblant, puisque ce numéro devait être diffusé plus tard. On ne pouvait pas. Tout le monde était choqué. En ce qui concerne les émissions spéciales, les choses se sont faites assez naturellement et progressivement. On a supprimé le diner, et puis on a avancé comme ça, au jour le jour. Notre rôle était de rester très solide vis-à-vis de nos invités. À ce moment-là, les audiences n’avaient vraiment aucun sens. Il est sûrement vrai que cette période très actu nous a permis de convaincre un public de nous regarder. Mais les audiences, c’est très fragile... Je ne me gargarise pas en voyant les chiffres. J’ai le sentiment que l’émission progresse et s’améliore. On est fier de la faire.

Dans quelle mesure faites-vous évoluer la mécanique de l’émission ?

C à vous bouge peu à peu, et tout le temps. Ces petits changements sont à peine perceptibles et de l’ordre de l’ajustement. On se laisse par exemple une totale liberté dans l’organisation, sur la durée de la partie « actu » notamment. Par contre, on ne va pas faire venir quelqu’un de nouveau ou créer une nouvelle rubrique. On a aussi un peu abandonné le prégénérique et le teaser au début parce que, entre autres, nous souhaitions avoir plus de temps en compagnie de Matthieu Noel.

Comment s’autocensurer en coulisse pour éviter les pièges de Matthieu Noel ?

Si vous saviez à quel point on se retient. Hélas... Dans la rédaction, on fait très très très attention. On devient un peu parano (rires). Pour moi, plus sérieusement, le secret de cette chronique ne réside pas dans les pièges, mais vraiment dans l’écriture. Matthieu est extrêmement percutant. C’est joli, recherché. Tout le monde peut prendre des extraits, des fuites et des off, mais son écriture de Matthieu fait la différence. C’est une vraie plume.

« Je n’ai pas encore complètement trouvé la bonne formule avec Mots croisés »

Vous êtes également aux commandes de Mots croisés depuis la rentrée. Quel bilan tirez-vous de ce début de saison ?

Je n’ai pas encore complètement trouvé la bonne formule. Je suis arrivée avec l’idée d’opposer systématiquement des personnalités, mais les duels sont très compliqués à mettre en place. Je pensais prendre deux personnalités et traiter de toute l’actualité. Je me suis rendu compte que c’était trop compliqué. Il y a très peu d’hommes politiques qui acceptent de débattre avec d’autres hommes politiques. En tout cas, ils veulent les choisir. Je n’avais pas mesuré la complexité de la préparation. On revient donc à une formule plus classique de Mots croisés, avec d’autres invités, parfois des reportages. Moi, je me sens de mieux en mieux dans la gestion du débat. Au début ce n’était vraiment pas simple pour moi.

Sur Twitter, le Front National a laissé un message qui vous était destiné au sujet de l’émission du 12 janvier : « @MotsCroises fait ce soir un débat sur l’islamisme sans le FN...Une attitude qui explique le désintérêt croissant pour cette émission ! ». Il a notamment été retweeté par Marine Le Pen.

Florian Philippot est venu. Louis Aliot aussi. On n’a pas de souci à faire venir des gens du Front national. Après, pour Marine Le Pen, je l’ai invitée, je vous rassure. Elle n’a pas voulu venir. Je pense qu’elle estime que le 23 heures, ce n’est plus de son niveau. Toutes les sensibilités doivent être représentées. De toute façon, il ne faut pas s’enflammer sur ce qui se dit sur Twitter.

Depuis vos échanges dans Dimanche+ sur Canal+, vos rapports avec Marine Le Pen semblent un peu électriques…

Dès que Marine Le Pen accepte mon invitation, ce sera avec plaisir.