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Twilight, True Blood, Vampire Diaries : Pourquoi en sont-elles toutes accros ?

Tony Cotte
Publié le 28/12/2009 à 13:02 Mis à jour le 10/01/2010 à 21:27

Loin, très loin de l’inquiétant Bela Lugosi ou de la légende vivante Christopher Lee, les nouveaux héros aux dents longues envahissent les médias. Portés par le succès commercial international de Twilight, les vampires contemporains, devenus pour la plupart citoyens, ont le vent en poupe. Si les consommateurs d’hémoglobine ont, en réalité, toujours existé dans notre culture de manière récurrente, leur nouveau public, plus jeune et féminin, les ont propulsés au rang de sex-symbol.

Une adolescente lambda de 16 ans, un vampire lycéen à la « beauté inquiétante » et une retenue des pulsions sexuelles, tels sont les ingrédients de Fascination, premier tome de la saga littéraire de Stephenie Meyer dont les ventes sont évaluées à plus de 42 millions d’exemplaires à travers le globe. Simple titre de « chick lit » (littérature pour « nana ») pour les uns, propagande conservatrice de son auteure ouvertement mormone pour les autres, l’œuvre n’a pas laissé les critiques indifférentes, ni même les studios hollywoodiens. En novembre 2008, sortait ainsi la version cinématographique du premier livre. Dès son lancement, le long-métrage de Catherine Hardwicke culmine à près de 70 millions de dollars de recettes sur le seul sol américain en un week-end d’exploitation. Selon Summit Entertainment, le producteur, 75% du public de Twilight est féminin et 55% des spectateurs sont âgés de moins de 25 ans. Avec un tel cœur de cible, il va sans dire que l’acteur britannique Robert Pattinson, jusqu’ici connu pour être un second rôle dans deux films de la saga Harry Potter, devient en un temps record une star internationale.

Au-delà des désirs contenus, particulièrement parlant pour les adolescentes à l’heure où la sexualité est présentée comme un danger, le succès pour les buveurs de sang est expliqué par Anne Rice, auteure de la collection Chroniques des vampires à laquelle appartient le best-seller Entretien avec un vampire, de la manière suivante dans les colonnes du Wall Street Journal : «  Twilight reflète, selon moi, le désir profond des jeunes femmes de pouvoir compter sur le mystère, la protection et la sagesse des hommes plus âgés. De nombreuses filles grandissent plus vite que les garçons. Elles sont ainsi frustrées quand elles approchent ceux de leur âge. D’où la fantaisie d’un vampire sage et protecteur... » En revanche, pour Esquire Magazine, l’attrait de la gent féminine pour les descendants de Dracula s’explique par l’attirance naturelle des filles pour les garçons homosexuels : « Les gays ne veulent pas être avec une femme de la même manière que les vampires ne peuvent entretenir cette même relation. » En somme, les filles souhaitent réellement ce qu’elles ne peuvent pas avoir.


Sur cette dernière théorie, l’actrice Rutina Wesley, interprète de Tara Thornton dans True Blood, rajoute au cours d’une interview accordée à Toutelatele.com : « Je pense que tout ça est lié à l’imagination et le fait de fantasmer sur quelque chose que l’on ne peut pas avoir. C’est d’ailleurs, selon moi, une des raisons du succès de True Blood : les téléspectateurs rêveraient de pouvoir faire partie de la série, de traverser l’écran et entrer dans ce monde. » Alexander Skarsgård, sous les traits d’ Eric Northman, un vampire sanguinaire dans cette même fiction, explique, pour sa part, l’attirance du public pour son personnage : « Eric est capable de tuer en une seconde ! C’est exactement ce qu’il faut pour un super drama : être séduit par quelqu’un qui peut vous faire disparaître aussitôt. Et la peur, ça a quelque chose de particulièrement attirant... »

Considéré, à juste titre, comme une version adulte, voire trash, de Twilight, True Blood place ses vampires dans l’environnement moite de la Louisiane. Adaptation de la saga littéraire La communauté du sud de Charlaine Harris, la série met en scène Sookie Stackhouse, serveuse télépathe, et sa relation avec Bill, un mystérieux et ténébreux vampire. Ici, toutes les pulsions sont assouvies, qu’elles soient d’ordre sexuelles ou criminelles, et les téléspectateurs n’en perdent pas une goutte. Après une première saison suivie par environ 2 millions de fidèles en moyenne sur la chaîne câblée américaine HBO, True Blood a bénéficié du plébiscite de Twilight pour la sortie de ses premiers épisodes en DVD. En vente au mois de mai dernier au pays de l’oncle Sam, le coffret s’est écoulé, à ce jour, à plus de 1.6 million d’exemplaires, pour 57 millions de dollars de recettes, soit la meilleure vente pour une série télévisée en 2009. De ce fait, la seconde saison, proposée cet été, a pu compter sur le double de téléspectateurs.

Il va sans dire que la vampiremania a donné des idées à de nombreux producteurs. Début 2009. Le network américain CW passe ainsi commande d’un pilote de l’adaptation télévisuelle de la saga littéraire Vampire Diaries auprès de Kevin Williamson, papa de Dawson. Le roman de l’auteure L.J Smith, décliné en plusieurs tomes, est en réalité sorti dans les librairies en 1991, avant même l’effervescence autour de Buffy contre les vampires et 14 ans avant la fameuse collection de Stephenie Meyer. La trame ? Elena, une lycéenne, a perdu récemment ses parents et vit désormais avec sa tante et son frère cadet. L’héroïne traverse ainsi les affres de l’adolescence en tenant à jour son journal intime. Les pages de ce dernier s’épaississent à mesure que la jeune fille est intriguée par Stefan Salvatore, nouvel étudiant et accessoirement vampire âgé de 17 ans... depuis 1864 ! Celui-ci doit cependant veiller sur son frère diabolique, Damon, venu s’installer dans la petite ville de Mystic Falls, pétri de mauvaises intentions. Co-produite par Warner Bros Television et Alloy Entertainment (Gossip Girl) et co-scénarisée par Kevin Williamson et Julie Plec (Kyle XY), la fiction télévisée fait le bonheur de son diffuseur en enregistrant ses meilleures audiences avec près de 4 millions de téléspectateurs en moyenne.

Un vif intérêt qui ne fait que confirmer le succès pour les descendants de Dracula, plus proches des gentils héros que des monstres assoiffés de sang qu’incarnaient leurs ancêtres. Mode gothique, histoire d’amour impossible et discrétion de mise, le néovampire peut compter sur une nouvelle esthétique en adéquation avec les tourments de la jeunesse d’aujourd’hui.