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Christian Jeanpierre : de Téléfoot aux Bleus à l’approche de France / Brésil

Emilie Lopez
Publié le 09/02/2011 à 12:06

Ce mercredi 9 février, l’Équipe de France retrouve son meilleur ennemi, le Brésil, pour un match amical au Stade de France, à suivre en direct sur TF1. A cette occasion, Christian Jeanpierre revient, pour Toutelatele.com, sur sa carrière au sein du service sportif de la chaîne privée, jalonnée d’obstacles, et sur « son » Téléfoot, qui a connu de profonds changements. il évoque également le renouveau des Bleus, menés par Laurent Blanc, un Sélectionneur en qui il croit...

Emilie Lopez : Vous avez repris les commandes de Téléfoot, le 30 mars 2008, suite au décès de Thierry Gilardi. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?

Christian Jeanpierre : Nous avions des rapports cordiaux et amicaux. On partageait le même bureau. Et je dois avouer qu’à la rédaction de TF1, on en parle régulièrement : il est toujours présent dans nos mémoires. Quand on voit un beau geste, une belle attitude, un beau match, qu’il s’agisse de foot ou de rugby, on dit toujours « Tiens, ça aurait plu à Thierry ». Il est toujours présent dans nos cœurs.

La succession n’a pas dû être évidente à gérer...

C’est vrai que le Téléfoot et le France / Angleterre qui ont suivi son décès ont été extrêmement douloureux pour Arsène (Wenger, ndlr) et pour moi. Il fallait tenir l’antenne, commenter ce match au Stade de France le lendemain... Vraiment ce n’était pas évident...

Depuis lors, vous êtes aux commandes de l’émission, qui a connu quelques turbulences, notamment lorsque les droits de la Ligue 1 sont partis à la concurrence.

On nous a annoncé le pire il y a trois ans ! Je me souviens d’articles, lorsque la Ligue 1 est passée sur le service public, où on nous disait que Téléfoot était mort ! Je n’ai pas la mémoire courte, et je suis content de les ressortir, parce que trois ans après, nous sommes toujours là, avec des chiffres en augmentation. C’est vraiment dû à une équipe qui bosse, qui fait des supers coups, et qui sort des trucs géniaux. Ils ne sont pas forcément en plateau avec moi c’est pourquoi je veux leur rendre hommage.

Bixente Lizarazu a rejoint les rangs de l’équipe sportive de TF1 il y a maintenant un an et demi. Que pensez-vous de son travail ?

Que du bien ! Il y a ce que vous voyez à l’antenne : le mec qui a une bonne gueule, qui s’exprime bien, qui a un avis sur le foot, qui est bon, etc. Mais là où il me surprend le plus, c’est que c’est un vrai bosseur. J’en vois trop, dans cette génération-là, celle de France 98, qui veulent s’afficher un peu partout, et qui ne font pas forcément le boulot nécessaire derrière. Bixente, lui, est rigoureux, il a horreur de l’ « à peu près » : il a tout pour lui ! C’est une vrai satisfaction, tant sur Téléfoot que dans les directs.

Nouveauté cette année : Olivier Dacourt sera également de la partie. Quel est son rôle ?

Il a un rôle de reporter : il nous a fait beaucoup rire avec son sujet sur Patrick Vieira. C’est une bonne chose que Téléfoot s’enrichisse de compétences diverses et variées. Olivier a son humour à lui, et il n’a pas eu de bol en Équipe de France, car il est tombé sur une génération super douée, celle de Deschamps : aujourd’hui, il aurait fait une carrière totalement différente sous le maillot des Bleus !

Encore un ancien joueur devenu consultant... Or, entre Canal + et TF1, on a le sentiment qu’une guerre pour savoir qui aurait le plus d’anciens de France 98 s’est instaurée...

Il n’y a pas de guéguerre avec Canal : la preuve, on a pu interviewer Zinédine Zidane pour Téléfoot ! On travaille en bonne intelligence... Évidemment, le rôle des médias est de nous opposer, mais on est, selon moi, super complémentaires : on l’a notamment vu lors de la dernière Coupe du Monde. J’ai des amis dans la maison d’en face, mais je ne suis pas en guerre avec, par exemple, Cyril Linette et Hervé Mathoux. Chacun essaye de bien faire son boulot, et de mettre en valeur ses consultants. Et je suis ravi de ceux que nous avons : je vais commenter France / Brésil avec deux mecs pour qui j’ai un profond respect et que j’aime particulièrement, pour plusieurs raisons.


Pourriez-vous imaginer un chroniqueur comme Pierre Ménès, et son célèbre bagou, dans votre équipe de consultants ?

On n’a pas le même concept que Canal+ : Téléfoot est plutôt une émission de reportages. Et nous n’avons pas vraiment de place pour le style « talk-show » comme on le voit sur les chaînes du câble et satellite. Ce n’est pas notre vocation : on passe à 11 heures le matin, on a un public totalement différent, qui va de 7 à 77 ans, très large, et nous laissons peu de place au débat et au blabla. C’est notre manière de parler de football, et les audiences prouvent qu’on a raison de le faire ainsi, puisque nos chiffres sont en progression de 200.000 téléspectateurs depuis la rentrée.

Pourquoi Téléfoot rencontre-il autant de succès selon vous ?

On s’adresse au plus grand nombre, et nous sommes très attentifs aux demandes des téléspectateurs. On est en rapport quotidien avec les gens qui nous regardent le dimanche matin, et j’aime cet échange. On essaye d’être le plus ouvert possible, tout en essayant de ne pas faire fuir les fans ! On essaye de montrer le foot d’une manière un peu différente, et notre mission est de rassembler le plus grand nombre. C’est la politique que l’on applique tant sur les matchs que sur Téléfoot.

Outre l’Équipe de France, et notamment le France / Brésil de ce mercredi 9 février, TF1 retransmet également la Ligue des Champions. Ainsi, le 23 février, les fans découvriront Marseille / Manchester. Pourquoi avoir une nouvelle fois privilégié l’OM à l’OL ?

On a diffusé quand même quatre fois Lyon en novembre et décembre ! Les deux affiches se valaient, mais il y a une énorme attente du côté de Marseille : c’est le retour d’une phase finale de la Ligue des Champions ! Cela fait des années que les Marseillais attendent ça. Là c’est la prime au renouveau du côté de la Canebière, et on les suit, en espérant que cela se passera bien. De plus, Manchester est une équipe redoutable, qu’on a envie de voir.

Imaginez-vous une victoire des Marseillais ?

Ce sera difficile, mais je me dis qu’à Marseille, tout est possible. Il faut vraiment qu’ils sortent le match de leur vie, car en face, c’est une armada incroyable. De plus, Manchester est avide de trophées, la finale est à Wembley, donc cela crée une émulation incroyable en Angleterre entre Chelsea, Arsenal et Manchester. De plus, Sir Alex Ferguson n’a plus 25 ans, le temps passe, donc il veut la gagner, cette finale à Wembley. Ça va être compliqué pour Marseille.

Par ailleurs, ce que l’on sait moins de vous, est le fait que vous soyez à l’origine de la pose des oreillettes aux arbitres des compétitions de football...

C’est vrai. En 2002/2003, j’ai débarqué à la FIFA en proposant cela. Et la personne que j’ai rencontrée m’a répondu : « Monsieur Jeanpierre, votre projet est fou, allez plutôt tenter l’Himalaya ou l’Everest vous aurez plus de chance de réussir ! » (rires) On a, au final, réussi à l’imposer grâce à Frédéric Thiriez (Président de la ligue de football, ndlr), qui m’a aidé. Quelques années plus tard, je suis super heureux et fier d’être à son origine du truc et de voir que tous les arbitres aujourd’hui, sur tous les terrains d’Europe, qu’il s’agisse de la Ligue des Champions ou même de la Coupe du Monde, en sont équipés.


En parallèle, faites-vous partie des « pro-vidéos » sur les matchs ?

À fond ! (rires) Je respecte totalement l’avis de Michel Platini (président de l’UEFA, ndlr), mais j’espère quand même qu’à un moment ou un autre il y aura une aide technologique pour les arbitres. On a déjà réussi à leur montrer que le son, c’était vachement bien, j’espère que nous arriverons à leur prouver que l’image c’est aussi super !

En parlant d’image, on sent que la cote de popularité de l’Équipe de France est en progression depuis l’arrivée de Laurent Blanc...

Je suis super content du travail qu’il fait et de l’image qu’il donne de l’Équipe de France. Il ne suffit pas de ressasser le passé et de dire qu’avant c’était moche, mais on a vraiment vécu une période délicate en Afrique du Sud. Et chaque victoire, aujourd’hui, est une reconstruction de l’équipe de France et de l’image du football français, qui a vraiment été détériorée. Je compte sur des matchs comme France / Brésil pour relancer la machine.

Enfin, en parallèle de votre carrière de journaliste, vous êtes également à la tête du groupe Rockaway, avec lequel vous avez, notamment, récolté des fonds pour ELA, l’association de Zinédine Zidane.

Chaque année, nous jouons à l’Olympia. Pour cette fois, ce sera le 15 mai. Avant cela, on a un super galon d’essai dans un lieu prestigieux, qui est le Méridien, à Paris. On est très contents, car c’est un très bel endroit où de grosses pointures ont joué, donc on essayera d’être à la hauteur de l’évènement. C’est avant tout une vraie passion et un vrai plaisir.

Envisagez-vous une reconversion ?

(rires) Je vous rassure, il ne s’agit pas d’un changement de carrière ! J’ai toujours fait la distinction entre mon boulot et ce loisir. Simplement, nous mettons notre passion au service d’une cause, et, en plus, on s’éclate sur scène, tout en arrivant à remplir l’Olympia. Au total, on a fait 150.000€ de dons à l’association. Donc je suis assez fier de ma petite troupe.

Pourquoi avoir choisi ELA ?

Parce que Zizou, il y a une dizaine d’années, m’a demandé de le rejoindre au sein de l’association. Au départ, j’étais simplement parrain et il y a quatre ans je me suis demandé ce que l’on pourrait faire de plus fort. Au début, j’avais vu petit, dans une petite salle, et au final je n’ai reculé devant rien, je me suis dit « Pourquoi pas demander à l’Olympia ? » La direction m’a répondu que mon projet était génial, et on m’a laissé carte blanche. Je pensais juste faire un « one shot » mais au lendemain du premier concert, on m’a rappelé en nous demandant de revenir l’année suivante ! On a eu la visite de Maxime Leforestier, Kad Merad, Michael Jones, pas mal d’artistes venus nous soutenir. Et c’est un vrai plaisir.