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Franck Ferrand (L’ombre d’un doute) : « Nous ouvrons des portes et invitons les gens à entrer »

Yoann Jenan
Publié le 06/10/2014 à 13:15 Mis à jour le 14/10/2014 à 10:40

Le 6 octobre prochain, L’ombre d’un doute reviendra pour sa quatrième année avec un premier numéro consacré à la chute de Napoléon. En prime time, France 3 programmera au total neuf émissions le premier lundi de chaque mois. Une nouvelle saison qui marque un retour aux origines du programme, bien plus en adéquation avec son présentateur Franck Ferrand. Toutelatele a rencontré ce passionné d’Histoire pour en apprendre davantage sur le programme.

Yoann Jenan : Quelle a été votre motivation de départ pour faire L’ombre d’un doute ?

Franck Ferrand : Je fais partie de la génération qui a été marquée par Alain Decaux et André Castelot en matière de télévision ou de radio avec La Tribune de l’Histoire. Ces deux hommes étaient de grands conteurs. Ils savaient non seulement passionner le public avec des éléments historiques très sûrs, mais aussi par leur façon de raconter. C’est mon école ! J’essaie justement de le faire à la radio depuis douze ans et à la télévision, qui est un médium beaucoup plus complexe tout en étant plus gratifiant. Cela se fabrique moins facilement, mais le résultat est beaucoup plus fort.

Vous vous étiez un peu plus éloigné de l’esprit de départ de L’ombre d’un doute l’année dernière, pour intéresser le plus grand nombre. Êtes-vous plus fier du résultat cette année ?

Je ne pense pas que nous ayons à rougir de l’émission de l’année dernière que les gens ont très bien accueillie. Par exemple, les émissions sur Bordeaux ou Florence étaient vraiment bien réussies. Mais elles me ressemblaient moins, contrairement à cette année où elles sont beaucoup plus proches de ce que je voulais faire depuis le début, en deuxième partie de soirée. Tout en la rendant plus accessible puisqu’elle sera diffusée en prime. La question est de savoir si cela plaira aux téléspectateurs. Peut-être que certains aimeront moins parce qu’ils préfèrent aller se promener dans Florence plutôt que de connaître la vérité sur la mort de Louis XVII. Quoi qu’il en soit, je préfère le second sujet.

« Quand les gens ont passé deux heures à regarder L’ombre d’un doute, il est normal qu’on ait la correction de leur apprendre quelque chose »

L’émission a-t-elle comme but principal de vulgariser l’histoire pour intéresser le plus grand nombre ?

Nous avons trois objectifs. D’abord, il faut que les gens passent un bon moment. Ce qui suppose une narration très efficace, avec beaucoup de surprises et de coups de théâtre... Ensuite, je tiens à ce que l’on réponde à une question. Quand les gens ont passé deux heures à regarder L’ombre d’un doute, il est normal qu’on ait la correction de leur apprendre quelque chose. De façon à ce que l’expression « se coucher moins bête » prenne tout son sens. Enfin, j’espère intéresser les gens à l’Histoire en général, à la culture, et les amener vers des domaines qui leur paraîtraient a priori éloignés ou difficiles. Nous offrons alors des portes d’entrée. Face au beau jardin qu’est l’Histoire de France ou du monde, beaucoup s’y sentent exclus. Dans la muraille de ce jardin, nous ouvrons des portes et invitons les gens à entrer pour se promener. C’est notre mission, et sans doute celle du service public.

Qui décide des sujets ?

À la différence de la radio, où je suis le seul maître à bord, ce choix est un travail collectif. Il faut avant tout convaincre les producteurs, puis la chaîne. Et quand tout le monde est d’accord, il s’agit de s’entendre avec le rédacteur en chef et les réalisateurs pour le mener à bien.

Neuf émissions sont commandées pour cette saison. Avez-vous déjà décidé de tous les sujets ?

L’ombre d’un doute est en mensuel, tous les premiers lundis de chaque mois, créant ainsi une régularité que l’on n’avait pas. Nous parlerons de rois comme Louis XV ou François Ier, et évoquerons l’affaire Dreyfus. Tous nos sujets seront énigmatiques, à l’exception du troisième numéro de l’année. Cet épisode, presque hors série, se concentrera sur les artistes pendant l’Occupation, et nous essaierons davantage de comprendre une situation que de résoudre une énigme.