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Denis Balbir (W9) : « Lyon a une belle opportunité de faire la différence »

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Rédacteur - Expert TV & Séries
Publié le 03/10/2013 à 17:41 Mis à jour le 07/10/2013 à 13:58

Journaliste sportif sur Canal + à ses débuts, en 1990, Denis Balbir a, depuis, officié sur France Télévisions et le groupe M6. Toutes les compétitions ont été soumises à son expertise. Actuellement sur W9, il commente les matchs d’Europa League, la petite sœur de la Ligue des Champions. Interview.

Clément Gauthier : Quels changements constatez-vous depuis vos débuts dans le métier de commentateur sportif ?

Denis Balbir : Au niveau national, le championnat s’est un peu appauvri malgré les récentes remontées, surtout au niveau financier de Paris et Monaco. Il y a moins de joueurs de grand talent. Avant, on côtoyait des joueurs comme Zidane, Henry, Djorkaeff, Deschamps avant qu’ils ne quittent le pays pour l’étranger. De plus, les agents et l’argent prennent des proportions beaucoup plus importantes qu’auparavant.

Ces phénomènes compliquent-ils votre métier ?

La France a un formidable réservoir de jeunes joueurs pétris de talent et justement convoités par de nombreux clubs étrangers. Il y a donc un renouvellement qui fait la richesse du football français grâce à la formation comme à Lyon, Rennes ou Saint-Étienne. Parler d’argent, on ne le fait pas, car on commente des matchs en relatant des faits donc ce n’est pas sans conséquence, mais ça ne tue ni le métier, ni l’envie, ni la passion.

De votre expérience, quel moment footballistique reste le plus marquant ?

Plusieurs matchs à Canal, en Ligue des Champions, ou à l’étranger, des classico entre le Barça et le Real et des derbys en Italie. Chaque tranche de vie professionnelle a ses bons souvenirs.

Parmi toutes les compétitions commentées, nationales ou européennes, laquelle remporte votre faveur ?

Les deux compétitions les plus attirantes à commenter sont les deux coupes d’Europe et les matchs de l’équipe nationale, car il y a une fibre patriotique et des joueurs de tous horizons et de tous clubs qui viennent porter le maillot et se frotter à des équipes relativement huppées. Pour la Ligue des Champions, les meilleures équipes sont aux prises et l’Europa League montre des équipes qui évoluent au plus haut niveau dans leur pays et se sont arrachées pour être dans les premières places ou gagner une coupe nationale. On y retrouve des équipes prestigieuses comme La Fiorentina ou encore Séville.

Comment expliquez-vous la déroute des clubs français en coupe d’Europe ?

Pour Nice, c’est surprenant, car l’équipe avait bien tourné en fin de saison dernière et l’adversaire n’était pas insurmontable. La déception est encore plus forte chez Saint-Étienne, car l’attente est grande au niveau européen pour le public stéphanois et la France entière. Sur un système de matchs aller-retour, il y a des surprises. Les équipes ne sont pas forcément prêtes pour ce genre de confrontation. Il n’y a pas d’explication rationnelle.

« La France a un formidable réservoir de jeunes joueurs pétris de talent »

Pensez-vous que certaines équipes choisissent leur compétition et décident de délaisser l’échéance européenne ?

Je n’espère pas et si elles le font c’est bien dommage, car ça ne sert à rien de se battre dans un championnat. L’ambition se résume à peu de choses, car si on se satisfait d’être huit ou neuvième parce qu’on a pas envie de jouer l’Europa Ligue en étant quatrième ou cinquième, il vaut mieux laisser sa place à des équipes qui veulent la jouer. J’en profite pour souligner le remarquable état d’esprit de Lyon, la saison passée, qui en étant sortie de la Ligue des Champions, a joué l’Europe League au maximum, ce que n’a pas fait Marseille.

Ce phénomène se ressent-il lorsqu’on est commentateur ?

En commentant l’Europa League et en lisant certains propos de techniciens qui rabâchent tout le temps qu’ils vont faire tourner leur effectif parce qu’ils ont besoin de forces vives pour le championnat, on se demande quelle est leur place dans le football. Ou qu’on croise un président de club soulagé d’être éliminé, car ce n’était pas son objectif. Ces propos sont déplacés et je pense que ces gens-là ne font pas le même métier que les autres. Ils sont dans une compétition et ils ne la jouent ni pour la gagner, ni pour arriver dans les premiers. Ce sont, malgré tout, les premiers à dire que ce sont des éducateurs et des compétiteurs. On ne peut pas avoir 36 langages.

Partie 2 > Son avis sur le football féminin et ses pronostics


Ne regrettez-vous pas de ne pas avoir intégré beIN Sport ?

C’était prévu, mais je n’ai aucun regret. Sur M6, on est sur une grande chaîne et un grand média national. On fait vivre les choses pour partager sa passion avec des milliers de personnes, ça compte. Le moteur de l’audience n’est pas négligeable. On est content quand il y a 8 millions de personnes devant Carquefou-Marseille ou 12 millions de personnes devant France-Suède ou encore, quand il y en a 1,6 million devant chaque match européen sur W9. Être dans un grand groupe rend les commentaires peut-être moins pointus, moins tactiques, moins précis dans un domaine, mais en même temps on touche plus de monde, c’est plus populaire et c’est aussi plus agréable.

Quel souvenir gardez-vous de votre collaboration avec Sonia Bompastor pour l’Euro de football féminin ?

Ça s’est très bien passé, c’était une belle compétition même si l’équipe de France n’a pas réussi à aller plus loin, en étant favorite. Les faits de jeu avaient enlevé l’Allemagne de sa route pour qu’elle aille jusqu’en finale. Elles ont raté leur match contre le Danemark, mais c’est le foot. J’en garde un très bon souvenir de Stockholm. Je n’avais fait qu’un match féminin avant ça donc c’était une belle expérience. Le football féminin a énormément changé en qualité technique. On sent que dans la vitesse, dans le rythme, dans la technique, dans l’agressivité, beaucoup de choses ont progressé.

Pensez-vous que le football féminin possède encore une marche de progression en terme d’audience ?

Tout à fait. Les joueuses de l’équipe de France ont bien commencé leur parcours qualificatif à la Coupe du Monde en gagnant contre le Kazakhstan, 4-0 donc c’est une équipe en devenir. On espère qu’elle ira à la Coupe du Monde 2015 à Vancouver et on espère aussi pouvoir diffuser cette épreuve sur W9. Ce sera une belle rencontre avec les supporters du foot féminin qui sont de plus en plus nombreux.

Êtes-vous également pressé d’arriver aux commentaires de l’Euro masculin en France, en 2016 ?

On est toujours pressé quand on a la chance de commenter les belles épreuves. Il ne faut pas trop l’être, car le temps passe vite. On va faire les saisons les unes après les autres en essayant d’être le plus performant possible et de satisfaire au mieux les téléspectateurs de W9.

« Le moteur de l’audience n’est pas négligeable »

Voyez-vous Bordeaux et Lyon aller loin en Europa League ?

Avec ce qui s’est passé au tour préliminaire avec Nice et Saint-Étienne, il vaut mieux redoubler de prudence. Mais dans les groupes qu’occupent Lyon et Bordeaux, il y a deux équipes qualifiées. Si Bordeaux et Lyon ne sortent pas de ces groupes-là, vu l’opposition qui est proposée, ce serait une vraie contre-performance pour le football français tout entier donc je pense qu’en étant un minimum sérieux, ces deux équipes peuvent au moins passer les phases de groupe.

Quel est votre pronostic ?

Macabi Tel-Aviv est leader de son championnat et Bordeaux est plutôt mal, mais c’est une autre compétition où les joueurs veulent bien figurer, car ils sont professionnels et auront à cœur de se racheter par rapport à leur public. Quoiqu’on en dise, les joueurs, une fois sur le terrain, ne peuvent pas appliquer des consignes qui seraient de privilégier un match ou un autre. Les joueurs rentrants sur le terrain veulent gagner donc Bordeaux doit faire le maximum pour prendre les trois points surtout qu’ils ont été battus assez sévèrement sur le premier match. Lyon a une belle opportunité de faire la différence même si elle est minime au niveau du score. Avoir 4 points en deux matchs leur assure quasiment la qualification pour la suite.