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Patrick Bruel (Téléthon 2013) : « On doit faire mieux que l’année dernière »

Marion Olité
Publié le 06/12/2013 à 13:21 Mis à jour le 10/12/2013 à 16:07

Chanteur, acteur et champion de poker, Patrick Bruel fait partie des personnalités françaises incontournables depuis plus de trente ans. Particulièrement investi dans les œuvres caritatives, il participe à chaque fois au Téléthon. Cette année, il a accepté d’être le parrain de la 27e édition. Pour Toutelatele, Patrick Bruel revient sur son implication dans la manifestation, qui débute ce vendredi 6 décembre sur France Télévisions.

Marion Olité : Comment êtes-vous devenu le parrain de cette édition 2013 du Téléthon ?

Patrick Bruel : Ils me le demandaient depuis pas mal de temps. Je pense avoir participé pratiquement à toutes les éditions, en venant chanter ou faire autre chose. J’ai été deux fois du parrain du Télévie en Belgique, donc j’ai toujours eu envie de faire le Téléthon, mais à chaque fois, j’avais un problème de date. L’année dernière, pendant l’émission, j’ai annoncé en direct que ce serait moi le parrain ! Ils ont cru à une blague sur le coup, et puis on a bloqué ce 6 et 7 décembre. Je suis très honoré, flatté et fier de faire partie de cette magnifique aventure.

Le fait d’être père a-t-il changé votre vision du Téléthon ?

Oui, on mesure encore plus la chance qu’on a quand on est père de famille. J’ai échangé avec mes enfants sur mon engagement au Téléthon. Mais ils savaient déjà que certains enfants ont beaucoup moins de chance qu’eux.

On vous sent particulièrement investi dans votre mission de parrain...

Autant que les autres. Tous les anciens parrains que j’ai pu croiser étaient très impliqués. Je ne pense pas que ce soit possible de vivre ça autrement. Chacun fait de son mieux, avec ses armes, avec la manière qu’il a de se blinder par rapport à ça. Ce n’est pas toujours facile.

Avez-vous déjà craqué dans une émission comparable au Téléthon ?

Oui, j’en ai fait l’expérience récemment au Make a wish, auquel j’ai participé à l’initiative de Maurane. Je n’ai pas su garder le contrôle. J’ai craqué face à un enfant. Ce n’est pas facile. Franck Dubosc avait eu beaucoup de mal aussi l’année dernière au Téléthon. On a tous, à un moment donné, des difficultés à rester stoïque. C’est pour ça qu’il faut mettre l’humour en avant. La gravité est là de toute façon. Comme disait René Simon, un grand professeur d’art dramatique : « Quand un texte est triste, ce n’est pas la peine de le dire triste ». Ça s’appelle « sucrer le sucre ». Même s’il y a évidemment des moments très graves, un peu de légèreté, de distance et d’humour ne feront pas de mal. L’humour est la politesse du désespoir.

« Même s’il y a évidemment des moments très graves, un peu de légèreté, de distance et d’humour ne feront pas de mal »

Vous êtes un habitué du Téléthon. Avez-vous en tête un souvenir marquant ?

Les rencontres avec les enfants sont vraiment marquantes. Je ne veux pas en citer en particulier, mais les découvrir d’abord en dehors de l’émission, puis les retrouver sur le plateau, ce sont de bons souvenirs. J’ai gardé contact avec certains enfants malades depuis le début de ma carrière. J’ai pris l’habitude de les recevoir systématiquement avant et après mes concerts. Ils sont amenés par des associations diverses, qui font de très belles choses pour eux. Certains ont heureusement guéri. Je me souviens à Marseille qu’une personne m’avait présenté un enfant malade, et j’avais l’impression de la connaître. Elle me dit : « Oui, on se connait. », et elle me sort une photo d’elle et moi datant de 10 ans, quand elle était enfant et qu’elle souffrait d’une maladie. Il m’est arrivé la même chose deux soirs de suite, à Marseille et Montpellier. C’était de jolis moments.

Qu’avez-vous appris à leur contact ?

Ces rencontres m’ont appris beaucoup : leur relation à la maladie, et à leur entourage. Les enfants remontent le moral des troupes, c’est toujours le cas. Ils sont en eux une force et une acuité vraiment étonnantes.

Partie 2 > Un record pour le Téléthon 2013 ?


Vous avez visité le Généthon (centre de recherche sur les thérapies géniques financé par le Téléthon, ndlr). Qu’avez-vous tiré de cette expérience ?

Ce que j’ai vécu au Généthon ne peut pas laisser indifférent. J’ai rencontré les médecins et les chercheurs. On m’a expliqué comment cet argent était utilisé. On m’a montré les progrès. Je veux transmettre tout ça. Des gens extraordinaires se sont mis au service de cette cause. J’ai été très impressionné par les démonstrations des machines, des banques d’ADN et les cellules souches. Les docteurs peuvent travailler dessus maintenant, ce qui représente pour eux une révolution considérable. Ils restent dans l’ombre, ils ont des salaires bas et sont en totale abnégation. Ils ont besoin de 120 millions par an pour que la machine tourne normalement. On est souvent au niveau des 90 millions avec le Téléthon.

Pensez-vous au record du Téléthon ?

Bien sûr, on doit battre le record ! Peut-être pas le record absolu du Téléthon, qui sera dur à dépasser, car il est arrivé avant la crise. L’objectif est en tout cas de faire mieux que l’année dernière, et peut-être celle d’avant. En tout cas, aller le plus loin possible.

Quelles seront vos armes pour tenter de faire tomber le record du Téléthon ?

Je vais essayer d’avoir un discours qui n’est pas convenu. Mais je ne veux pas me voiler la face. Je vais dire les choses telles qu’elles sont. Et je pense aussi aller chercher les gens un peu moins « globalement ». Tout le monde dans notre société n’a pas le même regard sur les choses, ni les mêmes moyens. On a toujours été frappé de voir que les plus démunis sont les plus généreux. Mais il y a aussi ce sentiment de culpabilité, quand on a très peu d’argent, de se dire : « Je n’ai pas assez pour donner, donc je ne préfère rien donner plutôt que de donner peu ». Ceux-là, on va leur parler, pour leur dire que les petites gouttes font les océans. Je ne veux culpabiliser personne, mais dire peut-être à ceux qui ont plus de moyens et qui n’y pensent pas forcément de venir... On se sent bien après avoir participé à une œuvre collective aussi forte, avec un discours aussi imparable.

« On a toujours été frappé de voir que ce sont les plus démunis qui sont les plus généreux »

Côté mobilisation et divertissements, à quoi doit-on s’attendre pour cette nouvelle édition ?

Je pense qu’on aura un très beau plateau d’artistes. Ce n’est jamais très difficile de réunir des artistes pour le Téléthon. Il y aura très probablement mes deux copains, Cali et Benabar, avec lesquels on a enregistré la chanson du Téléthon (« L’arc-en-ciel », disponible sur iTunes depuis le 6 décembre). Cette année, on a envie de la mettre sous le signe du +. On a envie de battre le record, de rire plus, de chanter plus. Et puis, il y aura beaucoup de séquences, beaucoup d’animations, et un travail extraordinaire fourni par les 5 millions de personnes sur le terrain. On ne les compte pas quand on parle des audiences ! C’est assez impressionnant d’assister à ce bel élan collectif...

Ferez-vous un clin d’œil à Miss France, programme diffusé chaque année au même moment sur TF1 ?

Oui, sûrement, je ne sais pas quelle forme cela prendra. Les gens pensent que le programme vient se mettre en face systématiquement, mais ils donnent leur date très vite. Ce n’est pas un mal qu’il y ait un gros programme comme Miss France. Ça veut dire qu’il y a beaucoup de gens devant leur télévision, et à un moment donné, ils peuvent basculer d’une chaîne à l’autre. Miss France fait en plus systématiquement un clin d’œil à Téléthon, et la gagnante redonne le numéro à appeler, 36 37.