Les animateurs télé dans la ligne de mire des éditeurs

Panique dans le petit monde de la télévision française. Alors que la nouvelle génération d’animateurs fait la une des magazines people, les anciens, pour leur part, se voient mis en avant d’une toute autre manière, tout aussi peu enviable : en devenant les cibles privilégiées d’anciens collaborateurs, via des livres polémiques, prétendant dévoiler la face cachée des coulisses du PAF. Ainsi, depuis la rentrée télévisée 2007, pas moins de 5 ouvrages ont fait leur apparition dans les librairies françaises, créant quelques frissons chez les vedettes du petit écran.

Premier flingage en bonne et due forme, le 24 août 2007. Ce jour-là sort Pascal Sevran : le maître chanteur - L’homme à qui la chanson ne doit rien, le quatrième opus de Laurent Balandras. Au fil des quelque 176 pages, l’auteur dresse un portrait au vitriol de celui qu’il surnomme « l’imposteur ». Un véritable pamphlet dont le but ultime est de réduire à néant toute crédibilité de l’ancien animateur de La chance aux chansons, et ce, en remettant en question tout ce que Sevran a pu prétendre avoir construit au long de sa carrière. Si l’enquête est particulièrement détaillée, elle n’a pas déchaîné les foules : moins de 700 exemplaires ont trouvé acquéreurs...

A peine deux semaines plus tard, Laurent Gerra se lance à son tour, avec sa bande dessinée, Les Zenvahisseurs. Sur la couverture, Laurent Ruquier, alias « le chevalier Rouquette », Thierry Ardisson, renommé « Darkisson » ou encore Marc-Olivier Fogiel, « Marco Fauderche » sont caricaturés de telle sorte qu’on les penserait tout droit sortis de Star Trek. Selon l’humoriste, tous les animateurs du PAF auraient une mission : « Nous rendre encore plus cons ». Comme à son habitude, « Laurent Gerra flingue la télé », sans aucune objectivité... Ce qui ne semble pas déplaire au public : depuis sa sortie, le 5 septembre dernier, plus de 17.000 exemplaires de la BD se sont écoulés.

Dans un registre un peu différent, le 13 septembre débarque dans les rayonnages Telecruella : le psycho-paf et moi. De prime abord, ce roman à la mode Isabel Wolff semble n’être issu que de l’imagination particulièrement fertile d’une certaine Agathe Ward. Mais derrière ce pseudo se cache en réalité Catherine Siguret, actuelle chroniqueuse sur Direct 8, ayant officié aux côtés de nombreux animateurs de la télévision française, notamment Bataille et Fontaine ou encore Dechavanne. De son propre aveu, la jeune femme se serait inspirée de ses expériences à leur côté afin de créer son personnage principal, animateur vedette de la chaîne. Un constat particulièrement inquiétant, lorsque l’on constate le degré de psychopathie atteint par ce présentateur, Sylvain Martin. Vendu à moins de 2.000 exemplaires, ce roman n’a pas rencontré le succès escompté.

Le véritable buzz viendra quelques mois plus tard. Le 10 janvier 2008 arrive dans les librairies Madame, Monsieur, Bonsoir - Les dessous du premier JT de France. Sous le pseudonyme de Patrick Le Bel se cache un collectif de 5 journalistes de la rédaction de TF1, dont la prétention est de dénoncer les conditions de travail et les coulisses du premier journal télévisé de France. Alors que les grands pontes de la Une se voient quelque peu égratignés, les présentateurs, pour leur part, sont particulièrement visés, et notamment Patrick Poivre d’Arvor. Égocentrique, nombriliste, se pensant le grand manitou de « son » 20 heures, l’image du « journaliste parfait » est particulièrement écornée. Si la rédaction du service info de la chaîne semble ne pas avoir apprécié ces révélations, ce n’est pas le cas des lecteurs : en seulement 10 jours, l’œuvre s’est écoulée à près de 14 000 exemplaires, un chiffre qui a bondi à 42 000 exemplaires deux semaines plus tard ! De quoi donner quelques idées...

Ainsi, le 7 février 2008, un nouveau « livre révélation » fait son apparition dans les librairies françaises, dans la bien nommée collection « Coup de Gueule » : Les animatueurs. Michel Malausséna y retrace ses 28 ans de carrière à la télévision, flinguant au passage les quelques animateurs pour lesquels il a officié. Stéphane Collaro, notamment, serait un « admirable branleur », Thierry Ardisson un « hystérique », et Nagui un « despote »... L’ancien producteur règle des comptes qu’il tient depuis le début de sa carrière, avec une certaine violence, parfois étonnante. Et cela plait : en l’espace de deux semaines, près de 12 000 exemplaires sont vendus. Si bien que l’auteur a déjà concocté un second tome, relatant sa période Karl Zéro. De plus, le projet d’un film se murmure. « Mais la condition sine qua non est que je le réalise » précise « l’écrivain » interviewé par Télé 7 Jours.

Il y a fort à parier qu’à cette liste exhaustive viendront, dans les prochains mois, s’ajouter d’autres « mémoires des coulisses ». Car outre les belles performances affichées par Les animatueurs ou Madame, Monsieur Bonsoir, la télévision, écrite, attire. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir, dans les rayonnages, les nombreux ouvrages consacrés au petit écran. A l’heure où les chaînes hertziennes n’ont de cesse de voir leur public déserter, et où les sièges, pourtant bien solides, des animateurs vedettes tanguent quelque peu, la reconnaissance trouverait-elle un nouvel essor où on ne l’attendait pas : entre les mains mêmes des Français...