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INTERVIEW Nagui : « Je me dois de ne pas décevoir ceux qui attendent le retour d’Intervilles »

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Rédacteur - Expert TV & Jeux
Publié le 03/07/2025 à 19:29

Intervilles fait son grand retour sur France 2 le jeudi 3 juillet 2025 en prime time. Nagui, animateur et producteur de cette nouvelle version, a pour objectif de ne pas décevoir les fans de l’émission. Toutelatele est parti à sa rencontre.

Valentin Delepaul : Avant de relancer Intervilles , avez-vous replongé dans les archives de l’émission ?

Nagui : Pratiquement toutes ! Des heures et des heures d’archives, couvrant toutes les époques du jeu. On avait des bibles, des fondamentaux, tout a été décortiqué. Ensuite, on s’est demandé comment faire entrer Intervilles en 2025. J’avais trouvé qu’il y avait parfois trop de temps morts, trop de dialogues entre animateurs, souvent surjoués, et une mauvaise foi un peu forcée. J’ai donc préféré prendre de vrais mauvais joueurs, comme ça, pas besoin de surjouer ! Et j’ai demandé à Magali Ripoll de veiller à l’ambiance : plutôt que de meubler par du bla-bla, on met de la musique, on tape des mains, on danse... de petites respirations de 10-15 secondes qui rythment l’émission.

Vous êtes-vous davantage inspiré de l’époque France Télévisions ou de la version TF1 ?

Pour moi, il n’y avait pas de grandes différences. Mais dans cette nouvelle version, on a supprimé le quiz avec le maire et l’animateur. Honnêtement, je ne voyais pas l’intérêt de poser des questions de culture générale à un élu. Ce n’est pas ce qu’attendent les téléspectateurs d’Intervilles. Les vrais fondamentaux, ce sont : le savon noir, les tartes à la crème, la tournette, les déguisements, les chutes, les plongeons et le mur des champions.

Quel est votre objectif premier avec le relancement d’Intervilles ?

Mon souhait, c’est de réveiller l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Les jours de doute, je me demande ce que l’enfant de 10, 12 ou 14 ans que j’étais aurait pensé de mon parcours. Et immédiatement, ça me rebooste. On n’a pas le droit de trahir l’enfant qu’on a été. S’il rêvait de faire de la télé, alors « debout mon gars ». On ne peut pas se dire : « J’ai assez prouvé, aujourd’hui je n’y vais pas. » Ça n’existe pas.

Avez-vous accepté de refaire Intervilles sans hésitation ?

Ne pas faire Intervilles, quand vous avez le format et qu’une chaîne vous le propose, c’est impossible. Nombre d’animateurs ou de producteurs rêveraient d’être à ma place. Je me dois de ne pas décevoir ceux qui attendent Intervilles. On reste tous des gamins de 14 ans avec un peu plus d’expérience. On joue aux adultes, mais au fond, on est toujours des mômes.

« Ne pas faire Intervilles, quand vous avez le format et qu’une chaîne vous le propose, c’est impossible »

Lors de l’annonce du retour de l’émission en 2020, l’émission avait subi de nombreuses critiques. Avez-vous envisagé de renoncer à ce retour d’ Intervilles  ?

Pendant le Covid, je me suis beaucoup interrogé, comme tout le monde, sur « le monde d’après ». Puis sont arrivés les Jeux Olympiques de Paris 2024, avec des budgets énormes ponctionnés aux mairies partenaires. J’ai halluciné en voyant les sommes dépensées pour accueillir la flamme olympique : plusieurs centaines de milliers d’euros. Quand des maires me disaient : « Avec la hausse des prix, j’ai coupé le chauffage des cantines. Est-ce que je vais mettre de l’argent sur Intervilles ? », que voulez-vous répondre ? Évidemment, ça fend le cœur. Mais avec le temps, les mairies ont réussi à se réorganiser après le Covid, les aides d’État, les JO et quelques étapes du Tour de France. On a finalement retenu six villes. Certaines municipalités ont très élégamment accepté de reporter leur participation, en espérant qu’il y aura une suite.

Si le succès est au rendez-vous, envisagez-vous une version hivernale façon Interneige  ?

Non, sincèrement, ce n’est pas ma priorité. Mon objectif est d’installer d’abord durablement l’émission. On verra pour une deuxième, puis une troisième saison avant de rêver à autre chose. Pour l’instant, le vrai défi, c’est de ne pas décevoir. Il faut accrocher les téléspectateurs du début à la fin. Et en direct, tout peut arriver : des bugs techniques, des lumières qui lâchent, la pluie, une épreuve qui rate… C’est fou tout ce qu’il peut arriver.

« Mon objectif est d’installer d’abord durablement l’émission »

Comment comptez-vous meubler l’antenne en cas d’incident ou d’accident en direct, comme cela a pu arriver à l’époque sur TF1, sachant qu’il n’y a pas de coupure publicitaire sur France 2 ?

À part soigner la personne, rien de spécial ! Ce sera comme un temps mort au football : on s’arrête le temps que les secours interviennent. Et ensuite, le show continue.