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Isabelle Piana (voix de RTL, La gym des neurones) : « Laurent Ruquier a réussi un coup de maître avec Les Grosses Têtes »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 01/12/2019 à 15:07

Speakerine de RTL depuis plus d’un quart de siècle, Isabelle Piana est indissociable des Grosses Têtes, ayant vécu de près la transition entre Philippe Bouvard et Laurent Ruquier. Récemment, elle a lancé une collaboration musicale avec Stefy Gamboni. Pour Toutelatele, Isabelle Piana est revenue également sur son expérience à la télévision se portant sur la météo et le jeu La Gym des neurones, autrefois diffusé sur France 2.

Joshua Daguenet : En démarrant votre carrière médiatique, saviez-vous d’emblée que vous seriez non pas un visage mais une voix ?

Isabelle Piana : J’ai démarré la radio à l’âge de 16 ans. C’est d’abord un loisir avant d’avoir eu un coup de cœur pour ce métier. Je partais le mercredi avec ma petite moto et mes disques pour faire une petite émission sur une radio locale. Cette passion est devenue très forte. Ça n’a pas été facile d’annoncer à mes parents que je voulais faire cela à ma majorité mais ils m’ont laissée faire. J’ai commencé dans les locaux de Radio France à Clermont-Ferrand.

Comment avez-vous appris à prendre soin de votre outil de travail durant toutes ces années ?

Je ne fume pas, je ne bois pas - en tout cas très peu -, mais ça m’arrive de prendre le rhume comme tout le monde, et là c’est terrible, on ne peut plus parler.

Vous êtes néanmoins apparue à l’écran en 2001 et 2002 pour présenter la météo sur France 3. Que retenez-vous de cette expérience télé ?

Cela a été une très belle expérience. J’ai vécu un moment fabuleux à France 3 Paris Île-de-France en présentant cette météo en direct avec aussi une partie enregistrée. Cet exercice a été totalement différent mais très formateur.

Diriez-vous que vous vous êtes servie de la radio pour cette expérience télé et inversement par la suite ?

Non. La radio m’a beaucoup aidée pour faire la télévision mais je n’ai jamais arrêté la radio en parallèle. Ces deux métiers sont très complémentaires et très formateurs.

« Je suis bien sur RTL donc je reste sur RTL »

Vous avez été la voix off du jeu télé La gym des neurones, animé par Bruno Guévenoux. Ce genre de programme trouve-t-il encore grâce à vos yeux ?

Je n’ai pas eu le temps de tout faire avec mon emploi du temps mais j’en tire une expérience très drôle. Nous avons beaucoup ri. Lors de cette saison, je dormais très peu car j’avais deux programmes de télé et une radio en simultané. Nous étions dans le divertissement avec du plateau et des questions. Cet exercice était encore tout autre par rapport à tous les précédents.

Les Grosses Têtes sont dans votre quotidien depuis un quart de siècle. L’émission a été marquée par le passage de témoin entre Philippe Bouvard et Laurent Ruquier en 2014. Quels changements vous ont sauté aux yeux ?

Il n y a pas eu de vrai changement. Laurent a assuré merveilleusement bien cette continuité. Je le connais et je savais qu’il écoutait beaucoup Philippe. Il ne souhaitait pas choquer l’auditoire. Il a donc réussi un coup de maître avec une programmation, des questions et des invités renouvelés judicieusement. C’est un bonheur d’être tous les jours sur cette émission. On peut juste relever une certaine modernité.

Après dix années à Radio France et désormais vingt-six sur RTL, imaginez-vous connaître une autre maison avant la retraite ?

Ah non, je suis bien sur RTL donc je reste sur RTL. C’est ma maison. Dans ce métier, nous ne sommes jamais sûrs de rien, mais je connais bien la maison, les gens. Ce qui pourrait me faire partir serait une autre direction d’antenne.

Dans un autre temps, les speakerines ont été des vedettes à part entière dans la sphère audiovisuelle. Avez-vous imaginé votre carrière un demi-siècle plus tôt ?

Non… Je suis dans le bon siècle et j’ai une chance inouïe. Les mentalités sont différentes et je suis très à l’aise actuellement. Que demander de mieux ?

C’est très rare de n’avoir aucun regret sur son parcours…

J’ai eu une continuité dans ce que j’ai voulu faire et tenté de réaliser à droite, à gauche. Je ne pouvais pas être partout à la fois. Sincèrement, je suis contente et je vis encore des choses nouvelles aujourd’hui en parallèle de la radio…

« J’ai voulu permettre aux gens d’écouter des chansons différentes de celles qui passent en boucle sur les radios »

Vous avez fait la connaissance de Stefy Gamboni en Grèce. De cette rencontre est née une collaboration musicale avec un album de lounge, « Seule la nuit », et notamment la reprise de « Parole, parole » popularisé par le duo Delon / Dalida. Comment s’est concrétisé ce projet musical ?

Tout a commencé quand j’ai entendu une version différente de « Parole, parole » homme, femme en bossa que je ne connaissais pas. J’ai donc téléchargé l’album et je suis tombée sur une compilation italienne sur laquelle figuraient d’autres chansons avec la voix de Stefy. Je me suis exclamée « Quelle voix ! Mais qui est-elle ? ». Je l’ai rencontrée comme ça et je l’ai contactée sur facebook en lui proposant de faire une version inédite de deux femmes toujours en bossa. Elle a demandé l’autorisation à l’arrangeur et au producteur et est revenue avec une réponse positive. C’est la solution que j’ai trouvé pour la faire connaître en France. De mon côté, je ne m’étais pas replongée dans la chanson depuis mon retour à Paris. J’ai rencontré toute l’équipe à Rome et nous avons enregistré le single que j’ai fait découvrir à mon patron à RTL qui a craqué sur le titre. Je ne souhaitais pas rester sur le single et nous avons décidé d’en faire un album.

La pochette représente le dos nu d’une femme blonde dont le visage est noyé dans l’obscurité. N’est-ce pas là un clin d’œil à votre métier de speakerine ?

Ce n’est pas moi (rires) ! La pochette est davantage liée à l’ambiance de l’album, à ce côté « lounge », décontracté dans laquelle on boit tranquillement un verre.

Au-delà de votre culture musicale, « Le parfum » de Patrick Süskind et « Shining » de Stanley Kubrick figurent parmi vos œuvres littéraire et cinématographique préférées. Elles ont le point commun d’évoquer la folie d’un homme. Par quoi êtes-vous attirée chez ces personnages ?

Je suis davantage concentrée sur les œuvres en elles-mêmes, l’histoire de toute cette folie, l’ambiance générale et non sur les personnages.

Une ambiance que vous vous êtes efforcée de créer dans votre album…

À partir de 45 ans, le public a envie d’écouter autre chose. J’ai voulu permettre aux gens de se détendre et de les faire écouter autre chose que les mêmes chansons qui passent en boucle sur les radios. J’ai donc créé quelque chose de décalé, de glamour en me disant que les radios en voudront ou pas car ces titres ne sont pas évidents à passer. Ils sont élégants, raffinés mais pas commerciaux.