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Planète Rap : quand France 4 veut faire son « anti-Cauet »

Tony Cotte
Publié le 08/02/2006 à 00:57 Mis à jour le 08/02/2006 à 11:34

Depuis le 18 janvier dernier, Planète Rap, une des émissions vedettes de la radio Skyrock, est proposée en déclinaison télévisée sur France 4. Ainsi, la chaîne du service public la diffuse un mercredi sur deux, dès 21h55, en alternance avec Voix sur berges. De la bande FM au petit écran, le contenu reste identique : interviews d’artistes, freestyles et insertions dans les coulisses.

Mais si ce rendez-vous bimensuel fait autant parler de lui actuellement c’est parce que France 4 est devenue la première chaîne, dite « hertzienne », à diffuser une émission consacrée au rap et ses dérivés ces dix dernières années. En effet, depuis l’arrêt de Rapline en 1992 sur M6, plus aucun diffuseur grand public n’a voulu médiatiser de façon assidue le genre. Bien que la programmation a l’ambition d’être « avant gardiste », il n’en demeure pas moins que les invités de Fred Musa sont plus ou moins liés à l’actualité musicale. Voilà comment l’animateur (et co-producteur) du programme réussie à convier la Fonky Family, puis, pour son deuxième numéro ce soir, M Pokora. Une stratégie quelque peu déstabilisante qui ne semble pas gêner pour autant l’auditeur puisque sur les ondes Planète Rap est en tête des audiences chaque jour de la semaine entre 20 heures et 21 heures. En sera-t-il de même pour le téléspectateur ?

 PAROLES D’ANIMATEUR/PRODUCTEUR

Tony Cotte : Adapter une émission radiophonique pour la télévision c’est un exercice difficile ?

Fred Musa : Ce n’est pas simple. Planète Rap est avant tout là pour faire découvrir des artistes. Ce n’est pas un show comme le fait Cauet. Il sait bien faire de l’entertainment mais on ne joue pas dans la même catégorie. Ses chiffres d’audience radio sont à la baisse depuis qu’il a la captation télé. Il fait plus de visuel que du radiophonique. Je n’espère pas perdre du public avec cette déclinaison mais c’est là le vrai challenge.

Tony Cotte : Vous ne vous sentez pas perdus en cohabitant à l’antenne avec des émissions comme Taratata ou Théâtre en direct ?

Fred Musa : C’est une très bonne chose. Je ne vois pas l’intérêt de s’enfermer dans un ghetto. Le service public a envie de représenter une musique absente sur le réseau hertzien. C’est un genre qui est suffisamment populaire. Pour la première sur France 4, nous avons reçu la Fonky Family. Ils se sont classés numéro un des ventes lors de la première semaine d’exploitation de leur album. Pourtant, on ne les voit jamais à la télévision. C’est un très bon baptême pour nous.

Tony Cotte : Certains de vos invités tiennent des propos homophobes et ont un langage cru vis-à-vis du gouvernement ou de sujets d’actualité. Ces artistes méritent-ils d’être d’avantage médiatisés ?

Fred Musa : Je ne vois aucun texte à caractère homophobe parmi mes invités. Après est-ce qu’en France on a le droit de critiquer ou non le gouvernement ? Il faut arrêter de penser que ces gens là sont des idiots. Je ne cautionne pas certains titres mais Skyrock a une véritable responsabilité vis-à-vis de ça. Si des propos sont trop tendancieux, on n’hésite pas à les biper.

Tony Cotte : Est-ce que France 4 va contrôler les images en cas de dérapage ?

Fred Musa : Ils nous laissent libres. Si dans les freestyles ça va trop loin, je ne le reprendrai pas dans la déclinaison télé. France 4 nous a demandé d’être tout simplement responsables. Pour l’instant, il n’y a aucun problème. Yves Bigot (Directeur des programmes de France 4, ndlr) est un enfant du rock. Je pense qu’il comprend l’énergie qu’il y a aujourd’hui à travers le rap et r&b. Il nous a été d’une aide précieuse.

Tony Cotte : Quand on reçoit la Fonky Family puis M Pokora, ce n’est déstabilisant pour le public ?

Fred Musa : C’est de l’ouverture d’esprit. Je ne cherche pas la crédibilité. L’émission existe depuis dix ans sur Skyrock. Nous sommes en tête toutes radios confondues entre 20 heures et 21 heures. Un média comme le notre n’aura jamais de crédibilité pour les puristes du rap. Mais je m’en fous de toucher cette cible. Je veux que ce genre devienne populaire. M Pokora a su s’entourer de producteurs notoires. Je ne vois pas pourquoi je ne le recevrais pas sous prétexte qu’il a été lancé par la télé réalité !