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Romuald Graveleau (Cauchemar en cuisine, producteur) : « Allan a fait une véritable révélation à Philippe Etchebest »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 10/12/2018 à 18:47

Ce lundi 10 décembre, M6 propose le 50e numéro de Cauchemar en cuisine, produit par Studio 89 et Romuald Graveleau. Le directeur des programmes de la société de production du groupe s’est entretenu avec Toutelatele pour tirer un bilan de l’émission proposée depuis 2011 et assurer du caractère exceptionnel de la nouvelle mission de Philippe Etchebest, tournée à Écuisses.

Joshua Daguenet : 7 ans et demi de présence et déjà 50 numéros. Quels sont les ingrédients qui mettent encore en appétit les téléspectateurs ?

La personnalité de Philippe Etchebest et son investissement font que la recette du succès est encore là. Les téléspectateurs aiment la façon qu’il s’approprie la problématique à chaque épisode. La sincérité du chef prédomine dans ce que les gens apprécient.

Au-delà de la situation du restaurant, les histoires familiales sont toujours partie prenante du programme. Pourquoi ?

Derrière les difficultés professionnelles des restaurateurs, il y a souvent des histoires personnelles, des problématiques familiales ou autres qui expliquent partiellement ou totalement la situation de l’établissement. La production est la première surprise de certaines situations. Dans le 50e épisode, Allan a fait une vraie révélation à Philippe durant le service et il n’en avait jamais parlé à personne.

Comment s’organise l’émission pour la venue des clients lors des deux services supervisés par le chef ?

Nous avons mis en place une méthode se déclinant par journée. Lors de la première, le chef arrive seul au restaurant et sans prévenir. Il observe, s’installe comme un client et fait un tour en cuisine. Il se fait une première idée sur les problématiques. Quand il revient, il met les restaurateurs face à un service complet et la production demande aux personnes autour de déguster. Elle prend en charge le repas – à l’exception des boissons -. Lors du dernier jour, on demande aux clients de revenir mais ce ne sont pas toujours les mêmes.

« La sincérité et la personnalité de Philippe Etchebest prédominent dans le succès de l’émission »

À quel moment les clients sont-ils choisis ?

Quelques jours avant le tournage, nous demandons à la mairie ou aux commerçants si des personnes sont intéressées et nous confirmons ensuite car nous ne savons pas si nous allons rester. L’équipe sélectionne alors 30 ou 40 personnes selon la taille du restaurant.

Lors de l’arrivée de Philippe Etchebest, les restaurateurs sont surpris de la venue du chef mais les caméras sont déjà présentes…

Je ne peux pas vous dévoiler comment nous agissons mais nous avons une astuce pour que les restaurateurs ne sachent pas si l’on vient chez eux ou pas.

Quelle est l’ampleur de la veille pré-tournage, effectuée par Philippe Etchebest sur chaque établissement ?

Il demande à avoir un brief très succinct car il préfère se faire sa propre opinion sur place et qui est souvent la bonne. Il peut, en effet, y avoir un vrai décalage entre ce que lui rapporte l’expert Rivalis, les équipes de production et ses propres découvertes car les gens ne vont pas forcément dire la même chose à un conseiller en pilotage d’entreprise, qu’à Philippe Etchebest.

Philippe Etchebest est parfois ciblé pour son côté acteur. En rajoute-t-il dans certaines situations ?

La clé du succès est qu’il est dans le programme comme il est dans la vie avec ses qualités, ses défauts et son caractère. S’il jouait un rôle, l’émission ne fonctionnerait pas.

Les critiques de Monica, ancienne participante, sur le plateau de TPMP, ont été virulentes contre le programme. Le risque d’échec est-il vraiment assimilé par les restaurateurs ?

Nous travaillons avec Rivalis, une société d’experts, et celle-ci les accompagne pendant six mois après le tournage. Le chef, à chaque fin de semaine, fait un très gros debrief avec les restaurateurs pour leur indiquer que rien n’est gagné et même s’ils sont suivis par des professionnels venus les aider, ils restent les moteurs de leur restaurant. Nous les sensibilisons aussi sur les retombées de la diffusion et que ce travail se fait sur du long terme.

Comment sont sélectionnés les établissements et ceux-ci sont-ils prévenus du retour de Philippe Etchebest ?

Comme pour le premier passage du chef, les restaurants ne savent pas qu’il va revenir. Nous prétextons d’autres raisons car nous sommes régulièrement en contact avec eux. Mais nous ne faisons pas de sélection en fonction de la situation actuelle du restaurant. Dernièrement, dans un programme pas encore diffusé, nous sommes arrivés face à un établissement qui avait fermé ses portes et tourné dans un autre en vente car le couple s’est séparé.

La mécanique de l’émission est lancinante avec une phase catastrophe et une phase reconstruction. Va-t-elle évoluer pour les prochains numéros ?

Avant d’être une mécanique, il s’agit de la méthode de travail du chef et elle pourra évoluer s’il décide de l’aménager. Rien n’est figé dans le marbre et seul Philippe Etchebest décidera de changer s’il en a envie et nous le suivrons dans cette évolution. Mais pour l’instant, cette méthode continue de faire ses preuves.

« Philippe Etchebest a beaucoup douté dans ce 50e numéro »

Quels numéros restent dans votre mémoire ?

Chaque épisode est tellement particulier que les rencontres humaines restent et ils nous ont tous touchés. Le 50e numéro à Écuisses a marqué les équipes car on ne s’attendait pas à une situation aussi compliquée et une histoire familiale aussi lourde.

Philippe Etchebest s’est dit profondément ému pour sa 50e mission à Écuisses. À quoi faut-il s’attendre ?

Cet épisode présente un couple de restaurateurs très touchants et Philippe Etchebest a beaucoup douté de leurs capacités et s’est demandé ce qu’ils faisaient là car le restaurant était dans une situation vraiment catastrophique. Il a ensuite réalisé que ce couple avait beaucoup de valeurs, d’envie et a enchaîné les malheurs avec une vie difficile. Le chef est arrivé au bon moment, et les enfants, bien éduqués, ont participé à l’émotion de ce rendez-vous. C’est une belle famille.

La version britannique de Cauchemar en cuisine a tenu dix ans avec Ramsay Gordon. Est-ce un objectif de dépasser ce seuil ?

Ni le chef ni la production ne sommes en compétition avec qui que ce soit. Le challenge concerne nous-mêmes et pas les autres. Nous faisons en sorte que l’émission continue le plus longtemps pour aider un maximum de restaurateurs.

De nombreux programmes de Studio 89 sont actuellement à l’antenne sur les différentes chaînes du groupe M6 (Cauchemar en cuisine, Objectif Top Chef, Les princes et les princesses, Un dîner presque parfait…). Quel bilan en tirez-vous ?

Studio 89 a beaucoup de programmes dans son escarcelle donc nous sommes contents de fournir les chaînes du groupe avec des programmes qu’on espère de qualité, qui trouvent leur public et perdurent dans les années. Je suis très fier, l’année prochaine, de voir arriver la dixième saison de Top Chef et tant que Philippe Etchebest me supporte, je souhaite continuer à travailler avec lui !